Face à des défis financiers et structurels, le West End Cultural Centre de Winnipeg a récolté près de 70 000 $ en une semaine, dépassant largement son objectif initial et assurant ainsi la continuité de ses activités culturelles.
Depuis plus de trente ans, le West End Cultural Centre (WECC) opère comme un lieu de rencontre et de découverte pour de nombreux Winnipégois.
L’institution culturelle qui habite une ancienne église sur l’avenue Ellice n’est pas qu’une salle de spectacle, c’est aussi un lieu de vie, profondément ancré dans l’identité culturelle du quartier et de la ville.
Début décembre, l’organisme à but non lucratif lance un appel à la communauté.
Le WECC cherchait à récolter la somme de 50 000 $ avant la fin de l’année. Une demande qui a pu en surprendre plus d’un, mais qui s’est rapidement transformée en une démonstration forte de solidarité.
L’objectif initial n’a pas seulement été atteint, il a été dépassé pour frôler les 70 000 $ en une semaine.
À l’origine de cette crise, un besoin urgent de financement afin de stabiliser les opérations et éviter les coupes de programmes.
Raine Hamilton, violoniste et musicologue de formation, chargée de marketing et communication au WECC, explique : « La campagne, c’était pour adresser des problèmes qu’on avait sur du court terme, comme celui des rentrées d’argent. Si l’on peut demander un peu d’aide, ça nous met dans une meilleure position. Donc, il nous reste encore assez de temps pour faire des corrections, des ajustements pour que le travail au WECC soit durable. »
Au WECC, comme dans de nombreuses institutions culturelles au pays, les changements d’habitudes et de consommation se font ressentir.
Raine Hamilton assure remarquer des changements post-pandémie, elle exprime que de façon générale, « on sort moins, on achète moins de billets, moins de boissons, et pour le WECC c’est important car environ 50 % de nos revenus viennent des billets et des ventes d’alcool ».
Un secteur menacé
Les secteurs culturels font face à plusieurs défis structurels, et cette fragilité n’est pas propre au WECC.
Selon un rapport de Hill Strategies Research présenté au sommet Manitobans for the Arts en octobre dernier, les industries et organismes culturels ont enregistré depuis 2019 une baisse durable de la participation et de leurs revenus, malgré une forte production culturelle par habitant au Manitoba.
Le rapport dénote notamment un recul de l’impact économique des industries culturelles au Manitoba sur le PIB entre 2019 et 2023, et cela même si le Manitoba se distingue par une forte production culturelle par habitant, l’on pense ici à la consommation de spectacles et de concerts, d’audiovisuels et d’arts visuels.
La contribution économique des industries culturelles a donc nettement diminué depuis la pandémie. Un recul qui montre que la fréquentation et le financement restent fragiles, et menacent la pérennité des organismes culturels et artistiques.
Pour le WECC, les défis demeurent nombreux et Raine Hamilton mentionne d’ailleurs le bâtiment, « une vraie bâtisse, très vieille », dit-elle, comme étant un de ces défis.
S’ajoute à cela des systèmes qui auraient besoin de réparation mais aussi le toit car « parfois, il pleut dans le WECC », ironise la chargée de marketing et communication.
Perdurer
« C’est un grand soulagement de savoir que l’on peut continuer, ça nous donne assez de revenus pour planifier de façon plus confortable, grâce à cela on n’a pas besoin de prendre des mesures d’urgence. C’est très émouvant, on a reçu des messages encourageants, ou bien de personnes qui ont grandi ici, ou même commencé leur carrière ici », confie Raine Hamilton.
Ainsi, la levée de fonds organisée par le WECC contribue à la quête d’une pérennité pour l’organisme. Elle visait donc à répondre à un besoin urgent tout en permettant un redressement structuré, que le WECC planifie.
« On savait que si on ne demandait pas de l’aide, ça pourrait être perçu comme une sorte de trahison. Le public veut aider, et le WECC est important pour tellement de gens. »
L’avenir du WECC cherche à s’inscrire dans un équilibre qui assure viabilité et qui conserve l’essence du lieu.
L’organisme souhaite soutenir les artistes et refléter des voix plurielles, afin de créer un espace où chacun peut se reconnaître et se découvrir.
« Dans la scène artistique, pour nous, pour moi qui suis artiste et musicienne, c’est vraiment essentiel d’avoir un espace comme celui-ci, qui nous invite à découvrir une scène émergente.
On planifie avec intention notre programmation. « L’artiste émergente d’aujourd’hui, c’est l’artiste plus avancée de demain, et il faut des lieux pour les nourrir à chaque étape », conclut Raine Hamilton.




