Web, réseaux sociaux, intelligence artificielle, les sources d’informations ne manquent pas de nos jours. Mais face à cette abondance, il est souvent difficile d’y voir clair et de démêler le vrai du faux.
Fondée par HabiloMédias en 2005, la Semaine éducation médias du Canada participe justement à aider à mieux comprendre et maîtriser cet univers.
Marc-Alexandre Ladouceur est spécialiste de l’éducation aux médias à HabiloMédias. Face à toutes les innovations technologiques, est-ce que son travail est rendu plus difficile à faire aujourd’hui?
« C’est complexe, c’est certain », lance le spécialiste.
« Les créateurs de contenus ne sont plus les créateurs classiques, n’importe qui devient créateur aujourd’hui en partageant, en remixant du contenu, l’intelligence artificielle rendant la chose à la fois plus facile, plus accessible, mais aussi plus facile à duper », ajoute-t-il.
« Le métier d’aujourd’hui demande de se retourner vers des concepts plus simples, c’est-à-dire la vérification facile et accessible, la protection des données et un certain activisme pour la littératie aux médias numériques, afin de répondre à ces questions complexes », souligne Marc-Alexandre Ladouceur.
Mais comme tout le monde n’est pas formé à la littératie aux médias numériques, et que tout le monde, spécialiste ou non, peut être dupé comme le dit Marc-Alexandre Ladouceur, quelles sont alors les bonnes pratiques à adopter? Et, surtout comme réagir face à la désinformation ou la haine en ligne?
« La meilleure façon, c’est de se prémunir », dit d’abord l’expert.
« Je pense par exemple aux questions d’empathie.
« On a souvent tendance à penser, quand on parle à quelqu’un face à face, que c’est plus facile d’être empathique parce qu’on trouve tous les traits, les expressions, les mouvements, les tons. Et on aurait raison, parce qu’une fois que ces traits-là ont disparu, on ne sait pas toujours comment réagir. D’ailleurs, on a tendance à réagir comme si le message avait été envoyé dans le sens le plus négatif possible.
Donc, si on est capable de faire ce qu’on appelle un mapping, c’est-à-dire de penser à toutes les façons dont j’aimerais me faire traiter en ligne et ensuite, avant d’agir envers n’importe qui, passer par la liste pour s’assurer qu’on ferait la même chose aux autres. »
Marc-Alexandre Ladouceur appelle donc à l’empathie en ligne. Et pour la vérification des faits, HabiloMédias a lancé il y a quelques années Faux que ça cesse!, un site Web qui aide à de savoir ce qui est vrai sur l’Internet.
En cette Journée de la citoyenneté numérique, Marc-Alexandre Ladouceur rappelle l’importance d’encourager des sentiments plus positifs. Il donne d’ailleurs sa définition d’un bon citoyen numérique.
« Au bout de la ligne, un bon citoyen numérique, dans ses pratiques les plus concrètes, à tous les jours, va prendre le temps d’essayer de transformer son environnement le plus direct en ligne en une expérience plus positive, en programmant son algorithme pour voir des vidéos qui lui font plaisir, en interagissant de façon positive et créative, et en produisant du matériel qui encourage ces mêmes interactions. »
En revanche, Marc-Alexandre Ladouceur en est conscient, c’est faisable, mais ça prend du temps, car l’on est « quand même en train de travailler à l’intérieur de bulles sociales », observe-t-il.
« Ça commence avec ces changements simples et faciles-là pour ensuite aller offrir des transformations plus larges et qui prennent plus de temps », conclut Marc-Alexandre Ladouceur.


