Le gouvernement du Manitoba, en partenariat avec le Winnipeg Free Press et la Division scolaire de Winnipeg travaillent sur un projet pilote qui devrait aboutir sur une plateforme destinée aux élèves manitobains de la maternelle à la douzième année.
La plateforme qui devrait être mise en ligne dans sa version bêta à l’automne 2026 devrait comprendre, entre autres, plusieurs pages de leçons sur les tenants et les aboutissants du métier de journaliste d’abord, mais aussi sur le fonctionnement des algorithmes, les données, la propagande et l’utilisation de l’intelligence artificielle.
L’idée ici est d’offrir aux professeurs manitobains les outils adéquats pour sensibiliser les élèves aux dangers de la désinformation et plus largement aux dangers d’internet.
« C’est une occasion de développer, en classe, l’esprit critique des élèves face aux médias », s’enthousiasme Tracy Schmidt, ministre de l’Éducation.
« Les jeunes aujourd’hui consomment de plus en plus de médias, à partir de sources qui sont plus nombreuses que jamais. Ils sont exposés à un flot d’information continu au quotidien. C’est pourquoi je pense que l’éducation aux médias est un élément très important du programme scolaire ici, au Manitoba. »
L’éducation aux médias consiste également à développer des réflexes importants lorsque l’on utilise le web et ses nouveaux outils.
D’aucuns pourraient déplorer une certaine paresse qui accompagne l’accès quasi illimité à l’information. Trop souvent, l’étape de la vérification est oubliée.
À ce titre, Alain Laberge, directeur général de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) se réjouit de l’existence d’un tel projet, non sans une pointe de déception quand même.
« Je sais que c’est un projet pilote, mais si on veut qu’il aille de l’avant, il faut aussi le voir piloté du côté francophone. Je pense que pour ce type d’initiative, les francophones ne devraient pas attendre sur le banc de touche, mais prendre part au travail. »
Depuis plusieurs années maintenant, la DSFM et La Liberté collaborent et mettent en place des ateliers pour sensibiliser à la désinformation dans les écoles de la division francophone.
« On a déjà tout en place, mis à part peut-être un financement. Alors je suis déçu que la DSFM ne soit pas partie prenante du projet. »
D’autant plus que le directeur général souligne qu’il existe un manque de ressources en matière de littératie médiatique dans une langue ou dans l’autre.
« La désinformation n’a pas de langue. Mais elle existe aussi en français. Il faut s’équiper pour mieux discerner la désinformation, les francophones et les anglophones ont besoin d’outils. »
À la question de savoir si cette plateforme deviendrait une ressource obligatoire dans les écoles, Tracy Schmidt n’a pas répondu frontalement à la question.
Elle a toutefois indiqué que le projet pilote permettrait « d’observer comment les enseignants s’approprient la plateforme et d’identifier s’il y a des besoins de formation afin d’assurer qu’elle soit utilisée à son plein potentiel. »
Cependant, la ministre de l’Éducation fait valoir que le gouvernement a bel et bien l’intention de rendre la plateforme disponible en français. Sans pouvoir donner de date exacte, elle est optimiste qu’une version francophone de la plateforme suivra rapidement après la mise en ligne prévue de la version bêta.
Pour Alain Laberge, il faudrait plus qu’une simple traduction pour les franco- phones. « Il faut aussi aller chercher l’aspect culturel de qui nous sommes ».
Il confie d’ailleurs que deux demandes ont déjà été déposées auprès du ministère pour que la DSFM puisse attraper le train en route, « plus tôt que tard ».
Les partenariats entre les corps de presse et les divisions scolaires, en particulier dans le cadre de l’élaboration de ressources pédagogiques qui concernent directement les médias, paraissent assez naturels.
Enfin, certains pourraient s’interroger sur l’indépendance éditoriale d’une initiative en littératie médiatique.
Mais Tracy Schmidt se veut rassurante.
« Notre partenariat dans ce projet se fait dans une optique de financement, en soutien aux médias. »
Un financement d’une hauteur de 100 000 $ selon le cabinet de communication de la ministre.
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté