Dans une conférence de presse, qui sera sans doute sa dernière en tant que commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge a partagé certains des ses constats à mi-parcours du Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028.

Pour rappel, ce Plan d’action prévoit un financement de 4,1 milliards $.

Dans sa « vigie ciblée » Raymond Théberge s’est intéressé à six sujets :

– les Partenariats pour le renforcement de la partie VII de la Loi sur les langues officielles;

– la Politique en matière d’immigration francophone;

– le Centre d’innovation en immigration francophone;

– le Programme pour les langues officielles en santé;

– les ententes fédérale-provinciales-territoriales relatives à l’enseignement dans la langue de la minorité et à l’enseignement de la langue seconde;

– le Fonds d’habilitation pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire.

L’on peut relever certaines inquiétudes du commissaire.

En ce qui concerne l’immigration francophone, le commissaire note la nouvelle cible accrue de 12 % pour 2029 publiée par le gouvernement dans les Consultations de 2025 sur les niveaux d’immigration d’IRCC.

Constats et inquiétudes

Raymond Théberge évoque « un pas dans la bonne direction » même si « aucun horizon temporel ne soit visé pour le rétablissement du poids démographique des minorités francophones à 6,1 % tel que l’exige la Loi » (1).

Encore sur ce sujet, le commissaire fait remonter l’ « embarras » de plusieurs intervenants qui voient « le personnel d’IRCC (2) offrir aux nouveaux arrivants potentiels une vision du vivre en français qui minimise les difficultés auxquelles ils feront face en milieu linguistique minoritaire. »

La Liberté a interrogé le commissaire sur ce thème. Il attend notamment plus de clarté de la part des messages diffusés par IRCC.

« Il y a énormément de défis en matière d’employabilité, beaucoup de défis sur le fait d’être en mesure de travailler en français dans certaines de nos communautés. Et, trop souvent, l’on crée l’impression que l’on peut quitter, je ne sais pas quel pays, et aboutir à Saint-Boniface (par exemple, NDLR) et puis tout de suite commencer à travailler en français. Je pense que c’est important qu’IRCC soit très clair dans les messages qu’on donne aux futurs immigrants et immigrantes au Canada. »

L’on peut mentionner aussi le Protocole d’entente relatif à l’enseignement dans la langue de la minorité et à l’enseignement de la langue seconde.

« Les informations relatives à ces nouvelles ententes ont tardé à se rendre sur le terrain », dit le commissaire dans son rapport.

Patrimoine canadien a indiqué viser leur publication à la fin de novembre, peut-on également lire.

Cette disponibilité de l’information est « l’un des plus grands défis mentionnés par les parties prenantes. »

« Bon nombre d’intervenants clés en éducation n’étaient pas au courant de la façon dont les fonds allaient servir. Cette réalité les plaçait dans une situation précaire, surtout lorsque les intervenants se trouvent directement et financièrement impliqués dans la mise en œuvre du plan d’action découlant de l’entente en vigueur dans leur province ou territoire », est-il indiqué dans le rapport.

En conclusion

De manière générale, Raymond Théberge, malgré son optimisme, parle d’un bilan qui « reste mitigé ».

« En cette période de mi-parcours, je plaide l’urgence d’agir », écrit-il dans sa conclusion.

Il espère également « une transition fluide entre le plan actuel et le suivant » et « presse aussi les institutions fédérales d’éviter, autant que possible, tout bris de financement ».

(1) Loi sur les langues officielles. 

(2) Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.