Dans le courant de l’été, le centre commercial Place Portage a débuté ses travaux de refonte.
Un projet de développement ambitieux, estimé à 650 millions $, dévoilé sous gouvernement provincial conservateur en 2023 et qui se met finalement en marche.
À l’hiver 2024, le groupe Winnipeg’s True North Real Estate Development (TNRED) faisait l’acquisition de l’édifice situé au 393 Portage.
Le centre commercial de 40 840 mètres carrés ouvrait ses portes pour la première en 1987, avec pour intention de « sauver » le centre-ville de Winnipeg, sans succès.
Mais l’idée de revitaliser le centre n’a pas été abandonnée pour autant, la preuve, avec cette transformation complète qui s’en vient.
Car c’est vraiment de ça qu’il s’agit.
Ginette Lavack, députée fédérale libérale pour la circonscription de Saint-Boniface-Saint-Vital, rappelle que le gouvernement fédéral avait annoncé 10 millions $ envers le projet en 2024 à travers Développement économique Canada pour les Prairies (PrairiesCan).
Le nouveau site devrait comprendre la création de logements abordables, un magasin d’épicerie, un centre de soin de santé et l’inclusion de services et de commerces divers.
L’on espère donc que cette réinvention de l’espace viendra changer la réputation actuelle de l’endroit, mais aussi permettra de redonner vie à un centre-ville qui dépérit.
« Cela permettra la création de nouveaux emplois, mais aussi la venue d’entrepreneurs. Il y aura toujours un espace commercial. Il y aura naturellement plus de vie. »
Marc Vachon est urbaniste et professeur au sein de l’Université de Winnipeg.
Il rejoint la députée sur ce constat. En plus de l’impact de la mise en place de nouveaux logements, il souligne en particulier les effets de la création d’un centre de santé.
« Plus de personnes viendront travailler en centre-ville. Ça va ramener de la population et des piétonniers. Si la fréquentation s’intensifie, ça va stimuler la création de commerces aux alentours. »
C’est donc un enjeu important du point de vue du gouvernement fédéral également.
Ginette Lavack confie que le dépérissement des centres-villes est un problème récurrent à l’Ouest. Pour elle, il en va de la santé des communautés.
« La santé de nos communautés compte vraiment pour le gouvernement. C’est un sujet qui a été largement abordé pendant la campagne. Le coût de la vie est élevé, et nous voulons rendre les choses plus abordables et accessibles. La sécurité est aussi un enjeu majeur : nous souhaitons attirer des gens vers le centre-ville et rendre les espaces plus sûrs. Le simple fait d’avoir une présence accrue dans ces lieux contribue à renforcer le sentiment de sécurité. Nous devons investir dans nos communautés. Il faut travailler à la revitalisation des centres de nos villes, ça fait partie de nos responsabilités comme gouvernement fédéral. »
Dans la perspective de l’aboutissement d’un projet d’une telle envergure, les retombées économiques peuvent donc être anticipées assez facilement.
Mais ces changements auront aussi un effet sur la communauté qui fréquente actuellement les abords de la rue Portage.
Marc Vachon souligne un « clivage », aujourd’hui au sein de la population du centre-ville. Il fait mention d’une partie composée de travailleurs cols blancs et d’étudiant de passage en ville pendant leurs heures de travail. Pour le reste,
« il y a environ 18 000 personnes qui vivent là et ils sont tous dans la tranche basse en terme de salaire. À côté, il y a 65 000 personnes qui sont en centre-ville pendant la journée, mais ils sont tous partis à 17 h.
Le projet comprend l’ouverture d’une épicerie et ça serait important. La population résidentielle est trop basse pour que l’installation soit viable pour les commerces. »
Selon le professeur il est possible que la revitalisation du centre-ville provoque des mouvements au sein de la communauté. En particulier au sein de la tranche la plus pauvre. Il note toutefois avec optimisme :
« Les projets vont donner des logements abordables et un centre culturel, ça peut peut-être jouer un rôle pour atténuer ces déplacements. Mais ça va prendre une génération pour changer notre centre-ville. »
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