Marier l’art visuel, l’édition sonore et la technologie, est ce qui démarque HYPERART dans la scène artistique locale. Reconnaissable par leurs installations techno-futuristes surréalistes, mêlant couleurs vives et ambiances sonores, HYPERART embellit les murs du Centre culturel franco-manitobain (CCFM) depuis 2022.

À chaque année, un nouveau thème vient s’ajouter à cet univers. Rayannah et Stéphanie Kuse, les directrices de ce collectif artistique bilingue, nous invitent à explorer Topologies, la nouvelle exposition de HYPERART 2025.

Un univers en évolution constant

D’abord né comme un projet de commissariat en 2022 pour Nuit Blanche au CCFM et au Théâtre Cercle Molière (TCM), HYPERART s’est peu à peu concrétisé en un collectif artistique au fil des années.  Rayannah, la réalisatrice sonore et directrice artistique exécutive explique : « Le festival HYPERART est un événement annuel mais aussi une boîte de commissaires qui produit et présente des événements au long de l’année. » Elle ajoute que le projet s’est développé de façon organique et a pris de l’ampleur grâce à l’enthousiasme de la communauté et du travail des artistes et des partenaires. »

« L’univers de HYPERART change un peu, mais en gardant la même esthétique chaque année », affirme Rayannah.

« Ce sont vraiment les œuvres audiovisuelles qu’on crée en résidence en petite cohorte d’artistes qui nous permettent de créer le ton pour chaque année. » Le thème de cette édition : Topologies. Le mot désigne des configurations qui illustrent la façon dont les éléments de différents réseaux s’interconnectent et s’influencent mutuellement.

« C’est en quelque sorte la réalité de notre communauté artistique : nous créons chacun séparément, mais toutes nos créations dépendent les unes des autres », explique Rayannah.

« C’est un thème qui peut s’appliquer à beaucoup de choses. Il est intéressant de réfléchir à la topologie de nos communautés, de la nature, mais aussi à celle de la technologie. Nous avons été particulièrement intéressés par le fait que ce thème puisse s’appliquer à la technologie, qui occupe une place importante dans notre festival, car nous intégrons beaucoup d’aspects médiatiques. »

Une Topologie de création

Stephanie Kuse, l’artiste de projection, graphiste et directrice artistique de HYPERART, explique le concept visuel du thème du festival de cette année, « Le thème s’inspire d’une végétation luxuriante et d’un autre monde, et imagine à quoi ressemblera le monde dans des centaines et des milliers d’années. Le thème de l’année dernière était chaud et électrique, nous avons donc pensé qu’il serait intéressant cette année d’opter pour quelque chose de plus serein et organique. »

En juin s’est tenue une semaine de co-création au TCM, ou les directrices artistiques ont reçu les collaborateurs invités : Kelly Bado, Daniel Roy et Olivier Macharia pour des « sessions éclairs » de productions musicales/sonores. C’est à travers son projet de Raver Rouge – qui incorpore un son électrique mélange de percussion, batterie, et beatmaking – que Daniel Roy a reçu l’invitation de se joindre à l’exposition de HYPERART.

Il témoigne du processus de collaboration : « C’est avec des sessions individuelles avec Rayannah et Steph que les musiciens enregistrent la musique. On était littéralement immergé dans un monde sous-marin phosphorescent. Ça a beaucoup inspiré le processus créatif. »

Rayannah explique que les artistes travaillaient dans l’espace du TCM avec un grand écran où était projeté le travail de l’artiste visuelle. « À mesure que Steph travaillait et conceptualisait le visuel, on pouvait aussi voir ce qui se passait visuellement sur l’écran », dit-elle.

« Le style est finalement le résultat de ce que nous avons ressenti à ce moment-là, et de la même manière, les arts visuels ont été créés selon l’interprétation de ce que nous avons créé musicalement », ajoute l’artiste-compositrice-interprète Kelly Bado.

Olivier Macharia, saxophoniste baryton et compositeur affirme que : « Les visuels ont influencé la musique et la musique a influencé les visuels » dans la création de cette installation audio-visuelle.  Il mentionne un point intéressant : l’aspect improvisé de ses compositions musicales. « Il n’y avait pas d’objectif précis quant au style que nous allions adopter, c’était simplement une pièce improvisée. Nous avons laissé la musique aller où elle voulait et nous l’avons simplement suivie », dit-il.

Rayannah récapitule le tout en mentionnant : « C’est un processus ou il y un peu de pression, mais il y a une belle énergie quand tout le monde se met ensemble pour créer. Chaque collaboration a mené à la création d’un paysage sonore sur lequel je travaille en ce moment pour les préparer à l’exposition. »

Illuminer la Nuit Blanche

Le vernissage de Topologies qui a eu lieu le 28 août a marqué le début de la saison pour HYPERART, qui s’étend jusqu’au 1 octobre. Il comprenait une séance de questions-réponses avec les deux directrices au centre de la galerie du CCFM, ainsi que le lancement de la bière HYPERART en collaboration avec Kilter Brewing.co

« Cette bière est une addition excitante à cette saison. C’est de couleur bleu-vert, ce qui correspond à notre esthétique phosphorescente.”

HYPERART est connu comme le campus central de saint Boniface pour l’événement annuel Nuit blanche. Le 27 septembre, HYPERART accueille plusieurs artistes et performances au CCFM et TCM pour illuminer la soirée. « Parmi les choses qui intéressent à HYPERART, il y a la collaboration – beaucoup des œuvres qu’on présente que ça soit des performances en direct ou des installations, de la danse, le drag, la contorsion, ou la musique, il y a souvent un côté collaboratif et innovateur à ce qu’on présente. »

Stephanie Kuse, l’artiste basée à Saskatoon, annonce que l’événement s’étend jusqu’en Saskatchewan cette année. « Nous présenterons une version de Topologies dans le cadre de la Nuit Blanche de Saskatoon », annonce-t-elle. « La version présentée à Saskatoon intégrera l’audio de l’œuvre, auquel s’ajoutera une projection interactive sensible aux mouvements des visiteurs, générant des motifs abstraits à partir du retour d’information. »