Caroline Mousseau auprès d’une de ses toiles inspirées par son voyage au Rwanda.
Caroline Mousseau auprès d’une de ses toiles inspirées par son voyage au Rwanda.

Caroline Mousseau est une artiste visuelle originaire de Saint-Vital qui perçoit l’art comme une façon de s’engager dans la vie et d’assurer une fonction essentielle : la communication.

Simon DELACROIX

Caroline Mousseau n’a que 21 ans, mais compte déjà plusieurs belles réalisations à son actif et ne manque pas de projets. La jeune artiste travaille avec pour principal medium la peinture et s’intéresse aux questions des origines et des identités multiples. Elle prépare d’ailleurs en ce moment un grand tableau pour le pavillon canadien-français du Folklorama, qui « reflètera de manière abstraite les traditions et textiles canadiens-français tout en tenant compte des tendances abstraites et graphiques qui attirent les jeunes aujourd’hui », décrit-elle. (1) Engagée dans sa peinture, elle l’est aussi dans la vie, puisqu’elle est cofondatrice et conceptrice visuelle de Jazz pour l’humanité, qui a permis pendant 5 ans de collecter des fonds au profit des veuves et orphelins victimes du génocide rwandais de 1994.

« C’est important d’être informé, et de s’impliquer à fond dans un projet. Si on croit en quelque chose, s’engager pour cette cause peut nous apporter la paix », affirme-t-elle.

Caroline Mousseau, au contact de ses deux grands-mères artistes, a grandi dans un environnement artistique et a toujours aimé dessiner. «  Ma mère avait toujours du papier et des stylos dans son sac pour moi, et je dessinais partout, même à l’église! », raconte-elle.

Pourtant, la jeune artiste ne pensait pas au départ en faire son métier. C’est plus tard à l’université que le déclic s’est produit. Alors qu’elle s’était inscrite en Sciences à l’Université du Manitoba, elle se tourne finalement vers les cours de dessins. « J’ai très vite réalisé que c’était ce que je devais faire pour être heureuse », révèle-t-elle.

L’artiste en herbe s’inscrit alors à l’Emily Carr University of Arts + Design de Vancouver.

Au delà des études, c’est un voyage au Rwanda qui va lui inspirer sa première série de tableaux. Lors de son séjour à Kigali, capitale du Rwanda, avec le projet humanitaire Ubuntu du Collège Louis-Riel en 2008, elle y découvre un pays qui la marque profondément. « J’y ai trouvé une telle énergie, j’ai ressenti une telle connexion avec les personnes de la communauté! C’est comme si rien ne clochait : à la sortie de l’avion, j’avais trouvé une deuxième maison », se souvient-elle.

Cette expérience forte provoque un déclic, et donne à la jeune artiste des thèmes de composition et de réflexion.

« C’est le thème de l’hybridité qui m’intéresse, souligne-t-elle. Aujourd’hui, le monde bouge, l’immigration produit des origines emmêlées. Ce qui m’inspire, c’est de voir à quel point nos origines sont difficiles à suivre, presque imaginaires. »

Imaginaires, ses tableaux le sont, puisqu’elle mêle dans ses toiles des souvenirs du Rwanda avec ceux de sa propre enfance. L’artiste réunit ainsi les deux lieux qui la font se sentir chez elle. Ses tableaux mettent en scène des moments qu’elle a passés au Rwanda à 18 ans, mais dans lesquels elle se représente pourtant comme bébé ou enfant.

En créant des histoires fictives, « j’essaie de comprendre mon origine », explique-t-elle, dans un monde actuel où les migrations apportent plus de diversité à notre identité et notre culture.

« J’ai commencé à m’intéresser à ce thème au Collège Louis-Riel, où l’on peut côtoyer des jeunes originaires du Congo par exemple, et où le français est aussi la preuve que notre culture et notre identité peuvent être multiples », déclare Caroline Mousseau.

L’artiste continue son travail sur ce thème des origines, dans le cadre de son projet de fin d’études qui lui permettra d’obtenir son baccalauréat en beaux-arts en décembre prochain. Cette fois, elle souhaite s’inspirer de l’arbre généalogique que son grand-père a réalisé et réfléchit à différentes manières de l’exploiter, pensant par exemple réaliser des portraits de ses ancêtres.

Caroline Mousseau multiplie les projets en travaillant par ailleurs avec des artistes locaux, comme le groupe de musique Bog River pour lequel elle a réalisé la pochette de leur album. Après ses études et en complément de sa peinture, elle souhaiterait aussi s’initier à une autre forme d’art : le tatouage.

(1)  Le tableau sera exposé du 7 au 23 août au Pavillon canadien-français du Folklorama, au Centre culturel franco-manitobain, salle Jean-Paul Aubry, 340, boulevard Provencher.