Par Michel Lagacé.

Malheureusement, dans l’atmosphère partisane de la campagne qui prendra fin le 3 octobre, il est difficile pour l’électorat de maintenir le cap sur les besoins à long terme, car il est inondé de promesses à court terme.

Ainsi, la Première ministre, Heather Stefanson, promet de réduire les impôts de 900 millions $ pour les particuliers, les entreprises, les acheteurs de maison et les consommateurs en général. En même temps, elle s’engage à réduire le déficit de 363 millions $ et à équilibrer le budget d’ici 2025, plutôt qu’en 2028-2029 comme prévu dans son budget déposé le 7 mars 2023.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Wab Kinew, n’est pas en reste. Il a annoncé qu’il adopterait le cadre fiscal proposé par Heather Stefanson. Et de plus, il prévoit geler les tarifs d’électricité et réduire temporairement la taxe provinciale sur l’essence, malgré son engagement à lutter contre les changements climatiques.

Comme la Première ministre, il propose d’embaucher des milliers de travailleurs de la santé. Ni l’un ni l’autre ne sait d’où viendront tous ces travailleurs. Dougald Lamont, du Parti libéral, a raison de dénoncer l’absence de choix entre les deux partis.

Quant à l’inflation, les deux chefs de parti font croire qu’ils peuvent réduire le coût de l’essence et de l’épicerie, et offrir des taux hypothécaires moins chers. Or, la vérité est que le gouvernement a joué un rôle négligeable dans la création de la crise actuelle et qu’en réalité, il dispose de peu d’outils pour résoudre ce problème.

Face au cynisme électoraliste des deux partis principaux qui nous promettent l’impossible, l’électorat devient de plus en plus indifférent aux élections. À preuve : au cours des cinq dernières élections tenues entre 2003 et 2019, le taux de participation a varié entre 54,2 % et 57,4 %, alors qu’il s’élevait à près de 70 % durant les 30 années précédentes. Tristement, depuis 20 ans, un peu plus de la moitié seulement de l’électorat se rend aux urnes.

Voilà donc à quoi se résument ces élections : nous permettons que notre vote soit mis aux enchères par des partis qui ne proposent pas de stratégies économiques et sociales crédibles. Et nous nous contentons de déplorer un jeu politique auquel nous croyons de moins en moins.

Le soir des élections, il ne sera pas seulement question de savoir tout simplement qui a « gagné ». Le taux de participation nous dira aussi jusqu’à quel point notre démocratie a gagné.