Mme Janina Fialkowska se produira à Winnipeg les 29 et 30 octobre pour interpréter le Concerto pour piano No. 2 en fa mineur de Frédéric Chopin avec l’Orchestre symphonique de Winnipeg. Elle poursuit  une tournée triomphale en Europe et en Amérique du nord pour la célébration du 200e anniversaire de naissance de Chopin, qui a commencé par une interprétation du Concerto en fa mineur à Munich. Partout elle a émerveillé le public et a été acclamée par la critique comme une interprète exceptionnelle de Chopin, plusieurs la considérant comme la plus accomplie de tous.

Janina Fialkowska est née à Montréal le 7 mai 1951 d’un père polonais et d’une mère canadienne qui lui a donné ses premières leçons de piano dès l’âge de cinq ans. Plus tard, elle a étudié  à l’École Vincent-d’Indy de Montréal sous la direction d’Yvonne Hubert. Elle a remporté le premier prix au concours télévisé de la SRC « Jeunesse oblige » (section musique classique) en 1966, ainsi qu’au Festival de musique du Québec et au Concours de musique du Canada en 1967.  Après un an d’études avec Yvonne Lefèbure à Paris en1968, elle est lauréate du Concours national des jeunes interprètes de la SRC en 1969. Boursière du Conseil des Arts du Canada, elle s’établit à New York en 1969 afin de poursuivre ses études à la Juilliard School avec Sascha Gorodnitzki, avec qui elle travaille jusqu’en 1976. Finaliste du Concours international de Montréal de 1971, elle remporte aussi le troisième prix ex aequo lors du premier Concours international de piano Arthur-Rubinstein tenu en Israël en septembre 1974. Rubinstein déclare alors au Figaro : « L’un des jurés a pleuré d’émotion en écoutant la Sonate de Liszt, idéalement jouée par une Canadienne de 23 ans : Janina Fialkowska. » Dès lors, elle bénéficia des conseils et de l’appui du célèbre pianiste dans le développement de sa carrière internationale.

Depuis 1975, Janina Fialkowska poursuit une carrière remarquable. Au lendemain de son exécution du Concerto no 1 de Liszt avec l’OSM sous la direction de Hiroyuki Iwaki, Gilles Potvin écrivit dans Le Devoir (Montréal, 6 décembre 1976) : « Elle possède une technique magistrale et un vrai sens pianistique… une fougue et une précision qui font penser aux plus grands pianistes. » En mai 1977, elle joue devant 7000 auditeurs lors de la clôture du Festival Cervantino à Guanajuato, au Mexique. En 1986, pour commémorer le centenaire du décès de Liszt, elle exécute entre autres les 12 Études d’exécution transcendante à Chicago, Los Angeles, New York et Paris ainsi que pour la BBC à Londres et la SRC à Montréal dans le cadre des « Grands concerts ». En 1990, elle crée avec l’Orchestre Symphonique de Chicago un Concerto en mi bémol de Liszt découvert par le musicologue Jay Rosenblatt. À Londres, elle a entreprend l’enregistrement de l’œuvre intégrale de Chopin pour la BBC.

Bien que madame Fialkowska ait élu résidence au Connecticut, elle n’a pas cessé de se produire au Canada. Sa première visite à Winnipeg remonte à 1978 et elle est souvent revenue pour donner des récitals et comme soliste invitée avec l’Orchestre symphonique et l’Orchestre de chambre.  En 1993, elle forme le groupe Piano Six et se produit sous ces auspices en milieu rural au Canada.

Elle a fait de nombreux enregistrements en solo et comme soliste d’oeuvres orchestrales et a accompagné Daniel Lichti et la soprano Joanne Kolomyjec pour des enregistrements d’un répertoire de lieder et de chansons. Son enregistrement des 12 Études transcendantales de Liszt a été le Choix des critiques de l’American Record Guide.

Si elle affectionne le répertoire traditionnel et particulièrement Chopin, elle s’intéresse aussi à la musique contemporaire et a créé des oeuvres de Libby Larsen, Sir Andrzej Panufnik, Peter Paul Koprowski et Marjan Mozetich.

En janvier 2002, au moment où elle se préparait à une grande tournée dans huit pays européens, Mme Fialkowska subit une dure épreuve: on diagnostique une tumeur dans son bras gauche.  Elle doit interrompre sa carrière et subir une chirurgie délicate pour éradiquer le cancer. Ne pouvant plus se servir de son bras gauche, elle refuse d’abandonner le piano. Elle se met à jouer les concertos pour main gauche de Ravel et de Prokofiev, transcrits pour la main droite. Elle est de nouveau opérée en janvier 2003 pour une rare transplantation musculaire visant à rétablir la mobilité de son bras gauche. La chirurgienne lui avouera plus tard qu’elle ne pensait pas, malgré la réussite de l’opération, qu’elle pourrait de nouveau jouer de la main gauche. Mais faisant preuve d’une grande détermination, Mme Fialkowska a réussi à réhabiliter sa main gauche et à réapprendre son répertoire.  Elle relance sa carrière en janvier 2004 en donnant un récital à deux mains de grande qualité et rempli d’émotion en Allemagne.

Mme Fialkowska considère aujourd’hui que grâce à cette épreuve, elle est devenue une meilleure pianiste. Le réapprentissage de son répertoire (son bras gauche n’ayant plus la “mémoire” des gestes, elle a du réapprendre les parties de la main gauche) lui a permis de le redécouvrir et d’en avoir une nouvelle compréhension. Comme elle doit maintenant accorder plus d’attention au jeu de sa main gauche, cela favorise un meilleur équilibre entre les deux mains et un son plus riche.

Mme Fialkowska interprétera Concerto en fa mineur pour la 14e fois cette année. C’est une oeuvre qu’elle affectionne beaucoup. Elle lui rappelle le souvenir de son mentor Arthur Rubinstein. Son interprétation du Concerto était la plus belle qu’elle ait entendue à l’époque. Elle ne cherche pas à imiter le “maître” mais se dit encore inspirée et motivée par lui. Elle est touchée par la fraîcheur de cette oeuvre de jeunesse dans laquelle elle découvre toujours du nouveau. Chopin est influencé par le bel canto italien et y trouve sans doute le mode d’expression idéal de ses émotions. L’interprétation du concerto exige certes une grande virtuosité technique mais ce qui est plus important pour Mme Fialkowska, c’est de mettre en valeur la beauté lyrique de l’oeuvre, de faire chanter le piano.

28 et 29 octobre 2010 à 20:00 hrs, Salle de concert du Centenaire