Retour sur un programme bien chargé et des rencontres productives.

Bertrand Pous, consul général de France à Toronto, a effectué une visite consulaire au Manitoba les 8 et 9 juillet.

« Il y avait plusieurs raisons à cette visite, explique celui qui avait promis en prenant ses fonctions de consul général en septembre 2023 qu’il se rendrait en personne au Manitoba au moins trois fois par an.

« D’abord, je devais installer officiellement le nouveau consul honoraire de France à Winnipeg, Cyril Cordova, dans ses fonctions. Après plusieurs mois sans personne à ce poste, dès qu’on a eu l’homologation des autorités canadiennes, je n’ai pas voulu perdre de temps!

« En outre, il y avait des thématiques d’actualité, à la fois économique avec la nouvelle donne imposée par les États-Unis, mais aussi en matière de coopération universitaire, culturelle et de la francophonie, dont je souhaitais discuter avec le Premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, et d’autres interlocuteurs. »

Ambitions bilingues

C’était la seconde rencontre de MM. Pous et Kinew. En matière de francophonie, les deux hommes politiques ont discuté de la volonté du Premier ministre de faire du Manitoba une province bilingue, un travail de longue haleine qui sera compliqué par la récente politique migratoire fédérale.

« Ça va rendre l’attractivité de la main-d’œuvre francophone plus difficile, mais M. Kinew m’a dit qu’il y avait des discussions en cours avec le gouvernement fédéral pour faire en sorte que les restrictions soient mieux adaptées à la situation particulière de chaque province.

« Et de notre côté, sans bien sûr se substituer aux autorités fédérale ou provinciale, nous avons discuté de comment nous pourrions aider le Manitoba à attirer les francophones, par exemple par la coopération universitaire. »

En effet, Bertrand Pous a également rencontré l’Université de Saint-Boniface (USB), qui est en train de signer un accord de mobilité étudiante avec l’Université de Clermont-Ferrand en France.

« Six étudiant.e.s de l’USB en Sciences de l’éducation partiraient à Clermont-Ferrand, et six étudiant.e.es de Clermont-Ferrand viendraient étudier à Saint-Boniface, explique le consul général. C’est d’autant plus exemplaire qu’en matière de mobilité étudiante, il y a souvent une forte asymétrie. Pour dix étudiant.e.s français.es qui viennent au Canada, on ne compte souvent qu’un.e étudiant.e canadien.ne qui va en France. »

Scène internationale

Autre sujet de discussion : la volonté de Wab Kinew de rendre le Manitoba plus visible et présent sur la scène internationale francophone.

« M. Kinew a le projet de candidater au statut de membre observateur au sein de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), précise Bertrand Pous.

« En tant que membre fondateur de l’OIF, la France pourra accompagner le Manitoba dans ce cheminement. La France ne prend pas seule la décision d’accepter ou non un membre observateur, mais le Manitoba a clairement des arguments à faire valoir en termes de francophonie. »

La candidature manitobaine sera examinée lors du prochain Sommet de la Francophonie à Siem Reap, au Cambodge, à l’automne 2026.

Wab Kinew a également confirmé à Bertrand Pous la volonté du Manitoba de faire plus que jamais de l’Europe et de l’Asie des marchés d’échanges commerciaux prioritaires pour contrer les tarifs imposés par les États-Unis.

« On a déjà un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada en vigueur, mais il est sans doute sous-utilisé par rapport au potentiel réel. Donc c’était une très bonne nouvelle, et la France comme le Manitoba pourraient en bénéficier », se réjouit M. Pous.

Il organisera prochainement une mission pour évaluer plus en profondeur les potentialités en matière d’investissements et d’échanges commerciaux avec le Manitoba.

Rencontrer les ressortissants français

Enfin, le consul a pu rencontrer le directeur général de l’Alliance française du Manitoba, Nicolas Michelland, pour faire le point sur les activités de l’Alliance, et découvrir le Théâtre Cercle Molière (TCM), centenaire.

« J’étais impressionné. Alors que tant d’autres théâtres francophones, y compris à Toronto, peinent à avoir leur propre lieu, le TCM a son lieu, une programmation dense et ambitieuse, du soutien de tous les paliers de gouvernements, et il sait réunir la communauté francophone du Manitoba dans toute sa diversité, et même la communauté anglophone grâce à un système de sous-titrage sur tablette! »

Il a aussi rencontré les Français établis au Manitoba lors d’une soirée le 8 juillet. Ceux-ci ont exprimé leur soulagement d’avoir de nouveau un consul honoraire à Winnipeg pour les appuyer dans leurs éventuelles démarches administratives avec la France, comme les demandes et renouvellements de passeports, de carte d’identités, ou encore les procurations pour les élections qui se tiennent en France. 

« Les démarches administratives se font de plus en plus à distance, ce qui est bien pour les populations éloignées, mais pas sans défis, reconnaît M. Pous. Donc c’est bien d’avoir quelqu’un sur place pour répondre aux questions. »

Par ailleurs, M. Pous a profité de son passage en terre manitobaine pour remettre les insignes d’Officier de l’Ordre des Palmes académiques à Lise Gaboury-Diallo, écrivaine et professeure d’université franco-manitobaine.