Selon Molly McCrackenn, directrice générale du Centre canadien de politiques alternatives du Manitoba, le budget fédéral placerait le gouvernement du Manitoba dans une position délicate.
Dans son analyse présentée ce mercredi, elle dit que « le budget présenté par le gouvernement fédéral le 4 novembre trace une voie qui aggravera les inégalités de revenus au Manitoba et mettra à mal les finances du gouvernement provincial. »
Molly McCrackenn détaille les principaux domaines où des impacts négatifs sont anticipés.
En santé, l’un des thèmes majeurs du gouvernement néo-démocrate depuis son élection en 2023, le Manitoba dépend particulièrement des paiements de transfert fédéraux pour couvrir le coût des services essentiels comme les soins de santé.
Si le budget fédéral maintient ses financements jusqu’en 2026-2027, des réductions de 300 millions $ par an sont en revanche prévues pour 2028-2029 et 2029-2030. Et, le financement futur sera lié à la croissance du PIB national, avec un seuil minimum de 3 %.
Pour Molly McCrackenn, cela pose question car car les coûts des soins de santé ne sont pas liés au PIB, mais plutôt à des indicateurs tels que l’inflation ou le vieillissement de la population.
« Cette nouvelle méthode limite le financement disponible pour les provinces comme le Manitoba, dont la population vieillit, et exercera une pression sur la province pour qu’elle augmente son financement afin de répondre aux besoins de la population et d’inverser la privatisation mise en place par le précédent gouvernement provincial conservateur », peut-on lire dans son analyse.
Molly McCrackenn rappelle aussi que le budget prévoit de réduire de 49 % le nombre de permis d’étudiants internationaux (passant de 305 900 à 155 000). Cela exercera des pressions sur les budgets universitaires qui comptaient sur les frais de scolarité de ces étudiants. Cela pourrait entraîner des coupures de programmes ou des augmentations des frais de scolarité, imagine-t-elle.
Par ailleurs, le budget fédéral avait notamment avancé que le nombre d’employés de la fonction publique fédérale devrait diminuer d’environ 40 000 (soit 10 %). Ce qui représente environ 1 770 postes sur les 13 200 travailleurs fédéraux au Manitoba. C’est un « impact disproportionné dans une petite province comme le Manitoba », souligne Molly McCrackenn.
Également, Molly McCrackenn met de l’avant les fonds alloués aux Premières Nations, aux Autochtones et aux Métis. Le budget prévoit un financement au titre de la « réconciliation avec les Autochtones » pour 2026 uniquement, « sans aucune allocation pour les quatre années suivantes », fait-elle remarquer.
Des craintes existent quant à des coupures dans des domaines clés tels que l’éducation des Premières Nations dans les réserves et le principe de Jordan, qui veille à ce que les enfants des Premières Nations ne soient pas confrontés à des lacunes ou à des retards dans l’accès aux services gouvernementaux, et ne se voient pas refuser ces services en raison de leur identité en tant qu’enfants des Premières Nations.
En conclusion, Molly McCrackenn pense que la Province va devoir repasser à travers à certaines de ses ambitions.
« Les répercussions du budget fédéral sur le Manitoba incitent davantage la province à revoir son obsession pour l’équilibre budgétaire en pleine crise du coût de la vie et du climat. »


