Donald Trump a principalement invoqué la crise de santé publique causée par le fentanyl et les drogues illicites pour justifier une hausse des tarifs de 25 à 35 %.
« Le Canada n’a pas coopéré pour endiguer l’afflux continu de fentanyl et d’autres drogues illicites, et il a exercé des représailles contre les États-Unis en raison des mesures prises par le président pour faire face à cette menace inhabituelle et extraordinaire qui pèse sur les États-Unis », peut-on lire dans une note partagée par la Maison-Blanche.
« Les États-Unis ont dit avoir pris leur dernière mesure commerciale en réponse au trafic transfrontalier de fentanyl, bien que seulement 1 % des importations de fentanyl aux États-Unis proviennent du Canada et que ce dernier déploie des efforts considérables pour réduire encore davantage ces volumes », a notamment répondu Mark Carney à ce sujet, quelques heures après l’annonce américaine.
Pour rappel, pour plus de sécurité à la frontière, le Canada avait également nommé en février Kevin Brosseau en tant que tsar du fentanyl.
« Vaut mieux ne pas conclure d’accord plutôt que de conclure un accord défavorable »
Par ailleurs, les exportations canadiennes couvertes par l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) sont exemptées de ces tarifs. Mais, « d’autres secteurs de notre économie, notamment le bois d’œuvre, l’acier, l’aluminium et les automobiles, sont toutefois fortement touchés par les droits de douane américains et les tarifs », a fait savoir le gouvernement fédéral qui « prendra des mesures pour protéger les emplois canadiens, investir dans la compétitivité de nos industries, favoriser l’achat de produits canadiens et diversifier nos marchés d’exportation. »
Depuis cette annonce américaine, les réactions s’enchaînent au Canada. Les organismes d’affaires s’emparent du sujet.
La FCEI (Fédération canadienne de l’entreprise indépendante) dit notamment qu’ « invoquer le fentanyl comme justification est encore plus ridicule que la décision de mettre en place des tarifs. »
« La FCEI soutient l’idée qu’il vaut mieux ne pas conclure d’accord plutôt que de conclure un accord défavorable, mais l’absence d’un accord signifie que les entreprises ne pourront pas planifier adéquatement l’avenir », a également souligné l’organisme, par l’intermédiaire de Jasmin Guénette, vice-président des Affaires nationales à la FCEI.
Même constat pour Candace Laing, présidente et cheffe de la direction de la Chambre de commerce du Canada. « Le gouvernement Carney a raison de donner la priorité à un accord solide et tourné vers l’avenir plutôt qu’à un accord précipité. »
Et si une partie du commerce transfrontalier demeure protéger grâce à l’ACEUM, « toutes les entreprises canadiennes ne bénéficient pas de cet avantage et le passage à des droits de douane de 35 % sur les produits non conformes à l’ACEUM leur impose une charge supplémentaire », rappelle Candace Laing.
Réactions politiques
Les responsables politiques de l’opposition ont aussi réagi à cette actualité.
Pour le Chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, « l’inquiétude est importante et la nécessité d’un vrai accord est cruciale », souligne-t-il.
Pour le chef intérimaire du Nouveau Parti démocratique (NPD), Don Davies, « M. Carney savait que sa stratégie échouait. » Pour lui, « le Canada doit continuer à faire pression pour obtenir un accord solide. »
Les néo-démocrates s’attendent désormais à des investissements « dans l’industrie manufacturière nationale et les emplois syndiqués » ou encore donner « la priorité au contenu canadien dans les projets publics et offrir des incitations fiscales pour les produits fabriqués au Canada », peut-on lire dans une déclaration officielle.
Enfin Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada, a aussi commenté ces négociations commerciales avec les États-Unis.
« Les conservateurs réclament des politiques qui nous permettront de reprendre le contrôle de notre avenir économique en mettant fin à notre dépendance envers les États-Unis », dit-il.
Pour atteindre cet objectif, les conservateurs demandent « aux libéraux d’abroger leurs lois anti-développement et de réduire les taxes sur le travail, l’énergie, l’investissement et la construction résidentielle afin de rendre notre économie forte, autonome et souveraine. »