Son président, et son agente de développement économique, se disent inquiets. Alors que les élections fédérales arrivent à grand pas, et que les tarifs de l’administration Trump offrent leur lot d’incertitudes, ils tirent la sonnette d’alarme, dans l’espoir que l’économie rurale puisse continuer à se développer.

Pour favoriser le développement socioéconomique et la durabilité de l’ensemble de la collectivité de Notre-Dame-de-Lourdes et de Saint-Léon, la corporation de développement communautaire (CDC) Lourdéon existe depuis plus de 20 ans.

« Ça fait précisément depuis 1999 que l’on aide à l’avancement du développement économique de nos communautés », affirme Roxanne Chanel, agente de développement économique à la CDC Lourdéon. Mais aujourd’hui, le contexte est bien particulier et l’instabilité économique qui en découle touche de nombreux secteurs d’activité dans ces municipalités rurales. À la veille des élections fédérales, Roxanne Chanel défend les préoccupations de son secteur.

Retrouvez également l’entretien de Roxanne Chanel en format vidéo.

Lorne : les grands enjeux

Roxanne Chanel et Alain Comte, président de la CDC, sont unanimes. « Il y a aujourd’hui plusieurs grandes priorités qui doivent être prises au sérieux dans la municipalité de Lorne », qui regroupe Somerset, Saint-Alphonse, Saint-Léon, Swan Lake, Altamont, Bruxelles, Mariapolis et Notre-Dame-de-Lourdes. Ils évoquent des difficultés en termes de logement, d’immigration économique, d’accès à la santé, ou encore lié au marché du travail.

« Nous avons d’ailleurs récemment fait une enquête sur le marché du travail et nous constatons environ 10 % de postes non pourvus dans les entreprises de cette municipalité rurale », souligne Roxanne Chanel.

L’agente de développement économique évoque également les difficultés liées au système de santé dans cette zone.

« Dans nos municipalités, l’employeur le plus important est le secteur de la santé », affirme-t-elle. Ce secteur inclut tout autant les hôpitaux que les centres d’urgences, les maisons de soins de santé ou les travailleurs indépendants de soins à domicile.

« La question du maintien de l’ouverture des centres de santé est donc une question centrale pour nous, mais c’est un enjeu qui touche aussi toute la Province », précise-t-elle. « Bien que nous soutenons et tentons de fournir les moyens nécessaires pour ces travailleurs, le secteur de la santé reste une grande inquiétude », tient à souligner l’agente.

Industrie agricole : la grande incertitude

« Nous sommes une région agricole donc l’inquiétude est, de fait, particulièrement importante chez les agriculteurs », constate Roxanne Chanel. En plus de la hausse du prix du grain, ce sont les tarifs états-uniens et chinois qui plongent le secteur dans l’incertitude la plus totale. « À cause des tarifications, les entreprises du secteur agricole hésitent à faire des travaux ou refusent carrément d’effectuer certains achats », souligne-t-elle. Mais pour amortir ces impacts, les entreprises optent pour des contrats avec les industries canadiennes. « L’objectif est de collaborer entre nous pour réduire les coûts ».

Pour Alain Comte, qui n’est pas seulement président de la CDC, mais également directeur général de Comte Industries, « par ici, tout le monde a peur des douanes et des tarifs ».

Manufacture agricole basée à Notre-Dame-de-Lourdes depuis 1990, son entreprise produit des silos à grains, exportés principalement au Manitoba, en Saskatchewan et aux États-Unis, et des équipements agricoles pour animaux.

Le directeur général s’inquiète de la manière dont la tarification étatsunienne est gérée à l’échelle nationale. « Ça fait peur quand les libéraux affirment ne plus vouloir faire affaire avec les États-Unis, car nous sommes étroitement liés à leurs marchés ».

« Tous les marchés sont affectés, des grains aux animaux, en passant par les matières premières », affirme-t-il. « En tant que business, la taxe carbone est aussi une source de stress, même s’ils l’ont annulé il y a peu, tout ne fait que changer ces derniers temps, alors on ne sait jamais à quoi s’attendre ».
« Nous n’avons pas eu de tarifs états-uniens depuis les années 1930 », soulève-t-il.

Bien que les États-Unis aient récemment reculé sur les droits de douanes, qui devaient entrer en vigueur en plus des tarifications réciproques, le climat d’incertitude impacte fortement l’organisation des entreprises au rural, à l’image de Comte Industries. Avant que Donald Trump annonce reculer, Alain Comte se souvient d’une période intense.

« Pendant trois jours, nous avons tout fait pour envoyer rapidement les marchandises à tous nos clients avant le 2 avril ». Lors de cette campagne électorale, le directeur général dit « suivre attentivement les idées pour protéger ces industries ».

Cette couverture électorale a été rendue possible grâce au Fonds « Couvrir le Canada : Élections 2025 »