À 5 ans, Éléonore découvre la natation synchronisée… dans sa langue maternelle. Grâce à la détermination de sa mère et à l’engagement de deux jeunes entraîneuses francophones, un tout nouveau programme voit le jour au club Aquatica. Une petite victoire pour la francophonie et pour l’inclusion dans le sport.

Âgée de cinq ans, la petite Éléonore se rend à la pratique de natation artistique tous les mardis après-midi. Grâce à la détermination de sa mère et de ses entraineuses, elle apprend sa discipline dans sa langue maternelle, le français.

« Elle adore danser, elle adore la musique et l’eau », nous dit sa maman, Geneviève Roy-Wsiaki.

« Ça fait des années que je me dis qu’elle adorerait la nage synchronisée. »

Le choix de l’activité s’est donc imposé naturellement. Mais avant qu’Éléonore puisse se lancer à l’eau, il fallait régler un détail. Après quelques recherches, Geneviève Roy-Wsiaki trouve un programme pour sa fille auprès du club Aquatica, seulement voilà, sa fille ne parle que le français.

« J’ai communiqué avec le club au début de l’été 2025, en expliquant qu’Éléonore ne parlait pas l’anglais. L’on m’a répondu qu’ils avaient des personnes bilingues et francophones. » Deux en particulier, Calla et Chloé Gosselin.

Âgée de 19 ans, Calla Gosselin pratique la natation artistique depuis plus de dix ans maintenant. Lorsqu’elle a commencé, elle non plus ne comprenait pas l’anglais. Sans surprise, elle s’est un peu reconnue dans l’histoire d’Éléonore. Elle et Chloé ont donc saisi l’opportunité de se manifester pour enseigner en français.

« J’étais vraiment heureuse d’apprendre que l’on avait au moins une athlète francophone. Ma sœur et moi ça fait plusieurs années que l’on espérait voir un programme en français ouvrir. Enseigner en français c’est un moyen de montrer ta fierté d’être francophone et en plus tu peux le faire en vivant ta passion pour le sport. C’était une occasion que l’on ne pouvait pas laisser passer. »

Calla et Chloé ont donc pris part aux conversations avec les gestionnaires du club. Les retours du côté du club par rapport à cette idée sont très positifs. Il fallait néanmoins régler quelques détails organisationnels.

« Ils ont dit que c’était une idée fantastique, mais que ça allait prendre un peu de temps pour le mettre en place et acquérir les ressources en français », se rappelle Calla Gosselin. Finalement, au mois d’octobre, le programme a vu le jour.

Pour Chloé Gosselin, 16 ans, la mise en marche de ce programme francophone est aussi une belle opportunité.

Contrairement à sa sœur, Chloé Gosselin a commencé la natation artistique en anglais.

Comme dans toutes les disciplines, le vocabulaire est assez spécifique et change évidemment en fonction de la langue dans laquelle on l’étudie.

« Pour moi, c’est intéressant parce que je dois lire les plans de cours en français et apprendre les différents noms des mouvements et positions. C’est un ajustement. »

Pour le moment, les ressources pour les pratiques et les routines sont disponibles en français dans le programme de Natation artistique Canada, Allez à l’eau!.

« Mais on adapte parfois en fonction de nos athlètes », souligne Chloé Gosselin.

Pour le moment, les deux sœurs enseignent aux jeunes de cinq à douze ans, mais elles espèrent poursuivre dans la voie du coaching et un jour, pourquoi pas, réparer leurs propres plans de cours en français pour des athlètes compétitifs.

À la recherche d’athlètes

Pour l’heure, la petite Éléonore est la seule à bénéficier de l’entraînement, en français, des sœurs Gosselin.

Maintenant que le programme existe, toutes les deux espèrent voir leur nombre d’élèves francophones augmenter.

« Dans l’un de mes cours en anglais, j’ai une fille qui parle français, raconte Chloé Gosselin. Je l’ai entendue parler avec sa mère. Elle a des petites sœurs qui sont amies avec Éléonore. Alors sa mère souhaiterait les faire rentrer dans le programme francophone. On espère que le bouche-à-oreille aussi permettra d’agrandir davantage le programme et d’en faire la promotion. »

C’est un point qui tient beaucoup à cœur à Geneviève Roy-Wsiaki qui a fait preuve de détermination pour que sa fille puisse pratiquer son sport dans sa langue.

« Le fait qu’Éléonore soit la seule inscrite pour l’instant m’inquiète un peu du message que cela envoie. Que peut-être ce n’est pas si important que ça d’avoir accès au sport en français. Mais je sais qu’ils travaillent à en faire la promotion, ce serait bien qu’il y est plus de francophones intégrés. »

La mère de famille espère aussi que cette histoire inspirera d’autres parents dans la communauté.

« Je suis très reconnaissante que le club ait reconnu la valeur ajoutée de ce programme. Je voudrais dire aux parents de continuer à demander ce qu’ils ont le droit d’avoir, de la programmation en français. »

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté