La Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) a confirmé qu’elle organiserait des séances d’information sur le déploiement de la naloxone dans les écoles dès le mois de septembre, après quoi elle lancera un projet pilote dans certaines écoles afin d’assurer le bon déroulement de la formation du personnel scolaire.
La Division scolaire Louis-Riel a aussi confirmé qu’elle déploierait les kits dans ses écoles au cours de la prochaine année scolaire, tandis que la division scolaire River East Transcona dit avoir déjà commencé à approvisionner ses écoles en naloxone.
Un médicament qui sauve des vies
En 2024, le gouvernement du Manitoba a enregistré 570 décès liés à la consommation de drogues, dont 10 personnes qui avaient moins de 19 ans. En 2023, sur les 568 décès, 13 avaient 19 ans ou moins.
« Il y a eu des surdoses de jeunes de moins de 19 ans qui se sont passées. Il y en a eu moins que 20 [en 2024], mais c’est déjà 20 de trop, déclare Alain Laberge, directeur de la DSFM.
La naloxone est un médicament administré par vaporisateur nasal ou par injection intramusculaire et qui inverse les effets d’une surdose d’opioïdes. « Elle agit en éliminant les opioïdes des récepteurs que nous avons dans le corps pour inverser les effets du ralentissement ou de l’arrêt de la respiration, explique Sheena Taha, directrice associée de la qualité et de la responsabilité au Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS).
Selon un rapport, entre le moment où la naloxone a été mise à disposition au Manitoba en 2016 et juin 2018, on notait déjà 60 cas d’utilisation de la naloxone pour inverser les surdoses dans la province.
La naloxone à la DSFM
Alain Laberge explique que le programme est né de la sensibilisation des centres de santé il y a environ deux ans. Au début, la division scolaire a contemplé plusieurs considérations avant de prendre une décision. Le personnel des écoles pourrait hésiter à administrer de la naloxone à une personne en situation de surdose par peur de répercussions ou de responsabilité légales.
En outre, la DSFM comprenait le coût élevé associé à l’acquisition de ces trousses. Non seulement chaque kit peut coûter quelques centaines de dollars, et qu’ils doivent être remplacés chaque deux à quatre ans, mais la division scolaire a aussi du envisager d’offrir des formations en français et de faire venir des membres du personnel de leur école à Thompson pour leur offrir cette même éducation, par exemple.
Néanmoins, la division scolaire considère qu’il est nécessaire de transporter ce médicament qui peut sauver des vies. « C’est préférable d’avoir des trousses et de ne pas les utiliser que d’en avoir besoin si on n’en a pas, dit Alain Laberge.
« Ceci dit, c’est un peu la même démarche pour les défibrillateurs : on en a dans toutes les écoles et on doit avoir des gens qui sont habitués à les utiliser. On n’espère pas avoir un feu dans une école, mais on a des extincteurs dans chacune d’elles. »
Il souligne qu’il s’agit également d’une occasion de poursuivre l’éducation, tant pour les élèves que pour la communauté qui entoure chaque école. Bien que certains parents puissent se sentir mal à l’aise face à la présence de ces trousses à l’école, Alain Laberge estime qu’il est important de sensibiliser les gens à l’utilisation de ce médicament.
« C’est rien de nouveau pour nos élèves, on fait déjà de l’éducation par rapport à ce que sont les drogues dures et les dangers de surdose. Mais ça fait partie de leur éducation. Le but n’est pas d’indiquer aux gens qu’ils doivent avoir une plus grande ouverture aux drogues, mais de ne pas en parler ne fait pas disparaître le problème. »
Le CCDUS partage ce point de vue. Shea Wood, courtière principale des connaissances, explique que la recherche a montré que les stratégies de réduction des risques et les conversations ouvertes et sans jugement sur la consommation de substances peuvent promouvoir des pratiques plus sécuritaires.
« Il est important d’écouter les jeunes du Canada pour savoir ce qu’ils veulent et ce dont ils ont besoin, dit-elle. Les jeunes nous ont dit qu’ils voulaient en savoir plus sur les risques liés à la consommation de substances et d’avoir accès à des outils pour les aider à évaluer leurs propres risques, afin qu’ils puissent prendre des décisions éclairées et qu’ils sachent comment réagir en cas d’urgence. »
Enfin, Alain Laberge affirme aussi que dans chaque école de la DSFM, des psychoéducateurs sont présents pour évaluer le bien-être du corps étudiant et pour que les élèves puissent se tourner vers eux s’ils rencontrent des problèmes. Ces employés sont formés pour traiter des questions de santé mentale, de consommation d’alcool ou de substances et de tout autre problème auquel les jeunes peuvent être confrontés.