Ce 28 octobre aura lieu la deuxième séance du projet en collaboration avec le Comité Francoqueer de l’Ouest, et la Maison des artistes visuels, où aura lieu l’atelier (1).
Cette deuxième séance a pour thématique l’histoire de la psychiatrie américaine depuis les années 1960 et ses liens avec les luttes 2ELGBTQI+. Elle proposera de revisiter les rapports complexes entre psychiatrie et identités. L’atelier sera animé par Maxe Giguère, associé·e de recherche au Collectif LGBTQ* et qui a exploré ses thématiques pendant sa maîtrise.
« Au départ, l’homosexualité était considérée comme une maladie mentale, explique Maxe Giguère. Les personnes concernées ont dû militer pour que cela change. Ces luttes ont transformé la société et continuent d’inspirer d’autres mouvements, comme celui pour la reconnaissance de la neurodiversité. »
Folie, fierté et résistance
Pour iel, l’enjeu n’est pas uniquement historique, il est à la fois actuel, politique et social, car comme Maxe Giguère l’explique : « quand nos existences mêmes sont sujettes à débat, se réapproprier ces histoires, c’est une manière de résister ».
Les classifications psychiatriques ont longtemps déterminé ce qui était considéré comme appartenant à la norme ou comme étant de l’ordre du pathologique. Ces cadres ont été des outils dans la stigmatisation des membres de la communauté, comme le rappelle Maxe Giguère, « ce n’est pas cette différence qui pose problème, mais la manière dont la société la traite ». Une réflexion qui s’articule directement dans les débats actuels.
En 1973, l’homosexualité a été retirée du manuel diagnostique de référence utilisé en Amérique du Nord. En 2013, c’est cette fois le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-5) qui a remplacé la catégorie de trouble de l’identité de genre par celle de dysphorie de genre.
« Le terme a changé pour que ça devienne la dysphorie et plus un trouble, mais c’est encore dans les classifications diagnostiques. Quand on regarde dans les années 1970-1980, dit Maxe Giguère, c’est là que la transidentité est devenue une maladie mentale, parce que les psychiatres voyaient de plus en plus de personnes trans. Assez pour qu’on s’intéresse au phénomène. »
Réfléchir ensemble
Dans le contexte manitobain, où les enjeux de santé mentale et de diversité sexuelle et de genre s’entrecroisent parfois avec les enjeux de la langue et de la ruralité, cette discussion prend un sens plus particulier. Le Collectif LGBTQ* travaille d’ailleurs à développer des formations professionnelles pour améliorer les soins aux personnes à la fois francophones et LGBTQ+.
« La recherche et la politique vont de pair, explique Maxe Giguère. Le gouvernement décide quelles études financer, mais aussi ce qu’il fait des résultats. La santé mentale et la diversité sont toujours des enjeux politiques. »
L’atelier est donc pensé comme un espace de réflexion pour toustes, accessibles et inclusif.
« La participation lors des discussions n’est pas obligatoire. On peut simplement venir écouter, s’informer, apprendre. C’est une belle occasion de découvrir le Collectif et la Maison des artistes. »
Gratuite, à la fois en ligne et à la Maison des artistes visuels, l’atelier souhaite créer un espace de discussion ouvert à toutes les personnes qui veulent en apprendre davantage sur l’histoire des luttes, interroger les normes ou soutenir les activités du Collectif LGBTQ*.
« L’histoire nous permet de voir que pour les personnes LGBTQ, c’est juste notre existence, qui est sujette à débat. Regarder l’histoire, ça nous donne des arguments, ça permet de répondre à certains arguments qu’on entend dans le discours public. »
(1) L’atelier Folie, fierté et résistance : identités 2ELGBTQI+ et critique de la psychiatrie, aura lieu ce 28 octobre à 18 h 30 à la Maison des artistes visuels francophones (et en ligne), et le troisième atelier, Mon edge est tout sauf straight : explorer la sobriété queer, se tiendra le 26 novembre. Inscription gratuite sur le site du Collectif LGBTQ* du Manitoba.


