Louis Allain contemple la construction d’une des nouvelles digues à Saint-Laurent.
Louis Allain contemple la construction d’une des nouvelles digues à Saint-Laurent.

La construction de digues visant à protéger la communauté de Saint-Laurent laissera des centaines de propriétés pour compte.

Daniel BAHUAUD

La Municipalité rurale de Saint-Laurent a procédé, le 23 juin, à la construction de trois digues permanentes visant à protéger les villages d’Oak Point et de Saint-Laurent, ainsi qu’un grand nombre de résidences et de chalets dans la région de la plage Sandpiper à Saint-Laurent.

Le projet, initié et mené par la Municipalité avec l’appui technique de la Province, prévoit la construction de trois grandes digues en glaise qui atteindront une hauteur de 823 pieds au-dessus du niveau de la mer. « L’objectif est de protéger le plus grand nombre de résidences et d’édifices communautaires possible », explique le préfet de la Municipalité, Earl Zotter.

Ainsi, la digue à Saint-Laurent protégera les écoles Aurèle-Lemoine et St. Laurent, ainsi que l’aréna, la salle communautaire et les bureaux municipaux. La zone englobant les résidences du programme de logements sociaux sera également protégée.

« À Sandpiper, la digue reliera les chemins Allard et Dumont, en passant par la baie Sandpiper ouest, explique Earl Zotter. La plupart des maisons derrière la berme longeant le lac Manitoba seront à l’abri. »

« Il faut aussi protéger l’autoroute numéro 6, qui relie Winnipeg aux les communautés du Nord du Manitoba », ajoute le ministre d’Infrastructure et Transports Manitoba, Steve Ashton. La route est potentiellement menacée à plusieurs endroits. »

Les travaux pourraient se chiffrer à quelque sept millions $. « La somme est négligeable lorsqu’on considère les pertes financières encourues depuis le début des inondations printanières », rappelle Earl Zotter.

Pour leur part, les résidants de Saint-Laurent, quoique généralement en faveur des digues, se disent abandonnés par la Municipalité. « Les propriétés qui longent le lac ont été jetées au rencart, déclare l’un des entrepreneurs responsables du développement du quartier Sandpiper, Jean Allard. Les propriétaires sont furieux. »

Même son de cloche chez un résidant de Sandpiper, Luc-Paul Fontaine. « Les résidants qui vivent près du lac fournissent près de 70 % du revenu foncier de la Municipalité, rappelle-t-il. Mais on nous traite comme si nous étions au fond du baril. Nous n’avons pas d’appui. Il semblerait qu’une zone inondée est une zone morte. »

« La Municipalité aurait pu ériger une digue le long des berges il y a déjà plus d’un mois, déclare un résidant de la plage Twin Lakes, Louis Allain. Ma propriété est déjà ruinée. On est fatigués d’un conseil municipal qui réagit aux événements au lieu de les anticiper.

« Les conséquences à long terme risquent d’être importantes, ajoute-t-il. Le préfet a décidé de construire une digue permanente à un kilomètre de la berge. La communauté sera de fait divisée. Quel impact est-ce que ça aura sur le développement résidentiel et communautaire? La digue affectera-t-elle des projets prévus, comme la création d’un écovillage? Il nous faut plus de détails. »

Le public peut consulter des cartes indiquant le trajet précis des digues aux bureaux municipaux.