Avec des informations de Jonathan SEMAH.

Le conseiller Brian Mayes se dit prudemment optimiste : Qualico semble de bonne foi, mais sans garantie légale, la vigilance reste nécessaire. À Saint-Norbert, la forêt Lemay, elle, a déjà subi des coupes, poussant le gouvernement manitobain à annoncer son expropriation pour en faire un parc provincial. Deux cas qui révèlent des solutions contrastées face à une même urgence : sauver les derniers espaces boisés urbains.

À la vente depuis plus d’une dizaine d’années, le terrain agricole de 62 acres situé aux 36 et 88 de la route de Sumka dans le sud du quartier de Saint-Vital a finalement été vendu.

C’est le promoteur immobilier Qualico qui en a fait l’acquisition à la fin du mois de mars 2025. La parcelle était en vente depuis le mois d’octobre pour la somme de 3,6 millions $.

Un terrain qui suscite un grand intérêt

Depuis sa mise en vente, le terrain suscite un grand intérêt auprès des défenseurs de l’environnement, à l’instar de l’organisme à but non lucratif Save Our Seine (SOS). De fait, la parcelle abrite une forêt riveraine quasiment intacte, qui représente environ un tiers des 62 acres. Elle a donc une importance écologique et environnementale à la fois sur terre, mais aussi pour le milieu aquatique qu’elle borde.

Du côté municipal, le conseiller pour le quartier de Saint-Vital, Brian Mayes, a lui aussi beaucoup œuvré pour la préservation de l’espace forestier.

Depuis 2011, Brian Mayes a tenté de faire en sorte que la Ville achète le terrain, sans succès.
En 2016, la Ville avait l’argent pour acheter la partie boisée, mais un accord n’avait pas pu être trouvé. Car la famille propriétaire souhaitait vendre le terrain dans son intégralité.

« Plus tard en 2022, une autre tentative a été faite par le gouvernement provincial à travers Manitoba Habitat Heritage Corporation, mais une fois encore ça n’avait pas fonctionné. »

Une lutte de longue haleine donc, qui se termine de façon positive selon Brian Mayes. En ne pouvant empêcher un léger rire, il déclare :

« Je ne suis pas mécontent de cet achat. Bien sûr, j’aurais préféré que la Ville puisse en faire l’acquisition, mais le rachat par Qualico me paraît être un bon compromis. Je pense que le groupe a la volonté de sauver la forêt, en tout cas la majeure partie. »

Optimisme

Le conseiller est donc optimiste. Il faut dire qu’au cours des années pendant lesquelles le conseiller a travaillé sur le dossier Sumka, il a eu l’occasion d’échanger avec le développeur.

« Ils ont toujours montré un intérêt pour la sauvegarde de la forêt. Ils sont propriétaires de plusieurs terrains dans le Sud, et ils devront donner quelques parcelles à la Ville, c’est la règle. Cela devrait fonctionner à la fois pour nous (la Ville) et pour eux. » 

Le conseiller rappelle toutefois que le groupe Qualico n’est tenu par aucune loi de préserver les arbres. Interrogé à ce sujet, le vice-président du développement communautaire de Qualico, Bryan Ward, ne répond pas directement.

« Pour le moment, nous n’avons pas de plan de développement sur la propriété. » Il indique que le processus de planification pour la parcelle prendra certainement « plusieurs années », et ce pour plusieurs raisons.

D’abord, il existe tout un processus de planification sectorielle dans le quartier. Un processus qui, selon le conseiller pour Saint-Vital, existe depuis les années 1970 et « devrait être modernisé ».

Ensuite, « Il s’agit notamment de déterminer si les services municipaux, tels que le système d’eaux usées et de déchets peuvent être étendus à cette zone », explique Bryan Ward.

« La planification des infrastructures est un élément important du processus et nous devons en passer par là pour déterminer à quoi ressemblera l’espace dans le futur. »

Rien de certain pour le moment donc, mais Brian Mayes se conforte en soulignant que la situation ici est au moins différente que celle de la forêt Lemay à Saint-Norbert, où les arbres ont été abattus par le propriétaire Tochal Development Group avant l’obtention d’un permis de construire.

L’expropriation en solution

D’ailleurs, le lundi 14 avril, Wab Kinew déclarait : « Je veux que les tronçonneuses cessent et, à cette fin, la Province du Manitoba va exproprier Tochal de la forêt Lemay et la transformer en parc provincial », en marge d’une conférence de presse sur l’énergie hydroélectrique.

Wak Kinew expliquait que plusieurs avenues ont été explorées avant d’arriver à cette décision. « Nous avons examiné les cimetières dans le cadre de la loi sur le patrimoine. Nous avons examiné la loi sur les cimetières, la loi sur la conservation et la loi sur l’environnement et, à chaque étape, nous avons été repoussés ou informés que nous n’aurions pas gain de cause. C’est pourquoi, compte tenu de l’intérêt public, nous avons décidé d’aller de l’avant ».

Le premier ministre espère que cette annonce « suffira à calmer les esprits ». L’administratif et la paperasserie vont se mettre en place dorénavant, a ajouté le premier ministre. « Il y a des intérêts de conservation. Il y a les intérêts des cimetières historiques et, en fin de compte, l’intérêt public », a-t-il souligné.