Chers camarades,

Je ne puis qu’admirer et envier ces jeunes gens qui se mobilisent pour avoir ce que nous voulons tous : une société plus juste, plus ouverte, plus transparente. Je ne puis qu’admirer ces jeunes gens qui osent dénoncer, qui veulent rompre avec un passé odieux, et qui refusent de se résigner devant ces dirigeants fossilisés. J’admire aussi le courage dont ils font preuve en manifestant leur déception, leur colère et leur indignation.

Ces jeunes gens rêvent de voir ce petit groupe éhonté s’incliner et succomber enfin, de voir leur petit pouvoir feutré et confortable s’écrouler, eux pour qui la corruption, la collusion, le patronage et le mépris semblent être monnaie courante. Et ce mépris, il est sans bornes; il a même atteint des sommets inégalés. Ils ont perdu leur autorité morale avec leurs demi-vérités et leurs mensonges. Eux qui pratiquent l’obscurantisme, qui se rencontrent dans leur bunker en béton, en conciles secrets, eux qui, comme des Grands Prêtres, professent connaître et détenir la Vérité venue directement des Oracles. Eux qui sacrifient la jeunesse sur l’autel sacré du peuple au nom de cette Vérité nébuleuse et obscure. Eux qui se pavanent dédaigneusement et se galvaudent avec leurs airs arrogants, avec leur suffisance, leurs injures, leur grossièreté, leur effronterie, leur orgueil et leur mépris à outrance. Eux qui, aveuglés par leur petit pouvoir paroissial, ne répondent plus aux besoins et aux désirs de ceux qu’ils prétendent représenter et desservir, et qui n’ont que leurs propres intérêts à cœur. Eux qui perpétuent et font même l’éloge de la médiocrité. Les ineptes et les abrutis dans cette confrérie du médiocre, du parvenu et de la mièvrerie, du cercle infâme, vil et ignominieux des intimes et de la congrégation des Grands Prêtres dans le secret des Dieux, démontrent avec brio leur ignorance, leur bêtise et leur mépris. Ces mégalomanes paranoïaques et hystériques, qui punissent injustement ceux qui osent les contredire ou les critiquer, et qui cherchent des boucs émissaires à sacrifier pour excuser leurs propres bévues, offenses et pêchés, ne font que détériorer une situation déjà malsaine, putride, corrompue et pourrie.

À ceux qui ne servent qu’à leurs propres intérêts, rendons-leur la monnaie de leur pièce avec notre mépris, notre dédain et notre honte. Ils ne méritent pas mieux. Il est vrai que nous devrions avoir du respect pour nos aînés, à condition bien sûr qu’ils méritent ce respect. C’est à nous de juger maintenant s’ils méritent encore notre confiance et notre respect, si effrités soient-ils. Car, il est des temps dans l’Histoire où la jeunesse révoltée sait, et la vieillesse corrompue ne peut plus.

Contrairement à ma génération qui a donné son consentement tacite au statu quo et qui est restée muette et bâillonnée, trop timide et timorée devant l’immuabilité du pouvoir qui se baignait jusqu’alors dans sa propre turpitude, qui a baissé les yeux et qui a baissé les bras et qui a baisé le cul de la caste des roitelets, des autocrates et des oligarques, contrairement à ma génération qui n’a pas eu le courage de ses convictions, qui avait peur des réprimandes et des représailles, qui a consenti, qui s’est souscrite, qui a acquiescé, et qui a permis à ces abus de se perpétrer et de se perpétuer, contrairement à ma génération, dis-je, ces jeunes gens ont le courage de donner voix à leur exaspération, à leur frustration et à leur rage. Nous devrions les appuyer, ces plus jeunes que nous, ces plus courageux et intrépides que nous, ces plus vaillants et plus téméraires que nous, qui veulent nous insuffler un vent de renouveau et qui nous inspirent, j’espère, nous implorent même, à ne pas devenir les fossiles de demain. J’espère que notre génération sera la dernière dans la lignée des agneaux sacrifiés, des moutons écervelés, attardés, passifs et passéistes, et que nous choisirons dorénavant d’élever nos enfants pour qu’ils deviennent lions.

Chers camarades, rappelons-nous que le contraire de la vérité n’est pas le mensonge; c’est le silence. Comme le disait si bien mon ami Olivier Kemeid, «Pourquoi nous sommes-nous tus si longtemps devant leur logorrhée immonde?» Et rappelons-nous enfin, chers camarades, «Qui ne dit mot, consent.»

Aux casseroles, camarades!

Marc Prescott | Winnipeg (Manitoba) | Le 1er juin 2012