En à peine trois minutes, elle a su convaincre les jurys à propos d’un sujet sur lequel elle travaille depuis quasiment une dizaine d’années. Elle s’en va maintenant pour le concours national qui a lieu le 7 mai.

Après les quatre présentations des autres candidats, c’est en cinquième et dernière que Camila Chacon, doctorante en physiologie et physiopathologie de l’Université du Manitoba passait pour présenter à l’oral son étude lors du concours Ma thèse en 180 secondes (1), lancé par l’Association francophone pour le savoir en 2012, dénommée désormais simplement Acfas.

Alors, comment se sentait Camila Chacon devant des jurys issus de différents milieux professionnels, ainsi que devant Jean-Éric Ghia, professeur en immunologie à l’Université du Manitoba et formateur en vulgarisation scientifique et à la présentation de Ma thèse en 180 secondes?

Étude de la moelle épinière

« Le but pour moi était de leur raconter une histoire, même si j’étais un peu nerveuse », se souvient Camila Chacon. Et cette histoire, pas commune, c’était au sujet de la moelle épinière.

Précisément, voici quel était le titre de la présentation de Camila Chacon : Lien entre les circuits locomoteurs spinaux et la fiction autonome. « Ce n’est pas un sujet très connu ni très étudié. Les gens qui ont des problèmes à la moelle épinière rencontrent beaucoup de défis dans leur vie quotidienne. Je croyais en ma recherche et mon histoire. C’est ce qui, je pense, m’a aidé. »

Camila Chacon a d’ailleurs rappelé pendant sa présentation qu’environ 80 000 Canadiens vivent avec des lésions de la moelle épinière. Elle a également évoqué les traitements qui existent pour stimuler la moelle épinière.

Camila Chacon n’en a pas tout à fait fini avec les concours. Le 7 mai, elle se rendra à Montréal pour la finale nationale de Ma thèse en 180 secondes. L’étudiante manitobaine n’a pas spécialement d’attente et veut simplement faire du mieux possible.

« Je pense que ça sera une très belle compétition, beaucoup des recherches que l’on verra sont spectaculaires. Je veux apprécier le moment, je suis contente de retourner à Montréal, une ville dans laquelle j’ai fait une partie de mes études. Ça sera le fun, j’y vais sans pression et si ça devient quelque chose, c’est parfait! »

Quatre ans à l’Université McGill, puis deux ans de maîtrise et maintenant en 3e année de doctorat, Camila Chacon  étudie ces sujets depuis presque 10 ans. « Et je pense qu’il me faut encore une année de plus ou deux pour terminer », dit-elle.

Le français comme troisième langue

Plus jeune Camila Chacon voulait devenir médecin, mais désormais elle pense se tourner vers l’industrie. « C’est une bonne opportunité pour utiliser tout ce que j’ai appris dans mon doctorat, tout en gardant une bonne interaction avec les personnes. »

Déjà gagnante de Ma thèse en 180 secondes en 2022, l’on pourrait penser que Camila Chacon a un avantage sur ses adversaires, mais l’étudiante rappelle que participer à un tel concours demeure un défi pour elle.
« Le français est ma troisième langue », lance-t-elle.

Originaire d’Alberta, la famille de Camila Chacon est colombienne. L’espagnol est donc sa première langue. Elle a appris le français dans une école d’immersion dans la province albertaine.

Elle explique comment elle a travaillé pour maitriser sa présentation en français.

« J’ai d’abord écrit mon script en anglais pour voir ce que je voulais dire de manière générale. Puis, j’ai fait la traduction et là, il fallait répéter encore et encore. C’est d’ailleurs la même technique qui m’a permis d’apprendre le piano! J’utilise donc les mêmes techniques pour mémoriser les mots : une section à la fois. Et enfin je pratique à voix haute, tout en m’assurant de ne pas dépasser trois minutes. »

(1) Pour voir ou revoir la finale manitobaine de Ma thèse en 180 secondes.