Dans un article de Francopresse, l’on apprenait à la mi-mai qu’un total de 43 plaintes ont été déposées en raison d’un manque de services en français. Le Manitoba est d’ailleurs la deuxième province où l’on recense le plus de plaintes derrière l’Ontario (14) et le Québec (5).

Ce sont des résultats conformes à un microsondage publié par la Société de la francophonie manitobaine (SFM), à la fin du mois de mai.

70 % des personnes interrogées ont demandé un service en français lors des élections fédérales 2025 44 % d’entre eux ont reçu un service en français. 32 % ont reçu un service partiel en français. Et, 25 % n’en ont pas reçu.

Aussi, 50 % des répondants n’ont pas déposé de plainte, 33 % disent qu’ils vont peut- être déposer une plainte, et finalement 17 % d’entre eux l’ont fait.

De la frustration

Interrogé, le Commissariat aux langues officielles (CLO) rappelle qu’une « expérience de vote dans la langue officielle de son choix est essentielle pour bien comprendre le processus démocratique et y participer pleinement. C’est aussi une question de respect. »

D’ailleurs, « en période électorale, l’équipe du Commissariat travaille étroitement au quotidien avec Élections Canada pour régler les manquements à la Loi sur les langues officielles le plus rapidement possible », ajoute le bureau du CLO.

Jean-Michel Beaudry, directeur général de la SFM, revient sur les résultats du sondage. Il rappelle d’abord que seul un petit groupe de personnes (57) y ont répondu. Il est donc à prendre avec précaution.

Le dg donne d’abord un peu de contexte à l’un des résultats du sondage qui parle de service partiel en français.

« L’on parle là de bureaux de scrutin où il semblait avoir quelqu’un capable de donner des services en français. Par exemple, il y avait un superviseur qui pouvait parler français, mais en réalité il n’accompagnait pas la personne pendant tout le processus du vote. Il y a donc des frustrations de ce côté-là, car il y a des francophones, mais n’étaient pas en mesure de donner le service. »

Une autre conclusion importante pour Jean-Michel Beaudry qui fait le bilan de ces élections 2024, c’est la question des plaintes. En effet, des personnes n’ont pas eu de service en français et n’ont pas déposé de plaintes.

L’importance de déposer une plainte

« À la SFM, on veut encourager les gens de le faire », souligne Jean-Michel Beaudry. « Et en même temps, je peux comprendre là aussi la frustration de ne pas recevoir de service et ensuite prendre encore plus de son temps pour déposer une plainte. Et même si c’est un processus court, ça prend de l’énergie de déposer une plainte, alors que le service devrait être garanti. »

Sur ce sujet, le Commissariat explique notamment ne pas avoir « embauché de personnel supplémentaire dans le but de traiter les plaintes reçues pendant la période électorale, mais quelques employés ont fait des heures supplémentaires pendant cette période. »

Dû à un contexte politique inhabituel, la tenue de ses élections fédérales a dû se faire dans un délai très court. Mais au-delà de cette élection de 2025, Jean-Michel Beaudry suggère quelques voies d’amélioration. Le dg espère plus de personnel et de bénévoles « même si ce n’est pas une solution magique ».

Il évoque aussi la question de l’affichage. « L’on connaît très bien la petite affiche qui dit English – Français. Dans le centre dans lequel j’ai voté, elle était absolument sur chaque table. Mais arrivé à la table, personne ne pouvait nous donner un service en français. Donc, il est important d’avoir un affichage réel. S’il n’y a pas de service en français, ne pas prétendre qu’il y en a.

« Autre élément de solution, si un employé ou un bénévole peut donner un service en français, comment le processus peut être amélioré pour que ces personnes puissent appuyer les électeurs et électrices francophones. »