Des citoyens de 11 circonscriptions fédérales ont reçu des appels impolis ou aux petites heures du matin de bénévoles qui disent venir du Parti libéral. Une situation qui selon plusieurs Libéraux serait une campagne visant à nuire à leur réputation.

Daniel BAHUAUD

«Plusieurs candidats libéraux ont reçu des plaintes que des bénévoles de nos bureaux de campagne auraient contacté le public aux petites heures du matin, ou encore qu’ils auraient été brusques et insultants au téléphone, indique le candidat libéral de Saint-Boniface, Raymond Simard. Ces personnes ne sont pas des nôtres, mais elles disent qu’elles représentent notre campagne électorale. Le but semble être d’écœurer le public au point où il s’abstiendrait de voter.

« À Saint-Boniface, poursuit-il, nous avons reçu des plaintes que nos bénévoles manquent de politesse. Pourtant, nos bénévoles sont bien formés. De plus, la semaine dernière, lorsque j’ai visité le bloc appartement au 400 rue Des Meurons, des résidants offusqués m’ont indiqué que le Parti libéral les avait déjà contactés. Ils se disaient harcelés. On ne les avait pourtant pas contactés. »

Ces incidents ne sont pas des cas isolés. Des appels du genre ont été reçus dans 11 circons­criptions électorales en Ontario, au Québec, sur l’Île-du-Prince-Édouard et au Manitoba.

« Il y a certainement quelque chose qui cloche, ajoute Raymond Simard. Il semblerait qu’un parti politique veuille nuire à notre campagne, en nous faisant passer pour des incompétents. Je n’accuse personne, car nous n’avons aucune preuve. Mais je doute que le Parti vert soit responsable. En tous les cas, la tactique, si tactique il y a, ressemble de beaucoup à celle employée par le Parti républicain américain lors de la dernière campagne électorale prési­dentielle américaine. C’est du jamais vu sur la scène politique canadienne. »

En menant une enquête préliminaire des appels, le Parti libéral a conclu qu’ils provenaient d’un centre d’appel au Dakota du Nord, aux États-Unis, puisqu’ils étaient précédés du code régional 701. Un code qui, en l’occurrence, pourrait être falsifié.

« Le Parti conservateur n’a absolument rien à voir avec ces appels, indique un porte-parole national, Alykhan Velshi. Le seul parti qui a accès à la liste des membres du Parti libéral est le Parti libéral. »

Entre-temps, Élections Canada enquêtera sur les mystérieux appels. « On ne peut pas commenter sur les cas précis, mais il y a un processus transparent en place s’il y a un délit de la Loi électorale canadienne, indique un porte-parole pour Élections Canada, John Enright. Le bureau du commissaire aux élections fédérales a pour mandat d’enquêter toute plainte reçue. Si en bout de ligne il y a infraction à la loi, il peut se référer au service pénal du Canada qui poursuivra le dossier. »

Dans le cas des appels mystérieux reçus par le public, puisqu’ils semblent être d’origine outre-pays, la Loi électorale canadienne est toutefois précise. La section 331 indique qu’il est interdit à quiconque qui n’est ni citoyen canadien, ni résidant permanent d’inciter de quelque manière des électeurs pendant la période électorale à voter ou à s’abstenir de voter.

Selon Raymond Simard, les appels ont cessé le 18 avril. « On imagine que c’est fini, déclare-t-il. Mais l’expérience laisse un goût amer à la bouche. »