Par Émilie VERMETTE – collaboration spéciale.

« C’est une saison très importante » affirme Marie-Ève Fontaine, codirectrice générale et directrice artistique du TCM.

« Nous avons choisi de surtout mettre en valeur le passé en présentant quelques productions qui mettent en scène de grands noms dans l’histoire des Franco-Manitobains. »

Si elle tient aujourd’hui les rênes artistiques du TCM, la directrice entrante n’oublie pas de rendre hommage à celle qui a imaginé cette saison.

« C’est en fait Geneviève Pelletier, ma prédécesseure, qui a programmé et conçu cette programmation, mais je suis plus qu’heureuse de la défendre et de l’honorer. »

Au programme

Alors, à quoi le public peut-il s’attendre pour cette 100e saison?

Le coup d’envoi sera donné du 22 octobre au 1er novembre avec Pauline Boutal, entre les toiles et les planches de Lise Gaboury-Diallo. La pièce plonge dans la vie de Pauline Le Goff Boutal, peintre, illustratrice et figure centrale du TCM pendant 27 ans.

« Cette femme, tout comme l’auteure de la pièce, sont toutes deux des figures extrêmement importantes à l’histoire du théâtre », souligne Marie-Ève Fontaine.

Si le passé occupe une place de choix, le présent et l’avenir sont tout aussi mis en lumière.

Du 19 au 29 novembre, Bonnes Bonnes de Tamara Nguyen et Sophie Gee réinvente Les Bonnes de Jean Genet à travers les yeux de femmes d’origine chinoise.

« Il s’agit de trois femmes chinoises qui réinterprètent un classique en se concentrant plutôt sur ce que l’identité chinoise représente dans le contexte canadien actuel », précise la directrice artistique.

Du 14 au 25 janvier, le public découvrira une création signée Marie-Ève Fontaine elle-même : Cet été qui chantait.

Inspirée du récit éponyme de Gabrielle Roy, cette œuvre de théâtre visuel mêlera projections d’ombres colorées et musique en direct. « Gabrielle Roy a été l’une des nombreuses femmes extrêmement importantes pour la formation de notre culture actuelle », affirme-t-elle.

Les 6 et 7 février, le TCM présentera Ô Canada, té qui toi? d’Alison Palmer et Lacina Dembélé.

Une production qui met en avant de jeunes artistes issus de diverses minorités visibles et qui aborde des questions d’identité, de différence et d’acceptation.

« La pièce illustre parfaitement notre mission, qui consiste non seulement à établir un lien avec le passé, mais aussi à imaginer l’avenir et ce à quoi nous voulons qu’il ressemble. »

Février sera aussi marqué par une programmation riche : en partenariat avec Noir et Fier, le TCM proposera tout au long du mois des événements et expositions célébrant la diversité de la communauté noire francophone du Manitoba.

Du 18 au 28 mars, Amber O’Reilly présentera Soutensions, une pièce où une fête d’anniversaire dégénère, entre rires, jugements et tensions. « Je suis impatiente de découvrir celui-ci, rien que le concept est déjà tellement théâtral et promet un excellent divertissement. »

Enfin, la saison se clôturera le 13 juin avec 45, de La Taupinière écrite et mise en scène par Isabelle Payant, en collaboration avec de jeunes interprètes. Cette pièce destinée aux enfants de 2 ans et plus suit deux personnages mystérieux dans un univers plein de découvertes.

Un objectif clair : réunir

Outre la programmation, Marie-Ève Fontaine se dit particulièrement enthousiaste à l’idée d’interagir avec le public dans le cadre de ses nouvelles fonctions au TCM.

« Je suis curieuse d’entendre ce que les gens ont à dire sur cette saison, de savoir ce qu’ils désirent, ce qu’ils jugent important, et de partager véritablement l’amour du théâtre avec ce milieu si passionné. »

La directrice arrive donc avec une vision bien définie : rapprocher des publics parfois éloignés.

« Grâce au travail acharné de Geneviève Pelletier, différentes cultures et expériences francophones ont pu être explorées sur scène, ce qui a vraiment ouvert de nombreuses possibilités pour l’avenir. Cependant, cela a également entraîné un certain sentiment d’abandon chez une partie du public plus traditionnel, et ces groupes ont fini par coexister de manière plutôt mutuellement exclusive. Mon espoir pour l’avenir est donc de réunir ces publics et de leur faire sentir qu’ils sont tous aussi importants et acceptés, quelle que soit leur origine ou leur durée de résidence ici. »