Ce mercredi 18 juin, une vingtaine de personnes étaient réunies dans l’une des salles de rencontre du sous-sol de la cathédrale de Saint-Boniface. C’est là que le musée de Saint-Boniface a décidé de révéler les concepts préliminaires pour ses extérieurs au 494 avenue Taché.
Pour rappel, le musée a fermé ses portes au public le 27 juin 2024 afin de laisser le champ libre pour des travaux de rénovation indispensables au bon fonctionnement et à la préservation du plus vieil édifice de l’Ouest canadien.
Les travaux concernent entre autres la consolidation et la conservation de tous les éléments en bois extérieurs, la rénovation du toit, du système de chauffage ainsi que des travaux visant une amélioration de l’accessibilité.
Le projet s’est donc finalement étendu jusqu’au terrain extérieur.
Il faut y voir bien sûr un moyen d’améliorer l’expérience muséale, mais aussi une autre manière d’œuvrer à la conservation du bâtiment.
C’est en tout cas ce qu’explique Cindy Desrochers, directrice générale du Musée de Saint-Boniface.
« Pendant les évaluations de l’édifice, nous avons appris que les lilas plantés à l’extérieur étaient en train d’endommager la façade. On prévoit donc de les enlever et les remplacer par d’autres plantes ou fleurs. Ça a permis d’ouvrir la conversation sur la cour avant du musée et de songer à d’autres améliorations. Par exemple, il n’y a pas de lumière à l’avant, alors lorsque l’on accueille des programmes en extérieur en soirée, on se retrouvait parfois dans le noir. »
Ces changements sont donc pensés pour mieux accueillir certaines programmations, des groupes scolaires plus nombreux, une zone de jeu, mais aussi pour encourager la location de l’espace.
L’accent sur l’accessibilité
Évidemment, l’accessibilité reste une priorité dans les concepts préliminaires, et c’était d’ailleurs un non négociable lors de l’élaboration de ces derniers.
C’est ce qu’indique Cheryl Oakden, architecte paysagiste pour la firme Scatliff+Miller+Murray engagée sur le projet.
« Nous souhaitions que tout le monde puisse profiter de l’espace sur un pied d’égalité. Ça fait partie des plus gros défis. Redéfinir les espaces en les rendant accessibles. »
Deux rampes d’accessibilité, une à l’avant, l’autre à l’arrière du bâtiment seront donc implémentées.
Au-delà de l’aspect inclusif, les changements relèveront aussi du domaine de l’esthétique.
Les plans présentés lors de la soirée comprennent une mise en valeur des lignes de vues, une meilleure circulation sur l’espace, l’ajout de nouveaux points de végétation ainsi qu’une meilleure intégration des sculptures et monuments présents sur le site.
Un dernier point qui interroge. Par sa désignation historique aux trois différents niveaux de gouvernement, l’édifice est protégé par un certain nombre de lignes directrices.
Dans l’optique d’opérer des changements sur les espaces extérieurs, Cindy Desrochers a donc dû obtenir les approbations à l’issue de plusieurs consultations.
« On leur a présenté le concept et ils nous ont fait leurs retours. Aujourd’hui, on cherche à impliquer la communauté. »
Notons tout de même que le projet en est encore à ses balbutiements et que les choses se préciseront avec le temps.
Cheryl Oakden indique par ailleurs qu’il est encore trop tôt pour faire une estimation du coût des travaux, mais que ceux-ci, s’ils débutent, ne devraient pas trop s’étendre dans le temps. « Entre 8 à 10 semaines ».
Étape par étape
Car Cindy Desrochers est très claire, il s’agit d’avancer étape par étape. Le gros des travaux se déroulant pour le moment en intérieur, « tout avance comme prévu », assure la directrice générale. « On prévoit d’entamer les travaux de chauffage et de climatisation dans le courant du mois de juillet. »
La réouverture du musée est donc toujours attendue dans le courant de l’année 2026, à condition, bien sûr, que toutes les conditions soient réunies.
« Les travaux peuvent être terminés d’ici là, la question c’est surtout de finaliser la récolte des fonds pour les mener à terme. »
À titre de rappel, une fois encore, les estimations des coûts de travaux ont beaucoup varié depuis leur début. D’1,4 million $ au départ, ils se chiffrent aujourd’hui à 5 millions $.
« Si l’on arrondit, nous avons reçu à ce jour 3 millions $ de la part du gouvernement fédéral. Nous sommes encore dans l’attente de réponses de la part de quelques programmes et d’autres demandes que nous avons placées. Nous attendons encore des nouvelles de la part de la Ville et de la Province. Nous sommes en conversation avec eux. Nous étions contents de voir le Conseiller municipal pour Saint-Boniface, Matt Allard présent ce soir. Ça montre un intérêt de la part de la Ville. »
A priori, si la somme totale est récoltée, elle devrait pouvoir financer les travaux d’extérieur présentés ce soir-là.
Le coût de la fermeture
Fermé depuis le mois de juin 2024, le Musée de Saint-Boniface accuse sans surprise des pertes financières.
Il sera fermé pour une deuxième saison estivale qui est, en termes de rendement touristique, la plus importante. Et si une partie de la collection s’est déplacée, en même temps que les bureaux administratifs, au 219 boulevard Provencher, au deuxième étage de l’ancien hôtel de ville, cela ne suffit pas.
« Nous avons une perte de revenus, en raison de la fermeture du musée et de la boutique, et ça nous coûte de l’argent pour rester accessible ailleurs, explique Cindy Desrochers. On parle d’une perte de probablement 150 000 $. »
Toutefois, la directrice générale a bon espoir que les travaux et les initiatives de marketing permettront au musée d’atteindre des chiffres plus importants lors de sa réouverture.