Par Michel LAGACÉ.
Il a souvent été dit que les arts occupent une place centrale dans la vie des sociétés partout dans le monde : c’est là où l’imagination se crée et où s’expriment les valeurs, les croyances, les aspirations et la manière d’être au monde d’une société.
Alors, qu’en est-il de ceux et celles qui ont la tâche de gérer et de faire évoluer les arts au Manitoba?
La question vaut la peine d’être posée puisque, au cours des deux dernières années, un nombre important de leaders culturels ont quitté leurs postes.
Parmi eux se trouvent des directeurs et des directrices, et des membres des conseils d’administration, de l’Opéra du Manitoba, du Ballet royal de Winnipeg, du Manitoba Theatre Centre, du Cercle Molière, de l’Orchestre symphonique de Winnipeg, du Plug in Institute of Contemporary Art, du Conseil des arts de Winnipeg, du Prairie Theatre Exchange, du Musée des enfants du Manitoba, du Centre culturel franco-manitobain, de Artspace, de la Galerie de l’École de beaux-arts de l’Université du Manitoba et du Musée royal de l’aviation.
Ces personnes clefs sont souvent peu connues du grand public mais c’est pourtant leur travail qui fait que le Manitoba est souvent reconnu pour sa vie culturelle vibrante.
Et un si grand nombre de départs signale un milieu culturel en transition et en renouvellement qu’on veut espérer positif. Car on sait que diriger une institution culturelle n’a jamais été facile.
De fait, les dirigeants d’aujourd’hui font face à des situations complexes. Ainsi, la pandémie a bouleversé les modèles économiques et les habitudes du grand public. Par exemple, les abonnements à des organismes culturels n’ont pas encore retrouvé le niveau atteint avant la pandémie, alors que les coûts augmentent et que le financement reste incertain.
À cela s’ajoute la question de réconciliation, trop longtemps négligée, qui reste pour bien des organismes un objectif à définir et à atteindre.
Et à l’échelle de tout le pays, le Premier ministre, Mark Carney, a beau parler de « construction nationale », sa stratégie vis-à-vis ce qu’il appelle la souveraineté culturelle n’est pas du tout claire.
Au-delà des dirigeants d’organismes, des conseils d’administration et des gouvernements, se trouve l’élément le plus important et le plus durable : le public d’où proviennent l’auditoire, les donateurs, les nombreux bénévoles et les artistes eux-mêmes qui constituent l’épine dorsale de chaque organisation artistique.
En effet, les dirigeants et les conseils viennent et partent à leur gré, mais il faut que l’ensemble de la société demeure solidaire et engagé pour que l’organisation perdure.
En fin de compte, on ne peut pas faire reposer la santé des arts sur les conseils d’administration et les gouvernements
C’est l’engagement du public qui maintient la continuité et qui constitue la raison d’être de chaque organisation. À nous donc d’assumer nos rôles pour assurer la pérennité de nos organismes culturels. Car l’avenir des arts dépend de nous tous et toutes.




