C’était le premier budget présenté par le gouvernement de Mark Carney, et il était très attendu.
Des organismes, notamment, ont présenté leurs analyses après sa sortie.
En francophonie, l’on peut mentionner les commentaires de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada. L’organisme parle d’un « budget sans clarté pour les francophones », « le budget est quasiment muet sur la question de la francophonie », est-il également avancé.
En effet, peu d’annonces ont été faites dans ce sens-là. L’on peut noter par exemple un montant de 4 millions $ sur quatre ans, à compter de 2026-2027, qui sera accordé à Patrimoine canadien pour soutenir les célébrations de la Journée de la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes.
Le budget propose aussi de fournir 150 millions $ en 2025-2026 à CBC/Radio-Canada.
Immigration et bilinguisme
Pour la francophonie encore, mais cette fois-ci en immigration, les cibles pour les francophones hors Québec ont été avancées : 9 % en 2026 (soit 30 267 personnes), 9,5 en 2027 (31 825) et 10,5 % en 2028 (35 175).
Pendant la campagne électorale, le camp de Mark Carney avait proposé une cible de 12 % en matière d’immigration francophone.
Ces cibles présentées sont donc une déception pour la FCFA.
« La FCFA déplore d’ailleurs les faibles niveaux d’immigration annoncés dans le budget. Même si le gouvernement prévoit une croissance en pourcentages des cibles en immigration francophone, la faiblesse des niveaux réduit considérablement cette hausse. »
Canadian Parents for French (CPF) voit aussi dans ce budget « une occasion manquée pour renforcer les langues officielles du Canada ».
« Le Budget ne comble pas les importantes lacunes en matière de soutien à la dualité linguistique et à l’enseignement du français langue seconde (FLS) partout au pays, perpétuant le sous-financement structurel des organismes qui favorisent la pleine reconnaissance et l’usage du français et de l’anglais dans la société canadienne », ajoute l’organisme.
Ce manque d’investissement dans le bilinguisme inquiète Canadian Parents for French.
« Toustes les Canadien·nes devraient avoir une chance équitable d’apprendre le français et de profiter des avantages socioculturels, professionnels et économiques qu’offre le bilinguisme anglais-français.
« Le Budget 2025 ne répond pas pleinement à cette responsabilité et laisse trop de Canadien·nes sans accès aux programmes et soutiens nécessaires », a notamment déclaré Derrek Bentley, direction générale de CPF.
Petites et moyennes entreprises
Les réactions sont perplexes également du côté des petites et moyennes entreprises du Canada.
Jasmin Guénette, vice-président des Affaires nationales à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), s’attendait à plus.
« Aujourd’hui, le gouvernement a manqué une occasion de fournir un allègement fiscal significatif aux PME du Canada. Il aurait pu s’attaquer au cœur du problème en réduisant le taux d’imposition des PME, libérant ainsi des millions de dollars que les entreprises auraient pu investir dans leurs employés, les technologies et leurs opérations », a-t-il souligné.
Le représentant de la FCEI met tout de même de l’avant quelques gains pour les entreprises. L’on peut noter l’augmentation de l’exonération cumulative des gains en capital à 1,25 million $ de dollars a été confirmée. Une mesure importante pour faciliter la relève des petites entreprises, dit la FCEI.
Quand aux infrastructures, c’était un sujet essentiel pour la Fédération canadienne des municipalités (FCM) et l’Association des municipalités bilingues du Manitoba (AMBM), notamment.
L’une des annonces du budget est le nouveau Fonds pour bâtir des collectivités fortes.
Ce fonds prévoit un investissement de 51 milliards $ sur 10 ans, suivi de 3 milliards $ par an par la suite, pour revitaliser les infrastructures locales, comme les hôpitaux, les universités, les collèges, les routes, les ponts et les réseaux d’aqueduc et de transports en commun.
Churchill
La FCM a salué un « budget 2025 reconnaît les infrastructures municipales comme essentielles à l’économie canadienne ».
« Mais sans plan viable à long terme et à grande échelle pour soutenir les infrastructures municipales nécessaires, les ambitions du gouvernement fédéral ne seront pas suffisantes pour répondre à l’ampleur et à l’urgence du défi », prévient l’organisme.
« La capacité du pays à atteindre ses objectifs, comme la construction de 500 000 nouveaux logements par année, est à risque », ajoute aussi la FCM.
La FCM a aussi accueilli favorablement d’autres annonces comme les 5 milliards $ sur sept ans pour un fonds pour la diversification des corridors commerciaux, auquel les municipalités seront admissibles ou encore 1 milliard $ sur quatre ans pour un fonds d’infrastructures pour l’Arctique.
Sur le sujet des infrastructures, le projet appelé Port de Churchill plus a aussi été mentionné dans ce budget. Cela permettra de moderniser le port de Churchill et d’élargir les corridors commerciaux grâce à une route toutes saisons, à une ligne ferroviaire modernisée, à un nouveau corridor énergétique et à une capacité de brise-glace maritime.
Voir Churchill dans ce budget est un signal positif pour Wab Kinew, premier ministre du Manitoba. « Churchill a refait surface dans le budget fédéral aujourd’hui — la dynamique ne cesse de s’amplifier », a indiqué le leader manitobain.


