Nommé à l’Ordre du Canada, il partage aujourd’hui cet honneur avec ceux qui l’ont inspiré, et les jeunes qui poursuivent son combat.
La gouverneure générale du Canada, Mary Simon, annonçait à la fin du mois de juin l’ajout de 83 noms au sein de l’Ordre du Canada.
La liste comporte d’ai leurs quatre Manitobains. L’auteure Miriam Toews ; le Dr Albert David Friesen, souvent considéré comme le père fondateur de la biotechnologie au Manitoba; Kathy Mulder, une physiothérapeute qui a consacré sa carrière au traitement et à la recherche des troubles de la coagulation héréditaires et enfin Ronald Bisson.
Aujourd’hui, Ronald Bisson est directeur des opérations à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne. Il réside à Ottawa depuis 1982 où il reçoit toujours sa Liberté.
C’est d’ailleurs la première chose que partage Ronald Bisson, « ma famille est abonnée à votre journal depuis sa création en 1913 et je lis La Liberté chaque semaine, religieusement ».
Difficile de faire mieux pour commencer une entre- vue c’est certain, mais c’est aussi une bonne façon de rappeler que Ronald Bisson est originaire du Manitoba, de La Broquerie plus précisément.
Fils de Stan Bisson et Theodora Fisette, Ronald Bisson a voué sa carrière à la défense des communautés francophones en situation minoritaire. À Ottawa, il est connu, entre autres, pour avoir participé à la création de la Maison de la francophonie. Mais cette bataille pour les droits francophones, il l’a commencée plus tôt, au Manitoba.
« J’ai fait partie de la génération qui s’est battue très fort pour obtenir nos écoles françaises. Quand j’étais p’tit gars à Saint-Joachim, c’était illégal d’étudier en français. Avec tout un groupe composé de Léo Robert, Réal Sabourin et je pourrais en nommer bien d’autres, nous avons travaillé d’arrache-pied pour nos écoles et ça n’a pas toujours était facile. »
Alors âgé de 22 ans, Ronald Bisson a notamment travaillé aux côtés d’Oliver Tremblay pour aider à la création du Bureau de l’éducation française (BEF), qui fête cette année ses 50 ans d’existence.
Il a également été enseignant dans le village de Somerset et dans les premiers programmes d’immersion créés pendant les années 1970.
L’annonce de sa nomination a été une surprise pour l’Ottavien d’adoption qui n’en est pas moins fier.
« Recevoir l’Ordre du Canada pour moi c’est un message. Ça veut dire que l’on a eu raison de se démener comme nous l’avons fait pour les droits francophones au Manitoba et ailleurs ».
Cette reconnaissance, Ronald Bisson semble tout de même vouloir la partager avec les personnes qui l’ont inspiré tout au long de sa carrière.
« Je remercie mes professeurs, j’ai le cœur plein de gratitude pour les personnes qui ont contribué à ce que j’obtienne cette nomination. J’ai appris de la sagesse des gens que j’ai rencontrés, de ces géants de la francophonie », pour n’en citer que quelques-uns, Ronald Bisson mentionne Roland Pinsonneault, ancien président de la coopérative des publications fransaskoises ou encore Guy Lacombe, grande figure de la francophonie albertaine.
« Ces mentors m’ont animé et m’ont enseigné que l’on ne peut rien faire tout seul. Le leadership dans notre communauté doit être rassembleur et je continue aujourd’hui encore à transmettre ces valeurs-là. »
Et s’il est fier du travail accompli, il l’est tout autant de sa province natale.
« On a nos écoles, on est en train d’obtenir nos services en justice, en santé, en petite enfance, nous sommes en train de renverser l’assimilation. Je suis extrêmement fier de voir notre communauté évoluer comme elle le fait. »
Et pour lui, pas de doute que les efforts se poursuivront dans la bonne direction.
« Je travaille encore avec les jeunes de la Fédération de la jeunesse canadienne-française, dit-il. Ils ont une compréhension du vocabulaire politique que l’on n’avait pas avant nos 35-40 ans. Je suis très confiant pour l’avenir sachant que ce sont ces jeunes-là qui seront aux commandes. »