Le Premier ministre canadien Mark Carney a signé jeudi un accord avec la province de l’Alberta, grande productrice de pétrole, pour la construction d’un nouvel oléoduc, au détriment, dénoncent certains, des ambitions climatiques du pays.
Ce nouveau pipeline, qui traversera l’Alberta jusqu’aux côtes de la Colombie-Britannique, vers un nouveau port en eau profonde, vise à accroître les exportations de pétrole vers l’Asie, selon le protocole d’entente.
S’ouvrir davantage aux marchés mondiaux, hors Etats-Unis, fait partie de la stratégie de Mark Carney pour diversifier les échanges et compenser les effets de la guerre commerciale menée par le président américain Donald Trump.
Parlant d'”un grand jour pour le Canada”, Mark Carney a estimé que cet accord allait permettre au pays d’être “plus indépendant, plus résilient et plus fort”.
“Avoir un pipeline vers l’Asie est une priorité”, a-t-il ajouté aux côtés de la Première ministre conservatrice de l’Alberta, Danielle Smith.
L’une des pistes de Mark Carney, élu en avril dernier, pour relancer l’économie canadienne est notamment de faire du pays une “superpuissance énergétique”.
Cet accord marque cependant un tournant pour le Parti libéral, dont il est issu, et rompt avec les politiques qui ont caractérisé la décennie au pouvoir de son prédécesseur Justin Trudeau.
Un revirement qui réjouit Danielle Smith : “les dix dernières années ont été une période extrêmement difficile”, a lancé la Première ministre de la province, qui possède de grandes réserves de pétrole grâce à ses sables bitumineux.
Selon elle, cette entente permettra de supprimer “des lois qui pèsent sur le climat d’investissement”.
Mais en soutenant ce projet, Mark Carney s’expose à des critiques l’accusant de trahir les engagements climatiques du Canada, y compris au sein de son propre parti.
D’autant plus que le but affiché est “d’accroître la production de pétrole et gaz” du pays. D’ailleurs, le Canada a également annoncé renoncer au plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier, qui n’était pas encore entré en vigueur.
Pour faire face à ces reproches, il a rappelé qu’en parallèle, le Canada allait lancer “le plus grand projet de captage de carbone au monde”.
Cette technologie reste controversée: ses détracteurs y voient une excuse pour continuer à brûler des combustibles fossiles. Le Giec, le groupe d’experts de l’ONU sur le climat, considère toutefois le captage de carbone comme une option pour réduire les émissions.
Le protocole signé jeudi prévoit qu’une proposition formelle pour l’oléoduc soit prête d’ici juillet 2026. Viendra ensuite le temps des consultations, notamment des communautés autochtones de la région qui se sont déjà dites opposées au projet.
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