Après dix ans de spectacles en dehors de Saint-Norbert, la troupe de théâtre Shakespeare in the Ruins retrouvera cet été son décor naturel de prédilection : les ruines de l’ancien monastère trappiste.

La Liberté | Loirsirs
La metteure en scène, Michelle Boulet, et Mathieu Moreau dans les ruines du monastère trappiste à Saint-Norbert.

La saison 2012 de Shakespeare in the Ruins (SIR), du 31 mai au 23 juin, aura un bon goût de passé. En effet, la troupe de théâtre créée en 1994 sera de retour dans les ruines de l’ancien monastère des moines Trappistes, à Saint-Norbert, qu’ils avaient dû quitter en 2002.

« On était partis en 2002 car un autre organisme de Saint-Norbert avec qui on travaillait, le Saint-Norbert Arts Center (SNAC), voulait y présenter sa propre production, raconte le directeur général de SIR et ancien comédien de la troupe, Mathieu Moreau. On avait prévu de leur laisser la place pendant trois ans, puis d’en reparler.

« Mais au bout de ces trois ans, les ruines étaient devenues trop abîmées pour être sécuritaires donc plus personne ne pouvait y faire de représentations, poursuit-il. Le lieu a finalement été déclaré parc provincial et les ruines ont été renforcées pour être rouvertes au public, en 2012. »

La Province du Manitoba a pour cela renforcé les murs mais aussi installé un système de drainage, afin que la pluie ne forme plus de flaques dans les ruines. De plus, elle a ajouté un système électrique pour que SIR puisse brancher ses équipements de sons et lumières.

« On est ravis de tout ce que la Province a fait, non seulement pour nous mais aussi pour notre public et pour tous les Manitobains qui pourront maintenant revisiter les ruines, se réjouit Mathieu Moreau. C’est vraiment beau! »

Décor de prédilection

Si SIR a toujours continué de monter ses productions estivales chaque année entre 2002 et 2012, malgré la nécessité de chercher presque chaque année de nouveaux sites pour l’accommoder, aucun décor n’a jamais pu égaler les ruines de Saint-Norbert.

« On a joué dans un édifice de stationnement au centre-ville, dans le parc Gaboury ou encore à plusieurs endroits dans le parc Assiniboine, rapporte Mathieu Moreau. L’équipe du parc Assiniboine était fantastique car elle a toujours fait son possible pour nous aider à trouver le lieu parfait pour nos pièces, mais on ne l’a jamais vraiment trouvé. Les ruines sont l’endroit idéal pour nous. En y retournant, c’est comme rentrer chez nous! »

Il explique en effet « quand SIR a commencé en 1994, ses fondateurs ont trouvé les ruines du monastère trappiste de Saint-Norbert magiques. Tout y était. Les ruines, la rivière, et pas besoin de construire de décor! Elles sont ce qui est le plus proche des ruines de châteaux d’Europe, donc elles représentent le mieux l’esprit de SIR. »

Ayant lui-même joué Roméo dans Roméo et Juliette en 1994, il confie pour sa part se souvenir « encore viscéralement d’à quel point l’expérience de jouer là-bas était incroyable ».

Il souligne par ailleurs que « ce décor naturel offre des possibilités infinies pour une pièce de théâtre. Les ruines offrent différents étages, différents recoins, la seule limite est celle de l’imagination du metteur en scène! »

Pour le retour

Pour son retour dans les ruines, SIR a choisi de présenter pour la première fois la pièce de William Shakespeare, Henri V, qui a toutefois été transposée par la metteure en scène, Michelle Boulet, au temps de la Première Guerre mondiale.

Dans cette œuvre, l’Angleterre est dans le chaos et le peuple est démoralisé. Le nouveau roi anglais, Henri V, décide alors de commencer une guerre contre la France sous prétexte de reprendre des terres, pour redonner espoir à son peuple. Sous-estimée par l’armée française, la petite armée d’Henri V remporte de nom­breuses batailles et ramène ainsi le patriotisme dans le cœur des Anglais.

« C’est une œuvre parfaite pour un retour dans les ruines, se réjouit Mathieu Moreau. Avec toutes leurs cachettes, les ruines sont un décor parfait pour une histoire de guerres.

« De plus, ça plaira à tous car il y a aussi beaucoup d’humour dans cette pièce, ainsi que de la romance », conclut-il.

 

Camille Séguy | Journaliste à La Liberté