Au mois de juin, le gouvernement du Manitoba annonçait un investissement supplémentaire de 5 millions $ vers le budget de fonctionnement de base de Recherche Manitoba.
Faisant passer le montant total de cette subvention de 12,954 millions $ à 18,954 millions $.
Dans une déclaration écrite à l’intention de La Liberté, le ministre des Innovations et des nouvelles Technologies, Mike Moroz, déclare que le gouvernement reconnaît l’importance du financement de la recherche au Manitoba.
« Le gouvernement précédent a décimé le financement de Recherche Manitoba en procédant à des coupes budgétaires et des gels. La communauté des chercheurs nous a fait part des dommages causés et nous sommes fiers de reconstruire l’innovation et la recherche dans notre province. »
Une « bonne nouvelle », selon Julie Lajoie, professeure adjointe au département de microbiologie médicale et des maladies infectieuses de l’Université du Manitoba.
Cette dernière avait par ailleurs fait part de l’urgence de voir les fonds attribués à la recherche augmenter. Elle soulignait entre autres que « Les dépenses totales du programme de Recherche Manitoba, ajustées en fonction de l’inflation, sont passées de plus de 26 millions $ en 2016 à 12,7 millions $ en 2023 ».
Cette récente augmentation est donc la bienvenue et quant à savoir si elle est ponctuelle ou si le gouvernement entend maintenir le même niveau d’investissement au cours des années qui s’en viennent, le ministre n’a pas répondu à la question.
En tout cas, du côté des chercheurs, l’ambition est claire, « on ne se contentera plus de suivre le rythme, on donnera le pas! », indiquait Jennifer Cleary, directrice générale de Recherche Manitoba.
Et ces 5 millions $ vont certainement dans la bonne direction.
« Les chercheurs au Manitoba étaient vraiment désavantagés par rapport aux autres chercheurs ailleurs au pays, rappelle Julie Lajoie. Cet investissement ramène les fonds de Recherche Manitoba au niveau d’avant les coupures et ce n’est pas négligeable. »
La chercheuse souligne toutefois qu’il reste encore un peu de chemin à accomplir. « On est encore en deçà de ce qu’investit le Québec par exemple. Mais nous étions de très loin les derniers alors ça nous rapproche des autres provinces. »
Attirer et retenir
Depuis l’élection de Donald Trump, la situation chez nos voisins du Sud est assez chaotique dans le domaine de la recherche suite notamment à des coupes budgétaires, des suppressions de programmes, etc.
Au moment de l’annonce, la Province faisait part de son intention d’encourager les chercheurs manitobains à rester, mais aussi « d’attirer des cerveaux provenant des États-Unis ».
Et Julie Lajoie n’en demande pas moins. Selon elle, l’Université du Manitoba reçoit beaucoup de demandes de la part d’étudiants résidents des É-U.
Cela étant dit, au-delà des fonds monétaires, elle identifie quelques barrières à cette immigration scientifique.
« Il existe un plafond sur le nombre d’étudiants étrangers et ça nous pose une limite. Si l’on veut aller chercher les meilleurs étudiants et prendre le leadership en matière de recherche, il faut que l’on puisse entraîner ces jeunes. »
Pour l’heure, les détails concernant l’utilisation de ces 5 millions $ supplémentaires ne sont pas encore connus. L’on ne sait donc pas encore s’ils serviront à attirer ou à financer les chercheurs manitobains. Mais Julie Lajoie met en garde qu’il « ne faut pas prendre aux uns pour donner aux autres ».
Enfin, l’autre point noir que partage la chercheuse, c’est celui du financement des cohortes. À savoir, des études qui s’inscrivent dans le temps.
« On peut faire de la recherche pendant deux, trois ou cinq ans, mais après ça, tout le travail que l’on a fait auprès des communautés est perdu.
« On travaille avec une communauté, on crée des relations de confiance et après ça, on a plus les fonds alors que de nouvelles questions peuvent émerger. »
À titre d’exemple, Julie Lajoie mentionne sa recherche qui se penche sur ce que cela implique de vieillir en tant que femme vivant avec le VIH.
« Un suivi sur cinq ans seulement ne permet pas d’étude sur le long terme, et cela a un impact sur la qualité de la recherche. »