Éric Plamondon fait son entrée au CCFM avec la volonté de bousculer les codes, transformer les espaces et faire rayonner une culture francophone vivante, aux côtés de la nouvelle directrice générale Patricia Bitu Tshikudi.

À la fois comédien, metteur en scène, directeur sortant d’Artspace et ancien président du Festival du Voyageur, Éric Plamondon arrive au CCFM prêt à mettre à profit une expérience riche, une vision ancrée dans son identité francophone, métisse et queer, tout en confrontant les relations entre l’art, les espaces, et les lieux d’histoire.

Éric Plamondon est loin d’être un inconnu dans le paysage culturel manitobain.

« Si vous avez une vie culturelle riche, vous avez forcément croisé Éric, confie la nouvelle directrice du CCFM, Patricia Bitu Tshikudi. Il est de tous les évènements ou presque, et c’est cette énergie que nous voulons mettre au service du CCFM. »

Après un passage remarqué à la Maison des artistes visuels, Éric Plamondon a dirigé Artspace pendant neuf ans.

Dans ce lieu consacré aux arts visuels et littéraires, il a su transformer des espaces souvent perçus comme institutionnels en lieux vivants, tant accessibles qu’inclusifs.

Fidèle à sa vocation de démocratiser l’Art et les pratiques artistiques, sous sa direction, Artspace s’est affirmé comme un lieu incontournable de la scène culturelle winnipégoise.

Pendant son mandat de président au Festival du Voyageur de 2022 à 2024, Éric Plamondon a eu à cœur de mettre en avant la diversité culturelle qui compose l’histoire du Manitoba, tout en honorant l’héritage autochtone, francophone et métis de la province.

Au service de la culture

« Ma mission au CCFM va être de programmer l’art dans un espace où il faut prêter attention aux relations entre l’art, l’histoire et les lieux d’histoire. »

Francophone de langue maternelle, Éric Plamondon est issu de la première génération d’élèves ayant fréquenté les écoles francophones de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM).

Il rappelle combien le français au Manitoba a été une langue de résistance, et que pour lui, le français n’a jamais été simplement éducatif ou utilitaire.

« Le français c’est identitaire, il y a l’idée de l’émancipation, de la curiosité, quelque chose qui dépasse les lieux et le système d’éducation, et c’est une partie du défi, c’est ce que j’ai appris à Artspace. On n’a pas envie de ressentir du collégial mais plus de la culture vivante, et c’est là que ça m’anime. »

Éric Plamondon assume fièrement une pluralité d’identités qui nourrissent sa vision de la culture comme un espace inclusif, diversifié et vivant.

Toutefois, ce qui qualifie le mieux Éric Plamondon, selon la directrice générale du CCFM, c’est sa capacité à créer des ponts : « c’est quelqu’un qui a une facilité d’ouverture envers les communautés ethnoculturelles francophones du Manitoba », dit-elle.

De l’aménagement des espaces pour qu’ils soient plus inclusifs à la démocratisation des outils de création, en passant par la décolonisation des arts et espaces, Éric Plamondon cherche, comme il l’affirme, à bâtir des « lieux de bravoure, où le courage et la créativité sont encouragés » et porteurs de dialogue.

Un duo complémentaire

L’arrivée d’Éric Plamondon s’inscrit dans une dynamique de nouveauté au CCFM.

Arrivée en juillet dernier, Patricia Bitu Tshikudi se réjouit de pouvoir compter sur un collaborateur de cette envergure, en qui elle peut retrouver « un véritable bras droit », explique-t-elle.

Malgré les belles candidatures reçues, elle ajoute qu’Éric Plamondon « s’est imposé comme le candidat idéal par sa vision, son expérience du terrain et sa connaissance des communautés francophones ».

Pour la directrice générale, ce duo, qui « promet des feux d’artifice », donne l’occasion de renforcer le rôle du CCFM comme carrefour, artistique et communautaire, en rappelant l’importance d’inclure les communautés rurales et les nouveaux arrivants.

« Tout ce que j’ai fait et appris à Artspace, j’ai hâte de le remettre au service du CCFM, ma relation à l’art et ma pratique artistique personnelle est fondamentalement basée sur les relations entre art, espaces, et lieux d’histoire. Je crois que ça va devenir un pilier de ma position en tant que directeur de la programmation. »

Pour Éric Plamondon, l’objectif est clair : faire dialoguer les parcours et les identités de la francophonie manitobaine dans sa pluralité afin que les visiteurs et artistes puissent s’approprier les lieux. Il insiste, son travail est « au service des Manitobains et le CCFM appartient aux Manitobains ».

Ensemble, les deux nouveaux directeurs veulent offrir une impulsion nouvelle, nourrie par la diversité, la créativité et l’inclusion.

« Je n’ai jamais arrêté ma relation avec le CCFM, et après 44 ans à se côtoyer, je suis prêt à passer à la prochaine étape de notre relation », conclut le nouveau directeur de la programmation.