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Le chef de Parti
À la suite de sa défaite en 2016, dans la circonscription de Fort Rouge, l’ancienne cheffe du Parti libéral, Rana Bokhari a annoncé sa démission et a donc laissé la place vacante. Après quelques chefs par intérim, Paul Hesse, Judy Klassen et Paul Brault, c’est finalement Dougald Lamont, qui avait déjà tenté sa chance une première fois en 2013, qui l’emporte. Son engagement en politique, il l’explique ainsi : « Je n’aimais pas qu’on me dise quoi faire. Sauf que comme chef, tout le monde me dit quoi faire! (rires) Plus sérieusement, je voyais un espace dans le paysage politique manitobain, il n’y avait pas vraiment d’autres voix progressistes en dehors du Nouveau Parti démocratique ».
Pour lui, il était temps d’offrir une véritable option aux Manitobains et aux Manitobaines « J’avais des inquiétudes qu’il y ait de nouveau une crise financière comme celle de 2008. Alors quand je me suis présenté pour devenir chef, je pensais que j’avais de bonnes idées pour adresser toutes sortes d’enjeux. Je pensais pouvoir faire une différence. Et je le pense encore. Je suis très fier que nous soyons là pour donner une voix à certains Manitobains et Manitobaines. »
Évidemment la politique n’est pas un long fleuve tranquille, il y a parfois des doutes et la pandémie a été un de ces moments pour Dougald Lamont. « C’est drôle, il n’y a pas si longtemps que ça, j’ai réfléchi à mes convictions politiques. En fait, pendant la pandémie je me demandais : Pourquoi je fais de la politique? La réponse est simple, pour moi c’est important de préserver les libertés des individus. Je ne veux pas dire que les autres droits ne sont pas importants. Mais pour moi, pour avoir la justice, c’est essentiel de garantir les libertés individuelles des gens.
« Surtout que dans le monde politique, il y a tellement de divisions. Les politiciens ignorent l’individualité, l’humanité des personnes, ils traitent tout le monde de la même manière. Pour combattre cela, il faut embrasser l’idée que tout le monde est un être humain. Ça ne veut pas dire qu’on doit pardonner tout le monde. L’antidote à la division, c’est de voir l’humanité dans chacun. »
Une vision
C’est donc cette humanité des personnes qui guide la volonté de Dougald Lamont à devenir Premier ministre du Manitoba. « Le Manitoba est tellement unique. C’est la seule province avec une véritable histoire de création. Elle a été fondée sur certains principes, ceux de Louis Riel, qui souhaitait voir notamment les droits des minorités et des personnes qui vivent dans cette province respectés. J’embrasse ce même esprit. Nous voulons une province prospère avec des gens qui ont la capacité de travailler, d’avoir leurs droits respectés dans la langue de leur choix et surtout d’avoir un Manitoba uni qui avance dans le même but. »
Tout l’enjeu réside là pour Dougald Lamont : avoir une vision d’ensemble pour le Manitoba. D’après lui, le NPD et le PC n’offrent pas cette option aux citoyens du Manitoba. « En ce moment, on a l’impression qu’on ne dit pas aux Manitobains : votez pour nous mais votez contre eux. J’ai l’impression que les partis veulent être élus. Mais qu’ils n’ont pas d’idées d’où ils vont aller. Le Parti libéral veut changer les choses de manière profonde. Lorsqu’on regarde les idées des autres, on ne voit rien de nouveau ni aucun changement. La fondation des idées est profondément la même. Et pour changer les choses, nous devons gagner le plus grand nombre de sièges possible. »
Pour cette élection, le Parti libéral présente 49 candidat.es pour les 57 circonscriptions, un point que le chef libéral justifie de cette manière. « C’est difficile de trouver des candidats. Mais c’est aussi difficile parce qu’on veut de bons candidats. Nous aurions pu avoir des candidats dans toutes les circonscriptions. Mais nous avons rejeté des gens parce que nous avons des standards. C’est aussi une manière de protéger le parti et ces gens. Il faut dire que les réseaux sociaux ont brutalement changé la politique, il y a beaucoup de personnes qui sont très impolies et se présentent comme des experts en politique. C’est difficile, le débat sur les réseaux sociaux. Cependant, il est très important de participer au processus démocratique. »
Candidat pour Saint-Boniface
Né et élevé à Saint-Boniface, Dougald Lamont souhaite depuis longtemps pouvoir représenter la circonscription et ses intérêts à l’Assemblée législative du Manitoba. « En 2003, je m’étais déjà présenté pour Saint-Boniface. Il y a des gens qui me disent qu’ils ont toujours voté pour moi. J’ai Saint-Boniface à coeur parce que je m’y suis toujours senti accueilli, même si je n’étais pas un francophone de naissance.
