Avec des informations de Jonathan SEMAH.
Cette dernière entame donc une période de consultations publiques afin de guider la création d’une stratégie.
Le gouvernement provincial souhaite avancer dans son envie de faire du Manitoba une province véritablement bilingue, comme l’avait demandé le premier ministre Wab Kinew dans la lettre de mandat pour son ministre Glen Simard.
Pour cela, la Province va s’appuyer sur des organismes, mais aussi des consultations en ligne.
« Les consultations publiques lancées aujourd’hui par le gouvernement sont une mesure positive à l’appui de cet objectif et de la vision d’un Manitoba où l’anglais et le français coexistent harmonieusement et rayonnent », a déclaré Derrek Bentley, président de Société de la francophonie manitobaine (SFM).
Sondage
Pour rappel, le 20 mars dernier, lors de la Journée internationale de la francophonie, Glen Simard annonçait qu’il voulait entreprendre « une grande consultation avec la population manitobaine pour guider la création d’une stratégie à long terme sur le bilinguisme ».
Cette consultation démarre donc avec un sondage d’une quinzaine de questions qui portent sur le bilinguisme, la francophonie ou encore les actions que pourrait entreprendre le gouvernement pour atteindre les objectifs de bilinguisme.
« J’invite le public à nous dire comment il croit que nous pouvons concrétiser la vision de Louis Riel pour un Manitoba bilingue. Aidez-nous à déterminer comment faire en sorte que les Manitobains et les Manitobaines francophones puissent utiliser davantage la langue de leur choix dans leur vie personnelle et professionnelle », souligne Glen Simard, ministre des Relations avec les municipalités et le Nord et ministre responsable des Affaires francophones.
Par ailleurs, les personnes qui voudraient présenter des suggestions et des observations écrites plus détaillées peuvent envoyer des documents ou des messages par courriel à [email protected].
Quelles attentes du côté de la francophonie?
Le processus, créé en consultation avec la SFM, en est donc pour l’instant à ses débuts. D’ailleurs, Jean-Michel Beaudry, directeur général de la SFM, n’a pas encore toutes les informations quant au déroulé des opérations.
« On sait qu’il y aura des consultations avec des groupes témoins et des consultations publiques en personne, mais les détails sont encore à venir. Je pense qu’il y aura aussi d’autres initiatives qui seront dévoilées au cours des prochains mois. »
Du côté de l’organisme francophone, on se réjouit de la perspective de ces consultations qui vont permettre d’ouvrir des discussions avec différents secteurs.
« Ça nous permettra de communiquer de la manière la plus complète sur les aspirations quant à l’épanouissement de la francophonie manitobaine et à une province véritablement bilingue. C’est une occasion d’aller chercher un plus grand nombre de voix et d’identifier des enjeux spécifiques. »
Une position que partage l’Association des municipalités bilingues du Manitoba (AMBM).
« C’est une chance unique de façonner une stratégie à notre image et selon les besoins du territoire », indique Justin Johnson, chef de la direction de l’AMBM qui souligne l’importance d’entendre les voix des municipalités. « Le milieu rural a un rôle central à jouer dans ce processus. Il est un moteur de vitalité bilingue au Manitoba. »
Dans un deuxième temps, Jean-Michel Beaudry indique que le travail de consultation du gouvernement devrait se poursuivre lors du développement d’une stratégie au niveau de la Province.
La SFM a toutefois déjà une idée de ce qu’elle souhaiterait voir ressortir de cette initiative. Sa position est sensiblement la même qu’avant les élections fédérales.
« Un règlement qui permet à tous les départements et agences d’utiliser une lentille francophone dans le développement, l’évaluation et la livraison de leur programme. Il n’existe pas encore de mécanisme pour faire le suivi et s’assurer que les ministères poursuivent leur démarche pour améliorer l’offre de services en français. La Province doit aussi prendre en considération les besoins de la francophonie manitobaine dans ses prises de décisions et éviter les répercussions négatives sur la francophonie, pas seulement au niveau de l’offre des services, mais aussi dans les programmes de financement. »
Quels indicateurs pour le bilinguisme?
L’objectif et la mission du ministre Glen Simard sont importants, salués et tout à fait louables. Alors que le processus de consultation devrait se terminer aux alentours de la rentrée scolaire prochaine, l’on peut alors s’interroger sur les indicateurs du bilinguisme dans la vie d’une province.
Que faut-il accomplir concrètement pour pouvoir parler d’une Province « véritablement bilingue »?
Pour Jean-Michel Beaudry, cela passe par beaucoup de choses.
L’accès aux services fédéraux, provinciaux, mais aussi municipaux et communautaires. « Le secteur privé aussi doit être soutenu, la création artistique également et toutes les choses qui font qu’une communauté est vibrante. Les opportunités de formation aussi, on sait qu’il y a un nombre limité de programmes en français au postsecondaire. »
À travers les consultations, ce sont tous ces sujets-là que la SFM espère pouvoir adresser.
Tout ça sans oublier le domaine de la santé. « Soins communs a aujourd’hui un mandat relatif aux services en français et je pense qu’aujourd’hui il y a des lacunes importantes dans ce domaine qui est incontournable. »
De son côté, Jérémie Roberge, directeur général de Santé en Français, indique qu’il suivra de près ce qui ressortira de ces consultations publiques. Il exprime tout de même que son attention se portera sur un sujet en particulier.
« Pour Santé en Français, la pierre angulaire est vraiment de renouveler l’étude sur l’état de santé de notre francophonie. C’est une manière de venir avec des données probantes pour voir où nous en sommes rendus. La dernière étude date de 2012. Ce serait un très bon début. »
Au-delà du domaine de la santé, Jean-Michel Beaudry ajoute « qu’il ne faut pas non plus négliger la culture, l’art et le tourisme ».
« Ce sont souvent des secteurs mis de côté par le gouvernement, mais, comme le disait Gabrielle Roy, les arts et la culture pour une langue et une communauté c’est indissociable. »
Finalement, au nom de l’AMBM, Justin Johnson quant à lui indique que le partenariat entre le gouvernement provincial et les municipalités bilingues est essentiel pour assurer des solutions durables. Pour ce qui est des indicateurs à surveiller, le chef de direction rappelle l’existe du modèle de maturité municipal, le 3M.
« Les municipalités ont renouvelé leur engagement en matière de prestation de services dans les deux langues officielles. Le modèle renforce la continuité des services gouvernementaux bilingues. Il est aussi un outil qui permet de quantifier les investissements et les engagements en matière d’amélioration des services bilingues. »
Pour l’AMBM, c’est donc en partie au niveau des services municipaux que se mesurera le succès du processus en cours.
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