À vous la parole
La Liberté – Décembre 2015

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L’hommage à Justin Johnson, Duff Roblin Scholar

Madame la rédactrice,

Il est rare d’écrire une lettre au sujet d’une présidence d’organisme lorsqu’on fait nous-mêmes partie de cet organisme ! Mais cette lettre à la rédaction ne saurait être ordinaire, puisque la personne dont nous souhaitons parler continue à faire exception.

La communauté francophone connaît surtout Justin Johnson par l’entremise de son engagement envers le Conseil jeunesse provincial. En effet, il siège au c. a. du CJP depuis l’âge de 16 ans. Il terminera son mandat de président en septembre 2016, à l’âge de 25 ans. En tout, Justin aura déjà consacré presque la moitié de sa vie à servir bénévolement sa communauté. Nous avons eu la chance de voir Justin grandir. Mais, à vrai dire, il a toujours présenté maturité et sagesse!

Au cours de la dernière année, Justin a également rempli un mandat de vice-présidence à la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF). Pendant ce mandat, il a agi à titre de président par intérim durant trois mois. Et tout au long de cette période, particulièrement lorsqu’il assumait la présidence de la FJCF, il s’est montré un réel ambassadeur du Manitoba français et des Métis sur les plans national et même international.

Portant dignement sa chemise métisse lors des rencontres officielles, il a toujours affirmé son identité. Car fier Métis de la Rivière-Rouge, membre de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba et de la Manitoba Metis Federation, Justin se dévoue aussi à la cause des Métis.

L’an passé, Justin Johnson a été invité à siéger au comité directeur des États généraux de la francophonie manitobaine. C’est d’ailleurs Justin qui a proposé les thèmes du savoir-être, savoir penser, savoir agir et savoir rêver, thèmes inspirés des pensées autochtones.

Justin vient d’être nommé Duff Roblin Scholar, une reconnaissance qu’il a obtenue en tant qu’étudiant à la maîtrise en gouvernance autochtone à l’Université de Winnipeg durant l’année 2015-2016. Ancien premier ministre du Manitoba, Duff Roblin était un défenseur de l’éducation postsecondaire. On se souvient notamment de lui pour le canal de dérivation autour de la ville de Winnipeg. Chaque année, plus de 125 000 $ sont remis en bourses d’études à des étudiants autochtones.

Justin a reçu cette distinction pour sa vision et ses gestes mettant en valeur les perspectives métisses et autochtones. Dans le cadre de sa maîtrise, il veut faire apprécier la philosophie politique métisse de la Rivière- Rouge dans les écrits de Riel. Les chefs de file de l’Université de Winnipeg découvrent ce que nous savons depuis longtemps : la vie métisse et autochtone du Manitoba est riche de sens, d’intérêt et d’apprentissages. Merci à Justin d’aider à le révéler.

Félicitations Justin, tant au niveau communautaire qu’au niveau provincial. Le CJP t’aime! Nous étions fiers de toi hier, nous le sommes toujours aujourd’hui, et nous le serons encore plus demain! Nous savons que tu continueras à te donner corps et âme pour diffuser les valeurs qui te sont chères.

Elise Paetkau, Elyse Saurette,
Bernadette Seeholzer, Chloé Freynet-Gagné,
Stéphanie Demers, Jason Cegayle,
Gabriel Roberts et Roxane Dupuis
Saint-Boniface (Manitoba)
Le 23 novembre 2015

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La réponse du Musée canadien pour les droits de la personne

Madame la rédactrice,

Nous apprécions beaucoup l’appui que démontre M. Gérard Lécuyer pour le Musée canadien pour les droits de la personne, sa passion pour les idéaux du Musée et pour le langage utilisé afin de refléter ces idéaux. (Voir La Liberté du 11 au 17 novembre.)

Nous comprenons les raisons pour lesquelles il s’oppose au mot « rampe » et nous sommes d’accord que le mot « passerelle » est plus joli et plus poétique. Cependant, nous ne percevons pas de connotation négative pour le mot « rampe ». Le Petit Robert et le Larousse ne mentionnent pas une telle connotation, ni le Trésor de la langue française. Nous utilisons le mot « rampe » dans le sens d’un « passage incliné entre deux niveaux de bâtiment » ou de « plan incliné permettant l’accès et la circulation d’un niveau à un autre » (Le grand dictionnaire terminologique).

