Je donne en famille consiste à lever des fonds pour l’avenir du carré civique. La particularité de ce soutien c’est qu’il implique différentes générations, notamment les plus jeunes qui peuvent parfois se sentir éloignés des sujets liés au patrimoine.
David Dandeneau tente de partager son engagement à tous et à différentes générations.
Le membre du conseil d’administration des Ami.e.s du Carré civique de Saint-Boniface (ACCSB) a eu l’idée de lever des fonds pour notamment assurer des dépenses opérationnelles et à terme préparer également le processus d’appel d’offres que s’apprête à lancer la Ville de Winnipeg.
C’est à travers l’ACCSB, qui a reçu le statut officiel d’organisme de bienfaisance et peut donc recevoir des dons depuis mars 2022, que le monde pourra donner ponctuellement pour cette campagne. (1)
« Ça va payer notre site Web parce qu’on a un contractuel qui le met à jour, puis on a aussi de l’assurance et une variété de petites dépenses », fait savoir David Dandeneau.
« Donc, on s’est dit qu’il faut avoir une campagne quelconque. Puis là, au niveau du CA, certains ont dit qu’on n’avait pas le temps de faire ça maintenant », indique David Dandeneau.
« Alors, j’ai proposé une autre alternative : faire une mini-campagne à l’interne et encourager les familles. »
L’idée est donc de passer à travers les familles de membres des Ami.e.s. du Carré civique de Saint-Boniface et récolter de l’argent. Atteindre la somme totale de 10 000 $ a été avancée.
« Pour ma famille, on a décidé de réunir 1 500 $. Alors, j’ai sollicité mes enfants et mes petits-enfants. C’est vraiment une campagne intergénérationnelle », lance David Dandeneau.
« Une campagne intergénérationnelle »
Et dans sa famille, l’idée a fait du chemin et l’objectif de 1 500 $ a déjà été dépassé, nous a confirmé David Dandeneau.
À travers l’initiative Je donne en famille, l’objectif de David Dandeneau était aussi d’intéresser les plus jeunes au sort des bâtiments qui composent le carré civique « pour qu’ils sentent qu’ils ont une partie de ça », dit-il.
« Il faut transférer à la prochaine génération », ajoute-t-il.
Et justement Justin, 20 ans, et Amélie Dandeneau, 22 ans, ont répondu à l’appel de leur grand-père.
Évidemment, les deux jeunes adultes, du fait de l’histoire de leur famille, ont régulièrement été sensibilisés à ces questions. Mais là, ce projet représentait une opportunité d’être encore plus concrètement impliqués.
« Je trouve que c’est très important, parce qu’on veut garder la francophonie en vie », signale Justin Dandeneau.
Le jeune étudiant à la faculté de droit de l’Université du Manitoba a même prévu d’être présent à la prochaine assemblée générale annuelle des Ami.e.s du Carré civique de Saint-Boniface, le 19 novembre, après les portes ouvertes du carré civique.
« C’est le cœur de Saint-Boniface! », souligne Amélie Dandeneau, en faisant référence aux bâtiments du carré civique.
« Quand mon grand-père David m’a expliqué un peu ce projet, tout de suite, j’étais intéressée parce que la francophonie a toujours été très importante dans notre famille », insiste Amélie Dandeneau qui étudie pour devenir enseignante.
Le legs aux jeunes générations
Au-delà de l’aspect financier, il y a donc bien cette question de legs.
Justin et Amélie Dandeneau le confirment : il peut être compliqué de réunir les plus jeunes générations autour des sujets liés à l’histoire, le patrimoine et la culture. Malgré une certaine déconnexion, ils pensent tout de même que des moyens existent. David Dandeneau, par exemple, a invité ses petits-enfants à visiter ces bâtiments.
« Quand je marche dans Saint-Boniface avec mes amis, l’on voit ce patrimoine. Que ce soit au Musée de Saint-Boniface ou bien sûr près de l’ancien Hôtel de Ville, ça nous rappelle toute l’histoire », commente Amélie Dandeneau.
« Certains des jeunes ne connaissent peut-être pas autant l’histoire et le travail que nos ancêtres ont fait pour garder le français en vie. Moi, j’étais exactement comme ça quand j’avais 10, 11 ans. Mais peut-être c’est juste une question d’âge, parce qu’en vieillissant, j’ai aimé parler en français, faire des blagues en français », constate Justin Dandeneau.
« Si ce sont seulement les gens les plus âgés qui participent, aussitôt qu’eux autres ne sont plus là, la cause meurt. C’est vraiment important d’impliquer les jeunes pour que l’on puisse continuer la cause », dit-il.
Invitée à participer à cette campagne, Bintou Sacko, aussi membre du conseil d’administration des ACCSB, tente également de partager ce goût de la francophonie, du patrimoine à son fils.
Elle parle d’une « initiative qui est extrêmement importante pour la communauté franco-manitobaine ».
« Nous, nous sommes la génération des immigrants qui sont arrivés, on est là pour bâtir la francophonie et nos enfants ne sont pas forcément des immigrants parce qu’ils sont nés ici, mais quand même, c’est important de les amener un peu à poursuivre le travail que nous avons commencé », commente la directrice générale de l’Accueil francophone.
Bintou Sacko confirme avoir eu plusieurs discussions avec son fils de 21 ans, Oumar Gorel Cissé, sur ces sujets. Elle souhaite l’inspirer par son engagement.
« Je suis engagée sur plusieurs fronts. De plus en plus, j’essaie de le ramener un peu quand on a des séminaires, quand on a des sessions où il peut participer ou quand il y a des projets. J’essaie de l’amener pour qu’il voie un peu ce qui se passe, de quoi on discute. Donc, sans pour autant le forcer, j’essaie de susciter cet intérêt-là en le faisant participer.
« Quant à la question du patrimoine, on en a déjà parlé, et il faut qu’on en parle encore davantage. « Il faut commencer quelque part », conclut Bintou Sacko.
(1) Pour soutenir cette campagne et faire un don en cliquant sur l’onglet Fonds ponctuel.


