Organisé en collaboration avec le Festival du Voyageur, l’évènement s’inscrit dans les célébrations de la Journée nationale des peuples autochtones et mettra à l’honneur la culture, la langue et les traditions métisses à travers une programmation festive, inclusive et rassembleuse.
« La tradition du piquenique remonte aux années 1800, raconte Richard Turenne, directeur de l’Union nationale métisse. À l’époque, c’était un rassemblement mi-politique, mi-estival, une manière de résister après les événements de la Résistance du Nord-Ouest de 1885. On y célébrait notre culture tout en assurant sa pérennité ».
Aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard, l’esprit de cet évènement perdure : « C’est un moment de retrouvailles, de fierté, mais aussi d’ouverture. On veut rayonner au-delà de notre communauté »
Rassembler pour mieux transmettre
Cette année, le pique-nique sera aussi le théâtre du lancement officiel du projet Les histoires de la charrette de la rivière Rouge, une collection de 36 contes métis ancrés dans les valeurs et les récits de la nation, accompagnée d’une plateforme interactive en ligne.
Narrées en français, en anglais et dans trois dialectes mitchifs, ces histoires incarnent une démarche de vérité, de réconciliation et de transmission culturelle.
« C’est un projet colossal, avec près de 70 collaborateurs, souligne Richard Turenne. Et comme on dit chez nous, Janine Tougas, qui a co-écrit les textes, c’est la graisse qui fait tourner les roues de la charrette », s’amuse-t-il.
Pour Richard Turenne, le cœur de cet évènement demeure le rassemblement. « C’est aussi tendre la main à celles et ceux qui ont perdu leur langue, leur culture, leur fierté », ajoute-t-il.
« On espère attirer des centaines de personnes, peu importe leur origine. Autant des Métis, des gens qui veulent découvrir la culture autochtone ou ceux qui veulent simplement passer une belle journée d’été », affirme Richard Turenne.
Un symbole bien en vie
Symbole fort du peuple métis, la charrette de la rivière Rouge était bien plus qu’un simple véhicule. Entièrement faite de bois et conçue sans clou, elle était facilement réparable avec les ressources disponibles sur les Plaines. Tirée par un cheval ou un bœuf, elle pouvait transporter jusqu’à 450 kilos de marchandises.
Utilisée en « train » de plusieurs charrettes attachées ensemble, elle servait aux échanges commerciaux entre les communautés métisses et les postes de traite.
Avec l’arrivée du chemin de fer vers la fin des années 1800, la charrette de la rivière Rouge a perdu une grande partie de son importance dans le transport de marchandises, bien que les Métis ont continué à s’en servir, perpétuant leur savoir-faire.
Aujourd’hui, la charrette est un puissant symbole d’ingéniosité, d’autonomie et de résilience. On la retrouve fièrement sur des drapeaux, des logos et dans les récits transmis de génération en génération.
« Ce n’était pas juste un moyen de transport. Si tu savais en construire, tu pouvais recevoir des contrats pour approvisionner les camps et les communautés voisines. C’était une façon de gagner sa vie », explique Richard Turenne, qui affirme lui-même en posséder deux.
Plusieurs répliques seront d’ailleurs visibles au Fort Gibraltar. « Il y aura des fabricants sur place avec une charrette de taille réelle. Le thème des charrettes va également accompagner le décor du lancement de nos histoires de la rivière Rouge », précise-t-il.
À la croisée des traditions et de la communauté
L’évènement pourra compter sur l’appui de nombreux partenaires, dont le Festival du Voyageur, Patrimoine canadien et plusieurs commanditaires locaux. « C’est grâce à ce réseau qu’on peut offrir un événement de cette ampleur. Cette année, on veut vraiment mettre en lumière notre culture dans un esprit communautaire et inclusif », dit Richard Turenne.
Au programme : musique, repas traditionnels, animations pour toute la famille, reconstitution de scènes historiques et présence d’artisans.
« On veut offrir une expérience immersive, souligne Richard Turenne, mais surtout, on veut rassembler. Le pique-nique, c’est l’occasion parfaite de se retrouver, de se reconnaître et de bâtir des ponts. Que tu sois Métis, franco-manitobain ou tout simplement curieux, tu es le bienvenu ».
La musique occupera une place centrale dans la journée, avec des prestations d’artistes Métis sur la grande scène, dont Andrina Turenne, Winston Wuttunee, Alexandre Tétrault Band. Des interprétations artistiques auront aussi lieu à l’intérieur du Fort Gibraltar pour plonger les visiteurs dans les traditions métisses d’hier à aujourd’hui.
L’évènement a lieu ce samedi 21 juin, de 11 h à 16 h, au Fort Gibraltar.