Selon ces mêmes dictionnaires et d’autres sources, « passerelle » (tout comme « footbridge ») donne plutôt l’idée d’un pont, ce qui est vrai pour plusieurs rampes du Musée, mais pas toutes. Nous savons que, comme le mot « rampe », « passerelle » a toutes sortes d’autres significations (comme celles d’un « catwalk », d’un « gateway » en informatique, du plan incliné utilisé pour embarquer dans un avion ou un navire, etc.).

Le mot « rampe » demeure le terme le plus techniquement juste pour décrire les passages inclinés du Musée. Cela dit, nous n’avons pas d’objection à utiliser le mot « passerelle » dans certains contextes et nous l’avons déjà fait. Toutefois, dans notre affichage et dans nos interactions de tous les jours avec des visiteurs et des visiteuses qui ont divers degrés de connaissance de la langue, nous devons utiliser un langage plus simple.

« Rampe » n’est pas incorrect et sera compris par la grande majorité des gens, notamment à cause de sa proximité avec l’anglais. « Passerelle » est un mot moins accessible, qui pourrait ne pas être compris par tout le monde.

Nous remercions M. Gérard Lécuyer de ses commentaires.

Sincèrement,

Louise Waldman
Gestionnaire, communications et marketing
Musée canadien pour les droits de la personne
Winnipeg (Manitoba)
Le 20 novembre 2015

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Lettre ouverte à nous tous
(Sur la question de la SFM et des réfugiés syriens)

Madame la rédactrice,

Depuis les élections fédérales, il est beaucoup question des réfugiés syriens. Et plus que jamais depuis quelque semaines, puisque le nouveau gouvernement a décidé de tenir sa promesse électorale.

Pour la francophonie manitobaine, cela devrait représenter une occasion de faire d’une pierre deux coups : accueillir des réfugiés syriens qui ont déjà une connaissance du français, et ainsi élargir l’espace francophone, une volonté exprimée par la Société franco-manitobaine depuis 2001.

Au plan canadien, il n’y a pas de doute que notre fierté collective connaît un essor depuis le 19 octobre. La bienvenue que nous offrons aux réfugiés syriens qui acceptent de recommencer leur vie au Canada est un signal important de ce réveil collectif. Je suis en particulier fier des efforts qui sont entrepris par l’Accueil francophone, où l’on s’emploie en ce moment à faciliter l’arrivée de ces nouveaux citoyens.

Mais je suis aussi surpris et désappointé de devoir réaliser que la Société franco-manitobaine reste silencieuse sur ce dossier politique. Pourtant, à la dernière réunion du conseil d’administration de la SFM à laquelle j’ai participé, j’ai proposé que nous (la communauté francophone) nous nous mobilisions pour inviter des réfugiés syriens francophones à venir s’installer à Saint-Boniface. Et cela en toute logique humanitaire.

Parce qu’il est inévitable que les Syriens qui partagent notre langue maternelle soient limités dans leur choix de trouver une communauté francophone accueillante. Immigrer est déjà assez difficile. Si au moins nous pouvions aider quelques familles, déjà assez dans le besoin comme ça, à garder leur langue de choix tout en cherchant à faciliter leur intégration dans un nouveau milieu, pourquoi ne pas le faire?

Malheureusement, à cette dernière réunion du conseil d’administration de la SFM où j’ai fait ma proposition, il n’y avait pas quorum. Donc, il n’y a pas eu de procès-verbal. Il n’y a pas eu de suivi non plus, même si mon idée avait été bien reçue par les personnes présentes. Évidemment, j’avais espéré que le nouveau conseil d’administration élu à la mi-octobre relancerait ce dossier très important, convaincu que les nouveaux membres sont aussi très sensibles à ce drame d’envergure mondiale.

Je reste d’autant plus surpris de leur inaction que tout le monde autour de nous, à commencer bien sûr par le gouvernement fédéral, et sans oublier des initiatives venues des paroisses, redouble d’efforts pour recevoir des réfugiés. Or la SFM tient là une occasion extraordinaire de faire valoir notre nécessité d’élargir notre espace francophone. Il nous suffit pour cela de nous faire entendre et de contribuer à l’effort collectif des Manitobains.

Le silence de la SFM est particulièrement regrettable, puisque la SFM a pleinement conscience que le gouvernement fédéral est censé avoir en place une politique et un processus dont le but est d’assurer le maintien de la proportion de francophones en milieu minoritaire, justement en s’appuyant sur une gestion intelligente du dossier de l’immigration.

