Avec certaines informations de Camille HARPER.

Fidèles et prêtres venus d’ailleurs redessinent aujourd’hui le visage du catholicisme francophone au Manitoba.

Pour le meilleur comme pour le pire, l’Église catholique est étroitement liée avec l’histoire du Manitoba.

À ce jour, le catholicisme est encore la première religion de la province puisqu’environ 21,2 % de la population est de confession catholique selon Statistique Canada.

Au même titre que la religion, l’immigration a elle aussi contribué à façonner le visage du pays d’abord, puis de ses provinces.

Il n’est donc pas surprenant d’observer que l’un se nourrit aujourd’hui de l’autre.

Monseigneur Albert LeGatt, archevêque de Saint-Boniface, est catégorique sur le sujet. La contribution de l’immigration au sein des paroisses en milieu urbain est « très importante ».

Et ce à deux niveaux.

Fréquentation

D’abord, l’immigration a permis un rebond important dans la fréquentation des paroisses. Notamment, selon Monseigneur LeGatt, auprès des paroisses Cathédrale Saint-Boniface, Saint-Eugène et Saints-Martyrs-Canadiens.

À propos de la première, l’homme d’Église dit ceci : « Lors de la messe de 10 h du dimanche matin, 75 % des personnes qui y assistent sont originaires d’Afrique francophone. »

Une véritable transformation pour la vie de cette paroisse et de la catéchèse.

Avant ce renouveau de fréquentation, la moyenne d’âge des paroissiens était vieillissante. C’est au cours des « cinq ou sept » dernières années que les choses ont évolué.

« Il y a beaucoup d’enfants aujourd’hui, se réjouit Albert LeGatt. À la messe il y a une liturgie pour les enfants de 10 ans et moins et l’on en compte environ une trentaine. Il y en a aussi pour les adolescents qui sont une vingtaine et l’on compte aujourd’hui deux chorales. »

Pour ce qui est des impacts au rural, ou dans les zones limitrophes à la ville de Winnipeg, l’archevêque indique que l’influence de l’immigration s’y fait également sentir.

Fonctionnement

Au-delà d’un regain de vitalité au sein de certaines paroisses, l’immigration permet aussi de la maintenir. Car si le fonctionnement d’une paroisse passe bien sûr par ses fidèles, il faut aussi qu’un prêtre y officie et dans un contexte de minorité linguistique, ce n’est pas nécessairement évident.

« Dans les années 1990, alors qu’il y avait de moins en moins de prêtres de souche canadienne, nous nous sommes tournés vers d’autres diocèses. »

Il existe au Manitoba un besoin en prêtres bilingues, et c’est souvent vers l’Afrique francophone que se tourne le diocèse de Saint-Boniface.

L’église « emprunte » alors les prêtres pour une période de six ans, pouvant être rallongée jusqu’à neuf.

Mais une autre option est celle d’inviter des séminaristes qui terminent leurs formations liturgiques et pastorales ici au Manitoba.

Ce fut par exemple le cas de l’abbé Christian Mutombo, originaire de Mbuji-Mayi en République démocratique du Congo.

Arrivé au Canada en 2014, il a été ordonné prêtre pour la paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens en 2021.

À propos de sa paroisse, le prêtre dit qu’elle est anormale. Car le constat qu’il tire est similaire à celui de monseigneur LeGatt.

« Anormale dans le sens que quand la pente est très négative et que les paroisses ne cessent de perdre des fidèles puis de fermer, pour nous ici, la pente est très positive et on accueille de plus en plus de monde! », dit-il.

Des fidèles canadiens, africains ou européens, mais aussi de tous les âges.

De son côté, l’archevêque aussi remercie l’immigration pour cette tendance à contre-courant

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