Tous les deux ans, exception faite de la période de pandémie, il propose à ses élèves un voyage en France. L’objectif : vivre l’expérience du quotidien en langue française.
Depuis une dizaine d’années, Martin Frédérick est chargé d’organiser pour les élèves de 11e et 12e année qui le souhaitent un voyage d’une dizaine de jours en Europe francophone tous les deux ans, quand les conditions le permettent.
« On visite toujours la France. Parfois on y reste pendant tout le voyage, d’autres fois on va aussi en Belgique, ou à Monaco. On est même allé en Italie. Mais principalement, on est en France. C’est un voyage linguistique avant tout, et culturel. »
Voyage linguistique et culturel
Selon l’enseignant, l’impact de ce voyage commence bien avant le départ. « On fait une période de préparation qui est essentielle, où on va explorer avec les élèves certains concepts de la langue française et de la vie en France, sous forme d’ateliers.
« Par exemple, on va parler de sécurité, de tutoiement et vouvoiement, de nourriture, de comment faire pour magasiner et discuter d’un produit avec un vendeur, du concept de toilettes, des choses qu’on n’aborde pas normalement en salle de classe. On prépare les élèves à adapter leur langage, leurs formules de politesse en français, leurs gestes en fonction d’où on va. »
Ces ateliers préparatoires ont un impact direct sur la pratique du français des élèves. « Avant le voyage, les élèves font beaucoup plus d’efforts pour parler français, ils sont encore plus motivés à s’améliorer. On les encourage aussi à prendre des risques en français, à oser parler. »
Se préparer
Parce que ce voyage, c’est exactement ça : c’est se retrouver dans des situations de la vie quotidienne où les élèves devront se débrouiller en français, devront oser. Une immersion totale en français, dans tous les aspects du quotidien.
Fait intéressant, bien qu’offerts tous les deux ans sauf exceptions, les voyages en Europe francophone du Collège Pierre-Elliott Trudeau ne sont jamais pareils. « On organise toujours des itinéraires différents. Parfois on va plus vers le nord, parfois vers le sud. Parfois on reste en France, d’autres fois on visite aussi d’autres pays.
« Mais on va toujours dans des grandes villes et des petites villes en campagne, pour donner une variété d’expériences, et on visite systématiquement Paris. C’est un incontournable! »
La confiance d’agir
Et au retour? « Je vois chez les élèves une certaine fierté supplémentaire à parler français. Ils sont fiers d’avoir réussi à survivre en français en France, de s’être fait comprendre en français là-bas! »
Une fierté qui se retrouve quand les jeunes vont s’inscrire aux études supérieures.
« Ils ont plus tendance à considérer l’Université de Saint-Boniface, ou encore à demander à passer le test du Diplôme d’études de langue française (DELF), qu’on offre dans notre division scolaire (1), observe Martin Frédérick. Posséder un tel diplôme facilite ensuite l’accès à certaines universités francophones, comme Ottawa par exemple. On a même eu des élèves qui ont décidé d’aller poursuivre leurs études en France!
« Je pense que c’est dû au fait que ce voyage a démontré aux élèves l’avantage du français pour voyager, pour communiquer, mais aussi que le français peut être quelque chose d’amusant et non d’imposé par les parents. Et puis ça leur a donné confiance en leurs capacités à pouvoir le faire. »
D’autres opportunités
Pour des raisons de coût avant tout, seuls 25 % environ des élèves de 11e et 12e année du Collège Pierre-Elliott Trudeau ont la chance de participer au voyage en France.
Martin Frédérick précise par ailleurs que le Collège Pierre-Elliott Trudeau offre aux élèves beaucoup d’autres opportunités d’immersion dans la culture francophone à l’échelle plus locale, notamment en les emmenant au théâtre ou à des évènements communautaires francophones ou bilingues comme le Festival du Voyageur.
« Faire l’expérience de la France, c’est bien, mais c’est important aussi que les élèves se rendent compte que le français se vit aussi localement, que c’est important et avantageux ici aussi de pouvoir parler français », conclut l’enseignant de français.
(1) Le DELF est un certificat donné par le gouvernement français qui atteste du niveau de français de la personne.
