Historiquement progressiste-conservatrice, il était attendu que la circonscription de Spruce Woods soit à nouveau gagnée par le PC dans l’élection partielle.

Si Colleen Robbins (PC), une ancienne infirmière, a bien été élue, elle a remporté cette course d’une courte tête. Seulement 70 voix d’écart la séparent de Ray Berthelette (NPD). Stephen Reid, du Parti libéral du Manitoba, finit lui troisième avec 444 voix.

Raymond Hébert, professeur émérite en sciences politiques de l’Université de Saint-Boniface, a suivi cette campagne pour cette élection partielle. Il admet avoir été surpris par ce résultat.

« On dit parfois qu’il y a des défaites qui ressemblent à des victoires, et je pense que c’est le cas ici », lance le politique en référence au résultat néo-démocrate.

« Les néo-démocrates ont dépassé les attentes d’analyste comme moi qui n’avait pas anticipé un score aussi important. Alors, peut-être que le bastion rural conservateur est en danger sous l’effet de la popularité de Wab Kinew et du Nouveau Parti démocratique du Manitoba. »

Le NPD peut-il s’implanter au rural?

Mais par expérience, Raymond Hébert le sait, « un évènement ponctuel ne fait pas une tendance ».

« Ils ont le vent dans les voiles, ça pourrait être un signe avant-coureur d’une présence plus forte du NPD dans les régions rurales », ajoute-t-il.

« Il faudra attendre les prochaines élections générales pour voir si c’est un résultat qui se confirme, non seulement dans Spruce Woods, mais aussi dans d’autres régions rurales », souligne le politologue.

Pour rappel, en 2023, la majorité des sièges remportés par le NPD était à Winnipeg et ses environs.

Pour le PC, une victoire en trompe-l’œil?

Malgré tout, une victoire reste une victoire comme l’ont signalé mardi soir Obby Khan, chef du Parti progressiste-conservateur du Manitoba, et Colleen Robbins, la candidate élue.

Alors, le PC peut-il bâtir sur ce gain et espérer bien faire lors des prochaines élections provinciales de 2027? Pour l’instant, Raymond Hébert reste dubitatif.

« Les premiers signes ne sont pas très encourageants », observe Raymond Hébert.

« Obby Khan n’a pas encore réussi à développer un programme cohérent. Il va falloir que la haute direction conservatrice se développe un message cohérent, et elle a de moins en moins de temps pour le faire. C’est toute une question de l’identité du parti, de son image par rapport à la population manitobaine. C’est tout ça qui est enjeu et pour l’instant je ne vois pas de progrès significatifs. »

Les défis de la rentrée politique provinciale

Après cette élection partielle, le Manitoba va revenir petit à petit aux affaires courantes.

La deuxième session de la 43e Législature doit reprendre le mercredi 1er octobre 2025. Et bientôt, cela fera deux ans que le gouvernement néo-démocrate de Wab Kinew est au pouvoir.

Alors, santé, économie, éducation, environnement, quels sont les sujets qui seront à surveiller?

« Ça sera à nouveau la question de la santé qui sera au cœur des débats », s’attend Raymond Hébert.

« C’est un domaine complexe dans lequel il est extrêmement difficile de renverser la vapeur, après des années de sous-investissement notamment pendant le mandat de Brian Pallister. Il y a des aspects positifs, je pense, dans la performance du gouvernement néo-démocrate. Mais, ils vont surement se faire attaquer par les conservateurs comme quoi ils ont livré beaucoup moins promis, jusqu’à maintenant.

« Bien sûr, il y aura aussi la question de l’état des finances du Manitoba, relève Raymond Hébert.

« Si l’on peut dire, le gouvernement a été sauvé par les transferts fédéraux. La Province s’y fie, selon moi, beaucoup trop pour gérer ses opérations. Je pense que tôt ou tard il y aura une limite à ça. »