Une étude menée à l’Université du Manitoba pourrait changer l’approche des traitements pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.

L’étude, pour le moment, est menée ici au Manitoba sur des souris de laboratoire. Toutefois, des essais cliniques ont eu lieu aux États-Unis.

L’intention principale est de réduire les inflammations au niveau des intestins qui surviennent notamment lorsque l’on est atteint de la maladie de Crohn ou encore de coliques ulcéreuses. Une stimulation électrique au niveau du pavillon interne des oreilles, permet de stimuler des neurones qui sont directement connectés à une partie du cerveau, elle-même en relation avec l’intestin.

Si cela peut paraître étonnant voire improbable, c’était sans compter sur l’incroyable interconnectivité du corps humain et de son cerveau.

Jean-Éric Ghia, chercheur et professeur en immunologie et en gastroentérologie à l’Université du Manitoba nous en dit un peu plus.

« Nous savions qu’une relation existait entre le cerveau et les intestins. Lorsque l’on est sujet au stress ou à l’anxiété, avant de monter sur scène par exemple, on est plus enclin à avoir des gargouillis, on va aux toilettes plus souvent, notre système digestif est plus actif. »

Cette relation, elle passe par le 10e nerf crânien, aussi appelé le nerf vague.

« Dans la littérature de la recherche, l’on a observé que le nerf vague des patients qui ont des maladies inflammatoires de l’intestin fonctionne moins bien. Lorsque l’on stimule ce nerf, l’inflammation diminue, si on le coupe, elle empire. »

Selon Jean-Éric Ghia, cette relation entre le nerf vague et les intestins est une chose sur laquelle la recherche s’est beaucoup penchée avant de s’en désintéresser quelque peu.

Pour les maladies inflammatoires mentionnées plus haut, le traitement aujourd’hui est médicamenteux; des médicaments immunodépresseurs et qui comportent un certain nombre d’effets secondaires selon le chercheur.

Au départ, le nerf vague était stimulé pharmacologiquement avec notamment de la galantamine. Un médicament utilisé pour traiter les symptômes de la maladie d’Alzheimer. La galantamine a également un effet sur le nerf vague et son activité.

Une autre méthode de stimulation est celle de la stimulation vagale invasive.

« On place des électrodes autour du nerf vague qui se trouve près de l’œsophage. Et ça fonctionne. »

Mais la technique nécessite une chirurgie.

« On a donc cherché une méthode non-invasive et l’on a découvert que la stimulation transcutanée auriculaire pouvait stimuler le centre névralgique du nerf vague. »

Pendant 10 minutes, des impulsions électriques sont donc envoyées dans les oreilles de souris, « et l’on voit que l’inflammation disparaît presque complètement ».

Même mieux, les recherches ont aussi démontré que la méthode avait des effets bénéfiques, même sur les souris dites « de condition normale », comprenez sans inflammation.

« On remarque qu’il y a des marqueurs de bonne santé, anti-inflammatoires, des marqueurs de survie des cellules. C’était une surprise pour nous, cette stimulation a également un impact sur notre santé digestive en condition normale. »

Dans le cadre d’autres études, il est ressorti que la méthode pouvait aider à l’amélioration de différentes problématiques.

La stimulation transcutanée auriculaire aiderait par exemple à mieux dormir, à réduire l’anxiété ou encore la douleur.

Il est difficile de définir la forme que la méthode prendrait sur un être humain pour le moment, elle pourrait aussi seulement être utilisée en complément d’un traitement médicamenteux.

Pour en savoir davantage, des essais cliniques devront être menés. À ce propos, Jean-Éric Ghia indique que des discussions sont en cours à cette fin.

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