« Pour chaque tranche de 100 infirmières de moins de 35 ans qui se sont inscrites pour exercer au pays, 40 autres n’ont pas renouvelé leur permis d’exercice en 2023 », souligne Emmanuelle B. Faubert, économiste à l’IEDM et auteure du rapport. C’était 36 en 2014.

Les résultats concernant le Manitoba, basés sur l’indicateur mesurant le ratio entre les sorties et les entrées annuelles dans la profession infirmière chez les moins de 35 ans, présentent aussi une détérioration de la situation.

Situation difficile au Manitoba en 2023

En 2023, le Manitoba affichait un ratio de 0,58, soit une hausse de 97 % par rapport à 2022. 

Seules les provinces du Nouveau-Brunswick (0,62) et de Terre-Neuve-et-Labrador (0,98) ont un ratio plus élevé.

Par ailleurs, le Manitoba a enregistré une augmentation de 127 % de ce ratio depuis 2014. 

La quasi-totalité de cette forte hausse observée dans le ratio depuis dix ans s’explique par d’importants pics de départs enregistrés en 2023, explique le rapport.

Pour information, selon le College of Registered Nurses of Manitoba, la province comptait, lors du trimestre 2025, 14 956 infirmières et infirmiers titulaires d’un certificat d’exercice valide.

Un chiffre un peu moins haut que lors du quatrième trimestre 2024 (15 012), mais l’organisme s’attend à l’inscription de nouveaux postulants entre juillet et décembre 2025.

La personne ministre de la Santé, des Aînés et des Soins de longue durée a été interrogée sur ce sujet en marge d’une conférence de presse. Uzoma Asagwara rappelle le travail qui a été fait par son gouvernement depuis qu’il est pouvoir, mais ne nie pas qu’il reste encore des besoins.

« Le gouvernement a travaillé très dur pour améliorer les taux d’embauche nets des infirmières dans cette province. Il est très important pour nous de mettre en place des moyens pour que les nouvelles infirmières soient encadrées dans le milieu de travail.

« Nous allons continuer à travailler pour nous assurer de prendre les mesures nécessaires pour renforcer les soins de santé, ajouter du personnel en première ligne et créer des conditions de travail, notamment des lieux de travail plus sûrs et plus sécurisés, où les gens peuvent se sentir vraiment à l’aise pour prodiguer des soins à leurs patients », a notamment déclaré Uzoma Asagwara.

Au début du mois d’octobre, la Province annonçait avoir augmenté, depuis octobre 2023, les effectifs en santé de 3 397 dans l’ensemble de la province, dont 1 100 infirmières.

De plus en plus de postes vacants

L’on apprend aussi que les postes vacants dans le secteur des soins infirmiers ont plus que triplé en seulement cinq ans au Canada, passant de 13 178 en 2018 à 41 716 en 2023.

« Cet exode croissant aggrave la pénurie de personnel de la santé et exerce une pression encore plus forte sur un système déjà fragilisé », a ajouté Emmanuelle B. Faubert.

L’économiste pointe plusieurs raisons pour expliquer cette situation. Il y a d’abord la question des conditions de travail.

Plus d’un tiers des répondants à l’enquête 2025 de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et d’infirmiers (FCSII) ont déclaré avoir effectué des heures supplémentaires involontaires au cours des six derniers mois.

Aussi, près de six répondants sur dix (59 %) ont été victimes d’une forme de violence ou d’agression dans le cadre de leur travail au cours de la dernière année.

Également, une infirmière sur quatre (25 %) a présenté des symptômes qui correspondent à un diagnostic d’anxiété, de dépression ou d’épuisement professionnel.

Plusieurs recommandations sont avancées pour améliorer la vie de ces professionnels. Parmi elles, l’on peut noter l’amélioration de la flexibilité. Le rapport prend l’exemple de la Colombie-Britannique qui permet aux infirmières d’échanger leurs quarts de travail sans approbation administrative.

Mieux intégrer les nouvelles recrues et l’amélioration du système de rémunération sont aussi des pistes envisagées.