Francophonie, rapport du Commissaire aux langues officielles et le Manitoba qui avance pour devenir une province véritablement bilingue. En entrevue avec La Liberté, le ministre Steven Guilbeault revient sur plusieurs dossiers importants.
En poste depuis la mi-mars en tant que ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes, Steven Guilbeault s’est vu ajouter la responsabilité des Langues officielles au mois de mai.
Il revient sur ces premiers mois avec ces compétences, notamment les Langues officielles. Un domaine qu’il découvre où beaucoup a déjà été fait selon le ministre.
« Entre la modernisation de la loi, les investissements importants, tout le travail en immigration hors Québec. Pour la première fois, on atteint la cible des 4 %, l’année prochaine, on sera autour de 7 %, on veut se rendre à 12 %. J’arrive dans un dossier où les choses sont bien en selle. Ce qui me reste à faire est le suivi sur un certain nombre de choses, notamment la publication des règlements pour la mise en œuvre de la réforme de la loi. »
Quelle échéance pour la publication des règlements?
Le ministre Guilbeault explique qu’il aurait notamment aimé le faire pendant cette session parlementaire qui s’est terminée à la fin du mois de juin. « Mais tout est allé tellement vite », dit-il.
« L’élection, la formation du Cabinet, le retour de la Chambre et me familiariser avec les dossiers. Mais ce que je peux assurer, c’est que la publication des règlements ne trainera pas une fois que le Parlement va revenir en septembre. »
À noter que ce sont trois règlements, qui ont pour but la mise en application de la nouvelle Loi sur les langues officielles, qui sont en attente.
« Il y a un débat au sein de la communauté pour savoir si l’on publie les trois en même temps ou l’un après l’autre. Théoriquement, chaque règlement est accompagné d’une période de consultations de 30 jours. Évidemment, plus l’on prend du temps pour les consultations plus ça prendra du temps avant le dépôt du règlement officiel. Je n’ai pas d’opinion très tranchée là-dessus. Ce que j’entends du milieu, c’est que l’on veut avoir plus de temps pour consulter les documents, les règlements. Au contraire, si l’on me dit qu’on veut aller vite et publier les trois en même temps, je suis très ouvert à ça aussi. »
Sauf changement, la prochaine session parlementaire doit débuter le 15 septembre.
Un autre sujet qui a fait partie des premiers mois de mandat du ministre a été la publication du plus récent rapport annuel du Commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge.
Rapport du Commissaire, le Fédéral veut faire mieux
Plusieurs points y ont été soulignés : une hausse des plaintes, un manque de res- pect des langues officielles dans des commissions d’en- quête publique du gouvernement fédéral ou encore de nouveaux pouvoirs dont a été doté le Commissaire lors de la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023 qui sont en attente de précisions réglementaires et de décrets gouvernementaux.
Là encore, selon Steven Guilbeault, « la mise en œuvre des règlements va nous permettre de régler un certain nombre de problèmes identifiés par le Commissaire. »
Pour le ministre, ces nouvelles informations mises de l’avant dans le rapport doivent permettre au gouvernement d’avancer.
« Il y a quand même une section importante du rapport qui parle du gouvernement fédéral en tant que tel. Ça, on n’a pas beaucoup d’excuses. C’est chez nous, c’est dans notre maison. Alors c’est à nous de nous assurer que les choses soient faites de façon correcte. »
Outre la scène fédérale, Steven Guilbeault suit attentivement ce qui se passe dans les provinces et territoires.
La Liberté l’a notamment interrogé sur le souhait du gouvernement manitobain de faire du Manitoba une province véritablement bilingue.
Manitoba bilingue? Le ministre encourage la province
À cette occasion, la Province a récemment lancé des consultations avec d’abord un sondage en ligne qui porte notamment sur les actions que pourrait entreprendre le gouvernement pour atteindre les objectifs de bilinguisme.
« J’ai publiquement salué ce désir du premier ministre Wab Kinew, de son gouvernement et du ministre Simard de faire du Manitoba une province bilingue. Je pense que c’est une excellente nouvelle pour la francophonie, pour le bilinguisme au pays. Si le gouvernement fédéral peut être d’une aide quelconque, ça appartient au gouvernement du Manitoba, mais si on peut aider d’une façon ou d’une autre, ça me fera plaisir de le faire », commente Steven Guilbeault.
Le ministre des Relations avec les Municipalités et le Nord et ministre responsable des Affaires francophones, Glen Simard, annonçait notamment plus tôt cette année l’intention de la Province de devenir membre observateur de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
« Encore une fois, si je peux faire quoi que ce soit pour les aider à ce niveau-là, je le ferai avec grand plaisir », soutient le ministre Guilbeault.
Au Canada, l’Ontario depuis 2016 et la Nouvelle-Écosse depuis 2024 sont membres observateurs.
Steven Guilbeault était d’ailleurs récemment encore plus près des besoins et des défis des provinces et des territoires alors qu’il assistait fin juin à son premier Conseil des ministres sur la francophonie canadienne (CMFC).
Plusieurs sujets sont ressortis de cette rencontre. Le ministre fait part d’un thème qui a fait consensus : la francophonie et l’économie.
« Il y a un potentiel national et international. Plus de 300 millions de francophones dans le monde. Alors il y a un intérêt économique pour nous de mettre de l’avant cette différence-là. C’est une richesse sur laquelle nous pouvons miser et ça ralliait, je pense, les gens d’un océan à l’autre. »
La prochaine rencontre du CMFC se tiendra à Winnipeg en 2026.