Les spectacles du 100e anniversaire du Théâtre Cercle Molière sont tous accompagnés de leur propre identité visuelle. Un travail de précision et d’adaptation que détaille l’artiste Arielle Morier-Roy.
Alors qu’elle a rejoint l’équipe du Théâtre Cercle Molière (TCM) depuis quasiment dix ans, Arielle Morier-Roy se souviendra longtemps de ce projet.
Après avoir signé l’image des saisons 2018-2019 et 2022-2023, Arielle Morier-Roy a de nouveau été choisie pour cette année anniversaire et a élaboré l’identité visuelle du Siècle Molière, comme il est appelé par le TCM.
Le premier spectacle de la saison, Pauline Boutal, entre les toiles et les planches, a débuté il y a quelques jours, le public a déjà pu apprécier le travail d’Arielle Morier-Roy, car les visuels de tous les spectacles de la saison sont notamment disponibles sur le site Web du TCM. L’artiste confie avoir déjà reçu des avis très positifs.
Passé et futur
« C’est toujours intéressant, contrairement au théâtre où le public réagit au fur et à mesure que tu crées ton art. Quand on parle d’art visuel, souvent les gens sont témoins quand je ne suis pas autour », remarque-t-elle.
Par le TCM, l’identité graphique de cette saison est décrite comme un « hommage au passé et une promesse pour l’avenir ».
Alors qu’Arielle Morier-Roy a eu carte blanche pour façonner ces visuels, elle explique ce qui l’a inspirée.
« J’ai voulu m’inspirer de ce qui attire mon attention. Je voulais m’inspirer de quelque chose de très coloré, de très vivant, de très détaillé. En partie, j’ai tiré inspiration des affiches graphiques de l’art nouveau, de l’art déco aussi.
« On peut penser à de grandes dames entourées de feuilles, de fleurs et de toutes sortes de détails. On peut aussi penser à des vitraux. Je me suis un peu inspirée de certains vitraux qu’on peut trouver dans des églises, mais aussi dans beaucoup de vieux bâtiments. Donc, il y avait cette idée de ramener ça un peu arrière, en gardant un effet moderne. C’est un peu un mélange d’ancien et de nouveau. »

Arielle Morier-Roy invite également le public à s’attarder sur quelques-unes des affiches. Elle parle notamment des détails que l’on peut voir dans l’affiche de la pièce à propos de Pauline Boutal.
« Sur cette affiche, l’on retrouve Pauline qui est entourée de toute une panoplie de personnages. Et ces personnages, je les ai retracés à partir des vraies œuvres de Pauline Boutal. Il y a des croquis de mode, beaucoup de croquis de costumes qu’elle faisait pour le théâtre, mais aussi certaines de ses grandes peintures, par exemple le portrait de son époux Arthur Boutal, ou même le portrait de La Vérendrye. Alors, si les gens regardent cette affiche, ils peuvent certainement les reconnaître. »
La graphiste précise par ailleurs que c’est l’affiche du spectacle Ô Canada, té qui toi?, à découvrir au TCM en février 2026, qui lui a pris le plus de temps à faire. Ce spectacle parle notamment du vivre-ensemble et pour plusieurs raisons, composer ce visuel était particulièrement un défi, se rappelle Arielle Morier-Roy.
Des affiches aux multiples détails
« Déjà, il y a quatre différents personnages et plusieurs éléments à intégrer pour donner une idée du sujet. Les personnages parlent beaucoup de leur culture, de leur héritage. Donc, on voulait amener des éléments de culture africaine. C’est pourquoi j’ai pris certains éléments de patrons de tissus africains, en ciel en arrière, aussi des éléments de perlage métis. Mais je voulais aussi donner l’impression qu’on était au Manitoba rural. Alors, comment combiner toutes ces choses-là, sans que ce soit trop occupé? Ça a été une bonne réflexion au moment de la conceptualisation. »
Parce que le but primaire de ce genre d’affiche, c’est bien de promouvoir le spectacle qui prendre place sur les planches du théâtre, Arielle Morier-Roy cherche aussi à partager des émotions qu’on pourra possiblement retrouver dans les pièces.
« Je ne vais certainement pas te dévoiler le spectacle, et je vais laisser ça à l’interprétation. Mais en regardant une affiche, ça devrait te donner un certain sentiment, peut-être un petit peu de l’aura générale d’un spectacle », indique-t-elle.
Enfin, au-delà de la partie visuelle, ces affiches feront partie de l’histoire du TCM. Elles seront pour toujours les affiches du 100e anniversaire de la compagnie. Alors, au moment de la création, a-t-elle pensé à cet aspect historique?
« Oui et non. Je ne pense pas les avoir conçues dans l’espoir qu’on les regarde encore dans 100 ans. Mais en même temps, je voulais créer des morceaux d’art, d’une certaine façon, que les gens seraient fiers d’avoir et d’afficher chez eux. »


