Par Michel LAGACÉ.

Les consultations lancées à l’été par le ministre responsable des Affaires francophones, Glen Simard, pour préciser comment faire du Manitoba une province véritablement bilingue, ont pris fin le mois dernier.

Il faudra attendre au mois de mars pour connaître les résultats de ces consultations dont la préparation du rapport a été confiée au Secrétariat aux affaires francophones.

Ce qui pourrait être problématique.

Car ce même Secrétariat vient enfin de publier son rapport annuel sur les activités que le gouvernement a réalisées pour appuyer des services en français durant l’exercice financier 2023-2024.

Il lui a fallu plus d’un an et demi pour produire ce rapport de 35 pages.

À lire le rapport, on comprend la raison des retards.

En effet, il explique longuement la difficulté que le gouvernement a éprouvée pour donner suite aux plans élaborés par les entités publiques dont les ministères, les sociétés d’État et l’Assemblée législative.

Pour expliquer pourquoi les initiatives prévues n’ont pas été achevées, il invoque le roulement du personnel et des postes vacants, de même que des restructurations administratives.

Il cite notamment la connaissance limitée qu’ont les fonctionnaires de l’obligation et de l’objectif de fournir des services en français. Il évoque aussi le manque de personnel bilingue, ce qui limite l’offre de services de première ligne en français.

Pour toutes ces raisons tout à fait compréhensibles, les entités publiques n’arrivent pas à réaliser les plans qu’elles ont élaborés, entre autres ceux d’examiner pour elles-mêmes leur capacité bilingue, de consulter la population francophone, de s’assurer que la formation sur l’offre active est offerte à tout le personnel, d’améliorer l’affichage bilingue et d’indiquer que le bilinguisme est un atout dans leurs offres d’emploi.

Le rapport reconnaît que les personnes d’expression française hésitent à s’exprimer en français même quand l’offre active est proposée.

Comment les blâmer devant le problème aussi pratique que psychologique de s’adresser en français?

Il faut que le gouvernement provincial reconnaisse que le public hésitera longtemps à s’exprimer en français lorsque, plus souvent qu’autrement, la réponse revient en anglais ou lorsque l’usage du français entraîne des délais.

Le Secrétariat aux affaires francophones explique que le retard dans la publication de son rapport est dû principalement au manque de personnel.

C’est pourtant ce même Secrétariat qui est appelé à préparer et à publier en mars 2026 un rapport sur les consultations qui viennent de se terminer.

Or il s’agit d’une première étape critique dans l’élaboration d’une feuille de route pour faire du Manitoba une province véritablement bilingue.

Étant donné l’importance historique de son initiative, le gouvernement manitobain serait bien avisé de s’assurer que le Secrétariat dispose des ressources humaines et matérielles dont il a besoin pour entreprendre ce travail supplémentaire.

Car la réelle volonté politique du Premier ministre est un engagement de sa part de normaliser l’usage du français dans cette province.

Et des bénévoles francophones engagés ne pourraient-ils pas contribuer eux aussi à relever le défi que Wab Kinew vient de lancer?