Le nouveau rapport de l’Institut pour la citoyenneté canadienne (ICC) et du Conference Board of Canada, intitulé Des occasions manquées 2025 : Rétention difficile des immigrants très qualifiés et professions à forte demande, met en lumière une tendance persistante et préoccupante : la migration ultérieure des immigrants au Canada.
Au cours des 25 dernières années, le Canada a perdu un immigrant sur cinq en raison de la migration de départ, souligne le document. Plus spécifiquement, le risque de migration de départ culmine cinq ans après l’arrivée.
Le constat
Le taux annuel moyen de migration de départ a augmenté, passant de 0,6 % en 2018 à 0,9 % en 2021.
Par ailleurs, il est mentionné que le risque de migration de départ augmente avec le niveau d’éducation.
Les immigrants titulaires d’un doctorat sont près de deux fois plus susceptibles de quitter le Canada dans les 5 ans suivant leur arrivée que ceux qui détiennent un baccalauréat.
Au bout de 25 ans, les titulaires d’un doctorat sont plus de deux fois plus susceptibles de partir que ceux qui ont un niveau d’études secondaires ou inférieur.
Des défis économiques sont également présentés dans le rapport.
Les immigrants dont les revenus sont stagnants ou en déclin présentent des taux de migration de départ plus élevés dans les 15 ans suivant l’arrivée que ceux dont les revenus augmentent.
Cette tendance est particulièrement prononcée chez les titulaires d’un doctorat, qui sont près de trois fois plus susceptibles de partir que ceux avec un baccalauréat lorsqu’ils sont confrontés à une croissance de revenu nulle ou négative.
Dans le détail, les taux de migration de départ sur 25 ans sont notamment les plus élevés pour : les immigrants ayant de l’expérience en tant que législateurs et cadres supérieurs (35 % partent) et les professionnels des sciences naturelles/appliquées, les artistes, et les professionnels de la santé (environ 25 % partent dans les 25 ans).
Des disparités géographiques
En examinant le taux moyen de migration de départ sur 25 ans (pour les cohortes de 1982 à 1996), les taux les plus bas ont été observés dans les régions suivantes : les Territoires (20,0 %), l’Ontario (22,0 %) et les Prairies (23,4 %).
A contrario, la région de l’Atlantique présente le taux de migration de départ le plus élevé de toutes les régions du Canada (36,2 %) suivi de la Colombie-Britannique (27,8 %) et du Québec (27,4 %).
Daniel Bernhard, Chef de la direction de l’Institut pour la citoyenneté canadienne, s’inquiète de voir les niveaux d’immigration se stabiliser, voire réduire.
« Diminuer l’immigration pendant la baisse de la rétention équivaut à continuer de verser de l’eau dans le même système qui fuit. C’est une profonde défaite que nous nous infligeons. Quand les immigrants les plus talentueux quittent le pays, nos besoins ne partent pas avec eux », a-t-il déclaré.
Pour pallier cette situation, l’Institut pour la citoyenneté canadienne (ICC) et le Conference Board of Canada présente plusieurs recommandations.
Parmi elles, l’on peut relever l’établissement d’un cadre de politique nationale de rétention ou encore des investissements dans des aides à l’établissement adaptées aux immigrants hautement qualifiés, telles que des programmes de transition, des parcours d’obtention de licence et des plans d’établissement personnalisés, afin de réduire le risque de migration ultérieure.



