Avant de parler du concert, quelques mots s’imposent sur le développement du Quartier des spectacles de Montréal. En arrivant près de la Place des Arts nous sommes frappés par la transformation des lieux depuis la mise en oeuvre du projet du Quartier des spectacles autour de la Place des Arts. Ce projet vise à élever Montréal au rang des plus grands centres culturels du continent. Plusieurs domaines des arts y seront présentés: musique de tout genre, opéra, danse, théâtre, art contemporain, spectacles de variété, cinéma, littérature. De grandes places extérieures ont été aménagées pour accueillir les nombreux festivals culturels de Montréal.
Des vieilles salles sont rénovées, des nouvelles sont construites. La plus importante est sans doute la maison de l’OSM, espérée depuis des années, dont la construction s’achève enfin et dans laquelle l’orchestre entreprendra sa prochaine saison en septembre 2011. Si le produit final est conforme aux esquisses, ce sera sans doute l’une des plus belles salles au monde. Conçue selon le modèle traditionnel des grandes salles européennes des siècles passés (dit “boîte à chaussures”) mais réalisée en intégrant les techniques modernes, elle pourra accueillir environ 2000 auditeurs. Le complexe de la Place des Arts, qui aura 50 ans en 2013, a aussi fait l’objet de grandes rénovations. Un magnifique foyer d’accueil central, le Grand foyer de la culture, est presqu’achevé. Il est un passage obligé et très agréable pour accéder aux différentes salles, dont la Maison de l’OSM. Il sera aussi le lieu de multiples activités culturelles gratuites
C’est dans la Salle Wilfrid-Pelletier, dont l’OSM est le principal locataire depuis son ouverture en 1963, remplie à capacité, que le concert a été présenté. Ce fut une très belle soirée musicale.
En première partie, le magnifique concerto pour violon de Beethoven fut un enchantement. Ce concerto est un merveilleux dialogue entre le violon et l’orchestre, tantôt passionné, tantôt d’une grande douceur, empreint de romantisme. D’entrée de jeu, le son produit par l’orchestre impressionne par sa richesse, sa justesse et sa clarté. Dirigeant sans baguette, Nadano expose le thème avec beaucoup d’expressivité et de nuance. Tout au long du concerto, il maintient un équilibre sonore presque parfait entre l’orchestre et le violon, surtout dans les passages les plus doux. Dès sa première intervention, lorsqu’elle reprend le thème initial, Midori saisit l’auditoire dans un élan rempli de tendresse et d’émotion. Le violon Guamerius del Gesú “ex-Huberman” de 1734, qui lui est prêté à vie par la Fondation Hayashibara, a un son sublime. D’une grande virtuosité, son jeu est précis et vibrant. Ses attaques se font souvent avec un mouvement dansant du corps qui fait monter le son avec ferveur. Elle captive et émeut. Énergique dans les passages passionnés, elle caresse à peine les cordes pour produire un filet de son très subtil mais parfaitement audible dans les passages les plus tendres.
En deuxième partie, Nagano a repris sa baguette pour diriger la 9e Symphonie de Schubert. C’est une oeuvre d’une durée d’environ 50 minutes, écrite à la manière de Beethoven mais avec une touche lyrique propre à Schubert. D’une très grande complexité et très difficile à interpréter, cette oeuvre a été très mal acceptée lors de sa création et il a fallu attendre plusieurs décennies avant qu’elle soit reconnue et intégrée au répertoire symphonique.
Nagano en a donné une interprétation qui a captivé l’attention du début à la fin. La musique était belle et émouvante. L’orchestre, on l’a dit, a un son superbe dans toutes les sections. Il est aussi excellent à tous les niveaux techniques: dextérité, précision tonale et rythmique, souplesse. Il a une grande amplitude dans les nuances, ce qui permet d’exprimer les couleurs, les sentiments et les émotions avec beaucoup de sensibilité. La 9e de Schubert a donné l’occasion à l’orchestre de faire valoir ses grandes qualités. Mais plus important encore, il nous a emportés dans la grandeur et la beauté de la musique, une musique qui nous a fait vivre un grand moment de bonheur.
Comme cela se produit souvent quand l’orchestre joue à guichet fermé, certains auditeurs ne sont pas des habitués et ne peuvent retenir leurs applaudissements à la fin des mouvements. Nagano, qui fait, dit-on, de grands efforts pour augmenter l’auditoire de l’orchestre, ne semble pas offusqué. Il y voit sans doute une preuve que ce nouveau public aime ce qu’il entend.
Présentation du projet d’aménagement du Quartier des spectacles