Le 15 février dernier, le gouvernement conservateur a tenu parole et a utilisé sa majorité afin d’adopter le projet de loi C-19, qui comprend l’abolition du registre des armes d’épaule.
Le gouvernement conservateur est passé de la parole aux actes, le 15 février dernier, en adoptant le projet de loi C-19, qui inclut l’abolition du registre des armes d’épaule et de toutes ses données.
Lors d’une conférence de presse, précédant le vote sur le controversé projet de loi C-19, le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a mentionné que le registre des armes d’épaule était « inutile, inefficace et coûteux ». S’il est vrai que le registre a coûté plus de 2 milliards $, l’Association canadienne des policiers (ACP) a défendu son utilité et son efficacité.
Dans un communiqué de presse publié le 22 septembre 2010, par l’ACP, on peut y lire les propos de l’ancien président de l’ACP, Charles Momy : « le simple fait est que l’enregistrement fournit de précieux renseignements sur le propriétaire d’une arme à feu aux policiers chargés de l’application d’une ordonnance d’interdiction et soutient les enquêtes policières. »
Selon le criminologue et chargé de cours à l’Université de Saint-Boniface, Jean-Claude Bernheim, l’abolition du registre des armes d’épaule ne représente pas une menace pour la sécurité des policiers. « Les policiers ont des codes et des procédures à respecter. Si le gouvernement se préoccupait vraiment de la sécurité de la population, c’est de la prévention et des cours d’utilisation d’armes à feu qu’il créerait, comme avec les automobiles. »
« Le gouvernement abolit le registre des armes d’épaule, alors que les policiers mentionnent que ce registre a prouvé son utilité, mentionne le politologue, Raymond Hébert. Stephen Harper se tourne vers les idées, plutôt que vers la science, afin de plaire à un certain électorat. »
« C’est de la politique partisane, à des fins électoralistes », ajoute Jean-Claude Bernheim. D’autres questionnent la pertinence de détruire le registre, alors que les données sont amassées. « Je suis un chasseur et je n’ai aucun problème à inscrire mes armes sur le registre des armes d’épaule, note Paul Desrosiers. Au début, j’étais contre la création du registre parce que ça coûtait cher, mais maintenant qu’on a les données, pourquoi on ne s’en sert pas. De toutes les façons, ceux qui n’ont rien à cacher inscrivent leurs armes sur le registre. »
Le gouvernement abolit le registre des armes d’épaule, alors que les policiers mentionnent que ce registre a prouvé son utilité, mentionne le politologue, Raymond Hébert.
Recours possible
Au moment d’écrire ces lignes, le projet de loi C-19 n’avait toujours pas été étudié par le Sénat, mais les sénateurs étant majoritairement d’allégeance conservatrice, il serait surprenant que le projet de loi n’y soit pas adopté. La Province de Québec s’oppose à l’abolition du registre des armes d’épaule. Le premier ministre, Jean Charest, songe à prendre des recours judiciaires afin d’empêcher la destruction des données, pour les rapatrier et créer un registre québécois des armes d’épaule. « La démarche du Québec est intéressante, commente Raymond Hébert. Les Québécois prétendent avoir payé une partie du registre, ce qui est vrai, alors pourquoi ne pas leur laisser les données? »