Poète et haïkiste, l’auteure franco-manitobaine revient sur un style d’écriture qu’elle connaît bien, pour parler de sujets, qu’elle connaît tout autant.

C’était déjà avec un recueil de nouvelles, Les quatre commères de la rue des Ormes, 2016 que Louise Dandeneau faisait son entrée dans l’univers littéraire. En 2020, elle en signe un deuxième : Buffet froid.

Cinq ans, un recueil de poèmes et de haïku (1) plus tard, l’auteure renoue avec l’exercice de la nouvelle.

Elle revient donc avec sept histoires compilées dans un nouveau livre intitulé Bouquets meurtris. Sept histoires liées entre elles par le thème qu’elles abordent, celui des relations humaines « dysfonctionnelles ».

Pour ces histoires, Louise Dandeneau y met de son vécu, mais aussi de ce qu’elle a pu observer des relations qui l’entourent. En particulier les relations un peu chance- lantes, dans lesquelles on se blesse.

« Bouquets meurtris parle de ces relations-là. Dans des couples amoureux, entre frères et sœurs, mais aussi celle d’une assiette et des humains. Les relations dysfonctionnelles m’ont toujours fascinée, probablement parce que j’ai grandi dans un environnement violent où quasi toutes les relations dans la maison étaient dysfonctionnelles. »

Au travers de ces histoires, Louise Dandeneau s’interroge sur les raisons qui poussent à blesser les cœurs de ceux qui nous sont proches. Sur ce qui brise les relations. Dans le procédé de création, elle a, semble-t-il, pu discerner un début de réponse.

« La communication ouverte et honnête est essentielle pour réparer une relation endommagée. Quand on enfouit nos peines et que l’on provoque des blessures sans jamais en parler, elles s’enfoncent dans notre psyché jusqu’à potentiellement nous rendre malades. Si on ne peut pas communiquer avec la personne qui nous a blessés, il faut trouver un autre moyen de se soigner, lâcher prise. »

En cela, le titre du livre est un joli jeu de mots assez évocateur quant à ce qu’il contient. Toutefois, Louise Dandeneau se veut rassurante, si le sujet est assez sérieux, ses histoires contiennent tout de même une pointe d’humour.

L’amour de la brièveté

Entre la photographie et l’écriture, Louise Dandeneau compte plusieurs cordes à son arc. Après un passage par la poésie et notamment le haïku, ce retour vers la nouvelle ne signifie pas pour autant que l’auteure laisse de côté ses autres amours. Depuis le mois de janvier, elle indique avoir écrit pas moins de 300 haïku.

Une discipline que l’auteure apprécie beaucoup, notamment en raison de son aspect bref. Quelque chose qu’elle retrouve justement dans la nouvelle.

« C’est un format bref lorsqu’on le compare au roman, dit-elle. Je m’aperçois que je suis le genre de personne capable d’écrire une nouvelle en une semaine, la mettre de côté et passer à la suivante. Et ce que j’aime beaucoup, ce sont les contraintes. Le temps, l’espace et le nombre de personnages sont limités. »

Effectivement, trop de liberté peut parfois être contraignante. Dans un roman, les personnages ont un passé, un avenir. C’est un travail au long court.

En ce sens, la nouvelle a d’avantageux qu’elle est souvent une tranche de vie. À la façon d’un haïku : la photographie d’un instant.

« J’aime les deux exercices. Mais je pense que cette brièveté et toutes ces contraintes me donnent une espèce de liberté, ce qui est un peu paradoxal. La liberté, pour moi, c’est de pouvoir finir et passer à l’histoire suivante. »

La Liberté retiendra d’ailleurs de sa conversation avec Louise Dandeneau, que des histoires, elle en a des tas à raconter. Tout porte à croire donc que Bouquets meurtris, ne sera pas son dernier livre.

(1) Court poème d’origine japonaise.