Mais, nous le savons aussi parfaitement, il est depuis longtemps abondamment clair qu’il est nécessaire de rappeler à l’ordre le gouvernement fédéral sur ses obligations. J’espère sincèrement qu’il n’est pas trop tard.

Walter Kleinschmit
Francophone qui a eu le plaisir de vivre sa francophonie au Moyen-Orient.
Ancien président de l’Association des résidants du Vieux Saint-Boniface
Le 8 décembre 2015

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Noël, par temps d’immigration

Madame la rédactrice,

Les fêtes de fins d’années, et en particulier celle de Noël, sont une belle occasion de réjouissance et de rassemblement en famille. Chaque année on remarque à travers le monde un déplacement impressionnant de personnes attendant de retourner chez eux pour célébrer avec le restant de leur famille, toujours au bercail.

Le Manitoba n’est pas en reste dans cette tradition. Au contraire, selon ma petite expérience culturelle, le rite de la célébration de Noël en famille est même sacré. Les amis sont accueillis à bras grands ouverts.

Je me rappelle de mon premier Noël ici, chez vous devenu chez moi. J’étais immigrant depuis seulement trois mois. Loin de ma famille biologique pour la première fois de ma vie à pareille occasion, je me sentais très seul. Je pensais à mes parents qui passaient également un premier Noël esseulé, sans aucun de leurs enfants à leurs côtés. Je pensais aussi à mes deux frères en France. La famille était dispersée. Tout en moi respirait la tristesse.

Cependant, au milieu de ce cocktail de mélancolie je me souviens avoir ressenti une chaleur qui avait embaumé mon cœur. Ce n’était certainement pas le temps qu’il faisait dehors. Non, c’était plutôt la chaleur des personnes qui m’entouraient et qui me réchauffaient de leur amour. C’était chaque sourire qui se dessinait sur les visages que je voyais. Je me comptais chanceux de retrouver ici une famille.

J’étais là au milieu de quelques dizaines de personnes heureuses de se retrouver. Ça chantait, dansait, jasait et rigolait à gorge déployée. On se saoulait de liqueur et d’amour. C’était réconfortant. À un moment, je me rappelle que j’avais eu une pensée pour tous les autres immigrants et réfugiés qui fêtaient seuls dans leur coin, triste, assis sur une chaise au milieu d’une pièce dégarnie de monde.

C’est pendant ces préparatifs de la célébration des fêtes de fin d’année que le Canada tient sa promesse en accueillant les premiers réfugiés syriens. Il y en aura quelques milliers qui, au lieu de se déplacer vers leurs chez-eux, s’en éloigneront encore plus. Quelques centaines d’entre eux viendront au Manitoba. Leur arrivée est imminente.

L’Accueil francophone est l’un des organismes qui se prépare activement pour leur souhaiter la bienvenue. La plupart des Syriens qui viendront enrichir la grande famille manitobaine n’ont aucune idée de ce qui les attend. Ils doivent se poser des milliers de questions avec trop peu de réponses. Certains n’ont même aucune idée de la position géographique du Canada, encore moins de sa réalité sociologique. La grande majorité a été forcé de quitter le nid familial en espérant un retour dans un futur proche. Mais au fil des ans, l’espoir s’est fait de plus en plus mince.

Que ferons-nous alors comme Manitobains et Manitobaines de ces réfugiés qui sont assoiffés de paix et désirent refaire leur vie? Allons-nous leur ouvrir les portes de nos cœurs? Allons-nous leur faire oublier un temps soit peu les horreurs qu’ils ont quittées? Avons-nous la possibilité de leur donner confiance en l’avenir? Les aiderons-nous à se sentir chez eux ici? Juste un sourire peut faire dissiper les peurs.

« Quand j’étais arrivée avec mes enfants, depuis l’aéroport, tout le monde nous souriait. Ça faisait des années que personne ne m’avait souri. C’était bizarre pour moi, mais ça m’a fait vraiment du bien. J’avais oublié ce sentiment », m’avait confié une brave dame originaire du Congo il y a quelques semaines. Voilà une belle occasion qui nous est offerte de démontrer une fois de plus aux yeux du monde qu’ici, c’est vraiment Friendly Manitoba!

Wilgis Agossa
Responsable des communications à l’Accueil francophone
Le 10 décembre 2015