« Je suis né à Saint-Boniface. Toute ma vie, j’étais à Norwood, j’ai un profond attachement à Saint-Boniface. J’ai eu une immersion profonde dans la culture francophone, je voulais vraiment être un champion pour Saint-Boniface parce que le français est important pour le Manitoba. Je veux le protéger et le préserver. »
S’il a choisi de se présenter au niveau provincial, c’est parce qu’il est convaincu que ce palier de gouvernement peut réellement faire bouger les choses. « C’est au niveau provincial que tous les changements peuvent se faire. C’est facile de penser que tout est la faute du Fédéral. Mais il y a des juridictions qui sont propres à la Province et si on ne change pas à ce niveau-là, il n’y aura aucune amélioration. C’est dans le système provincial qu’il y a le plus de discrimination. J’aime le Manitoba, je vois tellement d’opportunités, il faut régler les crises pour avancer. »
Un bilan
Et Dougald Lamont, en faisant du porte à porte a déjà pu identifier différents enjeux qui préoccupent les Saint-Bonifaciens. « L’enjeu de la santé revient forcément. Les sans abri aussi, la justice, le coût de la vie et le changement climatique. Les gens sont préoccupés des mêmes choses, je veux leur dire que je les entends et que le Parti libéral peut leur offrir le changement qu’ils veulent.
« Je voudrais évidemment voir plus de services en français, j’aimerais que plus de gens se rendent de l’autre côté de la rivière et que cette richesse francophone s’épanouisse complètement. C’est vraiment unique, ce qu’on peut vivre à Saint-Boniface. Je prends très au sérieux de continuer à lutter pour les droits des francophones et des Autochtones au Manitoba. »
Depuis cinq ans, le député a tout de même pu faire entendre la voix de sa circonscription, bien que son parti n’ait pas de statut officiel à l’Assemblée législative. « Nous avons aussi défendu les employés à l’Hôpital Saint-Boniface dans l’unité de soins intensifs néonatals, parce qu’il y avait des coupures et qu’ils enchaînaient des heures supplémentaires.
« On a travaillé très fort avec les résidents du 101 rue Marion, qui ont eu beaucoup de misère parce que leurs logements étaient insalubres.
« Les Progressistes-Conservateurs ont introduit un projet de loi au sujet des catalyseurs qui était, à l’origine, un projet de loi du Parti libéral. C’était une idée venue de Saint-Boniface parce qu’il y avait eu beaucoup de vols. » En 2021, le gouvernement progressiste-conservateur avait présenté un projet de loi sur la vente de ferraille qui a été adopté en 2022. Dans le cadre de cette loi, les ferrailleurs doivent recueillir des renseignements d’identification des vendeurs afin d’éviter les vols.
De tout son travail jusqu’à présent, Dougald Lamont retient ceci : « Saint-Boniface est unique comme circonscription. Elle est une diversité, il n’y a pas une autre circonscription comme celle-ci. Ce n’est pas une communauté, ce sont des petites communautés qui luttent très fort. C’est ce qui m’inspire. »