L’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM) réaffirme son engagement en faveur de la culture et de la transmission intergénérationnelle avec la deuxième édition du Festival du film autochtone. L’évènement se tiendra du dimanche 28 au mardi 30 septembre 2025, dans l’auditorium Martial-Caron de l’Université de Saint-Boniface.
Ce festival tend à s’imposer comme un rendez-vous annuel, mêlant à la fois le monde du cinéma et la culture métisse.
Gratuit et ouvert à tous, l’évènement tend à devenir un moment phare du calendrier culturel manitobain.
Parmi ces trois journées de cinéma gratuit, deux sont destinées au grand public et une, celle du lundi, est réservée aux programmes scolaires (1), avec une variété dans le catalogue qui comprend des films en français, sous-titrés en français, ou avec des sous-titres qui alternent afin de toucher le plus de monde.
Grâce au soutien de partenaires tels que l’Université de Saint-Boniface, le gouvernement du Manitoba ou encore la Société de la francophonie manitobaine (SFM), le festival reste accessible gratuitement une année de plus.
Fondée en 1887, l’UNMSJM est l’une des plus anciennes organisations métisses francophones.
En relançant le Festival du film autochtone pour une deuxième année consécutive, l’UNMSJM inscrit son action dans une logique de continuité et de transmission.
Ici, l’objectif est multiple, il s’agit d’ancrer le festival dans le territoire et de « mettre l’accent sur des productions locales comme Manito Media et Wookey film », affirme Mélanie Bédard, coordonnatrice du projet.
Le festival vise également à apporter de la lumière sur la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, qui aura lieu le mardi 30 septembre, ainsi que la semaine de la vérité et de la réconciliation pour, comme l’explique la coordonnatrice, « permettre une réflexion pendant ce temps spécifique de l’année ».
Trois jours, trois volets
« C’est un festival qui dépasse la projection de films, souligne Mélanie Bédard, c’est un outil de dialogue et de reconnaissance mutuelle entre Autochtones, Métis, francophones et anglophones. »
Au programme de la première journée, l’on retrouve trois projections, deux épisodes de la série documentaire Michif Country, initialement co-produite par Charles Lavack et produite par Manito Media, et le documentaire Mémère Métisse, de Janelle Wookey, sorti en 2008 et produit par Wookey film.
La série documentaire Michif Country, par un paysage unique, nous fait découvrir la communauté métisse de Saint-Laurent.
Cette série invite à la découverte de la culture et du langage métis, dans un lieu qui compte l’une des plus larges, mais aussi l’une des plus anciennes, communautés métisses d’Amérique du Nord.
La deuxième projection, le court-métrage Mémère Métisse, réalisé par Janelle Wookey, nous plonge dans le passé de sa famille.
La cinéaste y explore son histoire familiale, sa relation avec sa grand-mère et soulève la question de l’acceptation, en ouvrant la discussion sur l’héritage métis. Une œuvre qui représente une quête personnelle et qui illustre le thème de la transmission culturelle entre les générations.
Programmation
En réunissant ces deux œuvres le même soir, le festival met en valeur l’articulation entre mémoire familiale et histoire collective, tout en soulignant l’importance de l’affirmation identitaire aujourd’hui.
La clôture du festival sera marquée par la projection de Kanehsatake: 270 ans de résistance, documentaire phare de la réalisatrice Alanis Obomsawin.
Ce film documentaire nous plonge dans les événements de l’été 1990.
À Kanehsatake, village Mohawk voisin d’Oka, et à Kahnawake, un litige a lieu autour d’un projet de développement domiciliaire de grand luxe et de la construction d’un terrain de golf sur des terres Mohawk.
Le projet a été approuvé par la municipalité, mais les habitants ont continué de se plaindre au cours des années qui ont suivi, menant en juillet 1990 à des confrontations inédites.
La réalisatrice documente donc les échanges avec la police, les tirs, les témoignages d’habitants et de manifestants.
Elle documente les 78 jours qu’elle a passés sur les barricades. C’est un choix de film qui a une portée historique, culturelle et identitaire importante, pour l’UNMSJM.
Plus de 30 ans après, l’œuvre conserve une portée politique et sociale majeure. Mélanie Bédard rappelle que les enjeux de territoire n’ont pas disparu, ainsi « 35 après cette confrontation, c’est encore un sujet qui est d’actualité. Les peuples autochtones sont encore en train de s’assumer, et de tenter de reprendre leur terrain ».
Ouvrir le dialogue
Dans une logique d’engagement éducatif, le festival invite les écoles à participer à la deuxième journée destinée à la programmation scolaire (1).
La coordonnatrice marque l’importance pour les écoles « surtout dans le contexte de réconciliation, de venir voir des productions autochtones, métisses, et de mettre la discussion dans les salles de classe », déclare-t-elle.
Au-delà des projections, l’évènement souhaite créer un espace de rencontre.
En ce sens, une petite réception sera organisée entre les projections des deux épisodes de Michif Country.
Une séance de questions-réponses sera organisée à la fin de chaque œuvre, pour dépasser le simple cadre cinématographique. Une soirée qui promet de mêler cinéma, mémoire et dialogue.
« J’aimerais que les spectateurs sortent de ce festival en se disant qu’ils ont vu de la beauté, de l’amour et une résilience incroyable dans la communauté autochtone », conclut Mélanie Bédard.
(1) Les écoles peuvent s’inscrire en visitant le site web de l’UNMSJM ou en contactant Mélanie Bédard au courriel [email protected].