Cette série, diffusée à Évasion, revisite l’un des épisodes criminels les plus marquants des dernières années : la cavale de deux jeunes meurtriers en 2019, qui avait atteint son dénouement dans le nord du Manitoba, près de la ville de Gillam.
Ce fait d’actualité sert de colonne vertébrale narrative à la série. Mais loin d’être une simple reconstitution, elle propose un mélange inédit de formation, de suspense et d’immersion en pleine nature.
Avec 20 années d’expérience dans le milieu de l’audiovisuel, c’est le réalisateur montréalais, Simon Sachel, qui est à la tête de cette aventure. Il collabore avec la société de production manitobaine Manito Média Inc. depuis trois ans.
Pour le co-producteur de la série Charles Clément, Simon Sachel « est un vrai maître dans l’art de mettre en place les intrigues, il fait de la bonne télé », confie-t-il.
Entre true crime et formation en milieu extrême
Plutôt que de suivre les codes classiques de la téléréalité compétitive, l’équipe a adopté une approche hybride.
Charles Clément précise : « Ce n’est pas du cinéma vérité ». Le concept repose sur une rencontre entre « le true crime et la téléréalité », où les participants apprennent les techniques de traque humaine tout en étant placés dans des conditions réelles de survie.
Les quatre premiers épisodes prennent la forme d’un camp d’entraînement intensif.
« Le spectateur apprend comment suivre une piste, à reconnaitre les empreintes. Des techniques utilisées par les corps armés et la police », explique le co-producteur. Cette dimension éducative constitue un aspect central du projet.
« Il ne s’agit pas de parcours à la Survivor, on est dans une formation pour voir comment on se débrouille en forêt », ajoute-t-il.
Pour garantir l’authenticité, la production s’est entourée d’un expert.
« On a travaillé avec un instructeur en recherche et sauvetage intensif, Mathieu Hébert, habilité à faire la recherche et la traque humaine », dit Charles Clément.
Les participants, souvent des vétérans de l’armée, des travailleurs de l’extérieur ou des personnes possédant une expertise médicale, doivent composer non seulement avec les apprentissages techniques, mais aussi avec les conditions physiques exigeantes du tournage.
L’avantage manitobain
« On vit l’expérience en continue », rappelle Charles Clément.
Tourné près du parc provincial d’Hecla, sur les rives du lac Winnipeg dans un milieu naturel exigeant, le co-producteur souligne à quel point la série est aussi difficile à produire qu’à vivre.
« Ce n’est pas évident car tu n’es pas en studio avec ton café chaud, tu es dehors, éloigné du confort », dit-il.
Il note l’importance et la qualité des équipes locales. « Les techniciens et équipes de production sont fantastiques. Réaliser une série de ce type, cela ne se fait pas sans une collaboration incroyable », rajoute-t-il.
Au-delà du cadre dramatique fourni par l’histoire originale, le choix du Manitoba est aussi motivé par des raisons structurelles. Les crédits d’impôt provinciaux jouent un rôle majeur dans l’implantation de productions audiovisuelles.
Charles Clément est catégorique : « le Manitoba est le plus généreux et flexible au monde ». Le co-producteur précise aussi que le format de docuréalité n’est pas éligible au Québec au crédit d’impôt, « ce qui donne un gros avantage au Manitoba », souligne-t-il.
Des ambitions malgré une diffusion perturbée
Tournée sur huit semaines à l’automne 2024, le premier épisode de la série a été diffusé en octobre. Mais son lancement initial a connu une péripétie notable.
« Les deux premiers vendredis d’octobre ont coïncidé avec la série mondiale des Blue Jays, et cela a pénalisé », explique Charles Clément.
Malgré tout, les retours critiques sont encourageants, même si le co-producteur nuance en rapportant que les côtes d’écoute de Québecor ne sont pas encore remontées. Le dernier épisode est diffusé cette semaine. La série sera ensuite rediffusée en 2026.
La production espère désormais que la série fera son chemin auprès du public canadien et au-delà.
« On espère que ce format va voyager dans le monde » dit Charles Clément, rêvant déjà d’adaptations dans d’autres environnements : désert, forêt tropicale, milieu urbain ou même aquatique.
Une éventuelle suite dépend toutefois de Québecor : « On attend le feu vert des partenaires, c’est en suspens pour l’instant », confie-t-il.



